Tous les peintres ou presque se sont un jour attaqués à l’exercice de l’autoportrait. Le collectionneur alsacien René Wetzig, a voulu rendre hommage à cet art si particulier. Il a compilé les autoportraits de plus de 500 peintres alsaciens, de Hans Baldung Grien à Decko, dans un ouvrage.
Dans le bureau de sa maison sundgauvienne, des dizaines de visages tapissent les murs. René Wetzig l’assure, « il ne s’agit que de peintres alsaciens, et de leurs autoportraits ». L’ancien chef de service qualité chez Peugeot, aujourd’hui retraité, a attrapé le virus de la collection à 18 ans. A l’époque, il travaille comme facteur à la Poste, et une cliente lui offre deux albums avec des cartes postales. Dessus, des portraits de peintres, qu’il ne connaît pas, mais qui piquent sa curiosité... A tel point qu’il va devenir incollable sur le sujet.
Vers cinquante ans, ce ne sont plus les cartes postales, mais les portraits grand format qui l’intéressent. Il chine, déniche tout ce qu’il peut, mais uniquement d’artistes originaires de la région. Et puis, récemment, il décide de compiler tout ce savoir dans un livre, publié ces jours-ci, aux Editions Jérôme Do Bentzinger. 500 portraits et autoportraits de peintres alsaciens, dont 190 sont encore en activité. « Personne ne l’avait jamais fait avant moi!» assure-t-il.
L’autoportrait, une mise à nu
Dans sa collection, celle qu’il détaille dans son livre mais aussi celle qui décore ses murs, il cite parmi ses oeuvres préférées, ce portrait fauviste de Lutz Binaepfel, du début du XXème siècle. Ou encore, cette figure, presque enfantine, de sa contemporaine Véronique Filozof. « Lorsqu’ils se tirent le portrait, les artistes se mettent à nu, on ressent leurs émotions à l’instant où ils peignent.. c’est cela qui me plaît ».
Decko, l’artiste aux mélodies cosmiques
C’est le cas pour l’artiste André Baldeck, dit « Decko », sundgauvien lui aussi. Son autoportrait date des années 1970. Autour de sa tête, en vert, on devine l’inscription des noms de ceux qui l’inspirent - Rembrandt, Duchamp... Aujourd’hui, ce qui occupe plutôt son esprit, au point d’en devenir obsédant dans sa peinture, ce sont les oscillations cosmiques. « Depuis trente ans, mon travail tourne autour de ce thème, ces fréquences.. On peut le qualifier d’Optical Art ».
Dans son atelier, installé dans une vieille bâtisse alsacienne, il travaille sur une gigantesque toile. Un autre voyage cosmique, avec des formes cyclindriques remplies d’orange, de violet, de jaune... René Wetzig, en visite, se plaît à regarder l’artiste travailler. Pas de portrait dans ce tableau, mais un voyage au plus profond des cellules du monde de Decko.