Plus de la moitié des nappes phréatiques ont un niveau inférieur à la normale. Une certaine vigilance est de mise en Champagne-Ardenne. S'il ne pleut pas dans les prochains jours, la situation peut s'avérer critique. Les producteurs de blé sont très inquiets.
Un peu plus de la moitié des nappes d'eau souterraines (54%) affichent un niveau inférieur à celui habituellement constaté à cette période de l'année dans l'Hexagone, à cause d'un manque de pluie ces derniers mois, et certains agriculteurs craignent une sécheresse à venir.
Au total, seulement 46% des nappes "présentent des niveaux moyens, voire hauts, donc il faut rester vigilant", a averti jeudi Philippe Vigouroux, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), au cours d'une conférence de presse.
La période de recharge des nappes s'étend du début de l'automne (septembre-octobre) à celui du printemps (mars-avril), un semestre durant lequel les précipitations sont en principe plus abondantes et la végétation en sommeil.
"On devrait déjà avoir rechargé toutes nos nappes", a souligné M. Vigouroux, mais cette année, "la recharge hivernale a été relativement faible, déficitaire", les pluies ayant tardé jusqu'en février. On est cependant "dans une situation sinon normale, du moins pas particulièrement critique par rapport aux autres années", a-t-il affirmé. Elle n'est "pas comparable aux déficits historiques rencontrés par exemple en 2003-2004", selon le BRGM.
Le déficit est assez généralisé, mais "on peut supposer qu'il y aura encore des périodes de pluie en mai et en juin qui seront positives pour recharger les nappes et répondre aux besoins de la végétation", a ajouté l'hydrogéologue.
Toutefois, la situation est hétérogène. "On est au-dessus de la moyenne" dans la Beauce centrale par exemple, alors qu'"une certaine vigilance" est de mise en Aquitaine et en Champagne-Ardenne, a expliqué M. Vigouroux.
Actuellement, "on n'est pas du tout dans une situation de sécheresse", a assuré de son côté Nathalie Dörfliger, directrice Eau, environnement, écotechnologies au BRGM. "On a des déficits de pluviométrie plus marqués à certains endroits qui font que les sols y ont été plus secs et ont nécessité des arrosages, mais on a des réserves d'eau qui sont tout à fait disponibles", a-t-elle précisé.
Le spectre de 1976
De leur côté, les producteurs de blé sont "très inquiets" face au manque d'eau qui menace leurs cultures, après des mois sans pluie. Certains craignent pour 2017 une deuxième année catastrophique consécutive, alors qu'ils ont souffert en 2016 des inondations et d'un déficit de luminosité.
"Ça commence à être critique et on n'annonce pas d'eau dans les jours qui viennent. Ça fait un moment qu'on est sous-arrosé", a indiqué à l'AFP Jean-Michel Martin, céréalier à Étampes (Essonne). "Tous ceux qui ont l'irrigation commencent à irriguer", a-t-il relevé.
"En 1976", année de la grande sécheresse, "c'est comme ça que ça avait commencé, par un printemps frais et sec", a-t-il rappelé. "Il faudrait qu'il pleuve un petit peu, mais pas trop, pas comme l'année dernière."
Météo-France fait d'ailleurs état, "après un mois de mars particulièrement doux et peu arrosé", d'une sécheresse des sols "notable" depuis début avril de la Bretagne jusqu'au sud de la Normandie, ainsi que sur les régions situées au nord de la Seine.
Et, dans les régions plus au sud, les sols commencent également à s'assécher désormais, selon l'organisme de prévision météorologique. "En ce moment, je suis obligée d'arroser mes plants en pleine terre pour pouvoir les désherber à la main, car la terre est trop sèche", a confirmé une maraîchère bio basée dans l'Eure, en Normandie.
Déjà, des arrêtés de restriction d'eau sont en vigueur dans neuf départements de l'Ouest, notamment en Bretagne (Ille-et-Vilaine, Morbihan et Côtes-d'Armor), indique le ministère de l'Environnement sur son site.