Le Salon international de l'agriculture se poursuit à Paris. Les exposants venus de Champagne-Ardenne ont pour certains vu gros pour combler les gourmands qui se pressent dans les allées. Un stand représente un investissement conséquent pour eux, mais est un important moyen pour communiquer.
À l'heure du déjeuner, le stand Aux Saveurs d'Ardennes, installé dans la zone dévolue au Grand Est du Salon de l'agriculture à Paris ne désemplit pas. Les sept salariés enchaînent les ventes de spécialités locales, au premier rang desquelles on retrouve la cacasse à cul nu.
Ce plat à base de pommes de terre intrigue les visiteurs qui n'en sont pas tous familiers. "Le nom cacasse fait rire. Donc ils viennent voir ce que c'est et on leur explique la recette", précise Laurent Verita, cuisinier-traiteur au sein de l'entreprise installée à La Francheville, tout près de Charleville-Mézières.
Historiquement, la cacasse est un plat populaire qui ne comprend pas de viande. Elle est simplement composée de pommes de terre, d'oignons et d'herbes. Mais pour la rendre plus attractive, la recette a évolué et est désormais proposée avec des tranches de lard et de la saucisse fumée.
C'est le plat star du stand d'Aux Saveurs d'Ardennes. "On était parti sur une tonne et demie de cacasse. On va sûrement les dépasser", confie le cuisinier. Un succès plus important que les années précédentes, selon lui. Un camion doit bientôt partir des Ardennes pour réapprovisionner l'équipe.
4 000 bouteilles de champagne
Stéphane Gonzales, responsable commercial France au sein de la maison de champagne Gremillet, a lui aussi dû réapprovisionner son stand, installé à quelques mètres de là.
Il a déjà fait venir 4 000 bouteilles depuis l'Aube pour remplir les verres de ceux qui consomment sur le salon. "On sent vraiment qu'il y a un lâcher prise malgré le contexte, avec ce qu'on entend à la télé aujourd'hui."
Ce salon des retrouvailles porte bien son nom. Tout le monde est vraiment content de se retrouver.
Stéphane Gonzales, Champagne Gremillet
Au-delà des ventes pendant l'événement et des commandes enregistrées, le salon est surtout un moyen de faire connaître sa marque. "On a beaucoup d'élus qui viennent nous voir, il y a les éleveurs aussi, les journalistes et les différents reportages qu'on peut avoir. C'est un package qui apporte beaucoup de choses pour nous commercialement."
Le salon leur permet de toucher des publics différents. "Un YouTubeur est passé samedi. Il s'est mis sur le stand à peu près une heure. Il a fait une vidéo avec un million de vues. Quand on est une petite marque familiale comme nous, c'est génial", explique Stéphane Gonzales.
"Entre 200 et 300 fûts" de bière
Sur le stand d'Ardwen, marque ardennaise de bière, "ça tourne bien", nous confirme Yann Van de Woestyne, commercial de l'entreprise installée à Launois-sur-Vence. Il y a du monde accoudé au comptoir alors qu'un stock conséquent de fûts est empilé au milieu de l'emplacement.
"On a déjà rechargé deux fois. On a mis quelques fûts au départ et tous les matins, on recharge de bien un tiers de ce qui est parti la veille." Cela représente au total "entre 200 et 300 fûts" de 20 ou 30 litres, nous précise Yann Van de Woestyne.
Mais au-delà des verres servis pendant le salon, l'événement est l'occasion de multiplier les contacts avec les professionnels présents en nombre porte de Versailles à Paris. "On tombe sur des magasins du département, des acheteurs, des centrales d'achat. Il y a beaucoup de professionnels. C'est super intéressant pour ça, puisqu'on va du simple client entre guillemets au directeur de magasin."
"On fait plus déguster que vendre"
Arnaud Parisel, gérant du pressoir des Gourmands, installé à Warcq, près de Charleville-Mézières dans les Ardennes, a amené avec lui quatre palettes de marchandises, deux fois plus que lors de sa précédente venue au salon.
"Je suis ici pour me faire connaître et essayer de trouver de nouveaux marchés", nous explique-t-il. Son entreprise, spécialisée dans la fabrication de jus de fruit et de confiture va bientôt déménager à Douzy à côté de Sedan dans un local plus de deux fois plus grand. Au salon, il fait goûter ses produits dans son bar à jus mais profite surtout de la forte affluence pour accroître sa notoriété.
Jean-Guillaume Decorse, de la distillerie du même nom installée à Millières en Haute-Marne n'est pas venu avec des quantités astronomiques de marchandises. Il profite surtout du salon pour faire la publicité de ses eaux-de-vie et ses liqueurs, exposées sur le stand rose géré par le conseil départemental. "On fait plus déguster que vendre, hormis les petits mignonnettes dont tout le monde est friand pour faire des petits cadeaux", précise-t-il.
Je ne louperai pas le salon parce que c'est vraiment très important pour moi.
Jean-Guillaume Decorse, distillerie Decorse
Ici, tous les exposants venus du département se partagent un large espace pendant la durée du salon. "On est une trentaine d'exposants. On tourne tous les trois jours. L'intérêt est que tout le monde soit présent au moins trois jours sur le salon pour pouvoir rayonner, inviter ses clients et découvrir d'autres producteurs, explique Jean-Guillaume Decorse. C'est la troisième année où on est tous ensemble. On est vu aussi bien par des Parisiens, des promeneurs que par des gens de chez nous. Les journalistes parlent de nous et nous référencent dans nos campagnes. C'est ça le but du jeu."
Le Salon de l'agriculture draine chaque année un flot très important de visiteurs. Sans compter l'édition 2020 qui avait été écourtée en raison du Covid-19, l'événement accueillait habituellement autour de 650.000 personnes.