La détresse des propriétaires d'une maison sous le coup d'un arrêt de démolition : "on veut récupérer nos affaires"

Depuis un sinistre le 9 juin 2022, la maison d'une famille de Langres en Haute-Marne a été déclarée insalubre. La municipalité veut lancer la démolition sans plus attendre. Le couple de propriétaires se bat pour récupérer ses affaires et obtenir réparation.

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Quand la police municipale s'est présentée ce vendredi 29 septembre 2023 à leur nouvelle adresse pour leur remettre en main propre l'arrêté d'extrême urgence de déconstruction, Virginie et Pierre ont eu l'impression que le ciel leur tombait sur la tête. Non seulement parce que la procédure doit commencer ce lundi 2 octobre 2023, soit deux jours seulement après réception du courrier. Mais surtout parce qu'ils n'ont toujours pas pu récupérer toutes leurs affaires.

Retour sur les faits

Virginie et sa famille ne vivent plus dans leur maison du 9 rue Cardinal-Morlot à Langres, qui doit être détruite, depuis un peu plus d'un an. Le 9 juin 2022, l'habitation mitoyenne à la leur, située au numéro 7 s'effondre lors de travaux de consolidation, cinq ans après un incendie qui a ravagé la maison située au numéro 5 de la même rue. Lorsqu'il s'est écroulé, le bâtiment numéro 7 a emporté dans sa chute un pan du mur de la maison de Virginie. La municipalité de Langres a immédiatement bouclé tout le périmètre, devenu trop dangereux.

Virginie, son compagnon et leurs deux enfants se retrouvent à la rue, sans rien. Ils sont autorisés à retourner chez eux très brièvement, accompagnés par les pompiers, quelques jours après, pour récupérer le strict nécessaire. "On a pris ce qu'on a pu, dans l'urgence, quelques photos, les papiers importants mais on ne pensait pas que ça serait la seule et unique fois qu'on remettrait les pieds chez nous."

Heureusement, la solidarité s'organise autour d'eux : ils sont accueillis chez une collègue de son compagnon pendant près de deux mois, d'autres voisins ont offert un lit et une armoire. Pendant ce temps, le couple multiplie les démarches pour se reloger. Ils accèdent à un logement appartenant au bailleur social local Hamaris : 400 euros de loyer à leur charge, tout en continuant à rembourser leur prêt immobilier, pour une maison inhabitable.

La famille vit très mal la situation. "Mes enfants pleurent tous les soirs, ils sont en colère. On essaie de leur expliquer qu'on ne peut pas retourner dans la maison qui risque de s'effondrer à son tour, mais c'est difficile de comprendre, pour des enfants de 9 et 5 ans." Virginie explique ne pas se battre pour récupérer sa maison : "elle est trop dangereuse. Je ne veux pas risquer ma vie, ni celle des autres."

Mais elle ne comprend pas que la municipalité se précipite ainsi. Aucun accord n'ayant été trouvé entre les assurances des trois propriétaires, le Grand Langres a lancé une procédure judiciaire. La décision qui doit établir les responsabilités de chacun dans ce dossier compliqué doit être rendue le 7 novembre prochain. "Pourquoi ne pas attendre la décision ? Pourquoi ne pas nous laisser prendre nos affaires avant de détruire notre maison ? Pourquoi ne pas nous avoir prévenus plus tôt ?" s'interroge la mère.

"Mes enfants pleurent tous les soirs, ils sont en colère."

Virginie Léandro, compagne du propriétaire

De son côté, la municipalité se veut rassurante. "La maire de Langres Anne Cardinal a pris cet arrêté d'extrême urgence pour des raisons de sécurité publique" affirme son directeur de cabinet Pierrick White. "Depuis plusieurs mois, des gens nous ont signalé avoir vu des pierres se décrocher des bâtisses", poursuit-il. La municipalité a mandaté un cabinet d'études qui a conclu à la dangerosité de cet ensemble du centre-ville. Même constat du SDIS 52 : dans son rapport, le service départemental d'incendie et de secours a conclu lui aussi à la vétusté des bâtiments.

La maire de la ville comprend l'émotion du couple et se dit prête à échanger avec ce dernier. "Elle a demandé aux services de sécurité de vérifier la possibilité pour le couple propriétaire du 9 rue Cardinal-Morlot de pouvoir se rendre chez eux et récupérer l'ensemble de leurs affaires. On attend de voir si c'est possible ou pas." explique son directeur de cabinet. Quant à l'indemnisation demandée par le couple : "C'est du domaine du droit privé. Ce sont aux assurances de s'entendre entre elles. Cela n'a aucun rapport avec la mairie", conclut le directeur de cabinet de la ville de Langres.

La municipalité de Langres prendra à sa charge les frais de déconstruction du 5-7-9 rue Cardinal-Morlot qui s'élèvent à trois cent mille euros. Des experts étaient présents sur place ce matin, pour évaluer le travail qui s'annonce long.

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