Chaussure: les indépendants à la peine

Vente par internet, grandes surfaces...les petits magasins de chaussures de village voient leurs marges s'éroder au fil des années. Au point que certains indépendants ont décidé de jeter l'éponge.

Wingersheim compte 1200 paires de pieds, un chiffre qui ne suffit pas entièrement à faire vivre le chausseur du village, mais c'est déjà une bonne entrée en matière. Bernard Fritsch et son épouse Danièle attirent leur clientèle 20 à 30 km à la ronde, des habitués essentiellement, que les propriétaires du magasin tutoient volontiers. Il y en a même certains qui viennent dans la boutique partager l'apéritif le samedi avant la fermeture. C'est dire que ce magasin est une institution. Il existe depuis 155 ans.
D'abord cordonnier, l'arrière-grand père de Bernard faisait des chaussures sur mesure, puis le grand-père. C'est le père qui après la deuxième guerre mondiale a l'idée d'ouvrir un magasin de chaussures. Bernard l'a repris. Sa femme tient la boutique, lui la cordonnerie. Mais cette histoire familiale risque de s'arrêter. Le couple n'a pas de repreneur. Après 50 ans de service, Bernard souhaite prendre sa retraite. Ce sera chose faite à la fin de l'année. Les pieds de Wingersheim devront donc aller se chausser ailleurs.
 



Les enseignes indépendantes sont à la peine. Bernard avoue une baisse du chiffre d'affaires de 30% sur les 15 dernières années. Un repreneur aurait du mal à joindre les deux bouts.
Même constat chez cet autre chausseur, Carl à Scherwiller, là encore une institution. Malgré une réputation de chaussures de qualité, malgré un service de qualité, le chiffre d'affaires est à la baisse, moins 10% sur l'année 2019.
Rémi Carl tient la boutique avec ses employés, fréquente les marchés de Sélestat le mardi et d'Illkirch Graffenstaden le samedi matin. Mais il sent que les habitudes changent: "avant, ce sont les petits commerces qui souffraient, aujourd'hui, les grandes surfaces souffrent également". Difficile d'anticiper les mutations à venir. Faut-il quitter la commune de Scherwiller et s'installer dans une zone commerciale près de Sélestat? Faut-il agrandir le magasin de Scherwiller?". Rémi Carl n'a pas pris de décision.
Il travaille au jour le jour en soulignant malicieusement: "c'est un métier formidable. On peut caresser le pied des femmes!". Chausseur et fétichiste?

 

 

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