Comment des salles sous-oxygénées, dites hypoxiques, aident les athlètes de haut niveau à améliorer leurs performances sportives

Le Creps de Vichy est l'un des rares en France à proposer l'entraînement en salle hypoxique, dans une atmosphère sous-oxygénée. Une technique qui aide les sportifs de haut niveau à améliorer la récupération et la performance.

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Vichy est une terre de sports qui œuvre depuis plusieurs années pour développer ses infrastructures. 46 millions d'euros ont été investis en 2019 pour les moderniser, notamment pour rénover le Creps de Vichy. Désormais les nouvelles installations proposent par exemple une salle hypoxique : on peut y raréfier l'oxygène. Pour comprendre à quoi cela sert, Maxime Van Oudendycke et Stéphane Trentesaux ont suivi un entraînement.

Un reportage à découvrir en intégralité dans l'émission Sports d'ici, tous les samedis à midi sur France 3 et en replay sur france.tv.

Une séance intense en hypoxie

C'est au centre d'entraînement de l'équipe de France Olympique et paralympique du Creps de Vichy que nous retrouvons Assya Maurin-Espiau, une jeune para-nageuse de l'équipe de France de natation adaptée, qui suit une séance intensive loin des bassins. Sur son vélo, elle se donne à fond, poussée par les cris et les encouragements de son coach. Lorsque le sprint s'arrête, elle est à bout de souffle.

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Des salles hypoxiques pour apprendre à s'entraîner en manquant d'oxygène pour améliorer ses performances sportives. ©France Télévisions / Sports d'ici

La jeune femme soumet son corps à une épreuve inédite : la préparation en hypoxie. Pendant trente minutes, elle s'entraîne dans une salle sous-oxygénée où l'atmosphère est la même qu'à 3200 mètres d'altitude, avec seulement 14% d'oxygène au lieu de 21% au niveau de la mer.

Pendant la séance, un chargé de recherche au pôle médical sportif du Creps surveille Assya : "Je contrôle plusieurs choses, explique Alexis Dupuy. Je contrôle la puissance qui est produite pendant les sprints et la saturation musculaire en oxygène donc c'est la quantité d'oxygène qui est amenée directement dans le muscle pendant l'effort, et la lactatémie, qui globalement sont les déchets qui sont produits par les muscles pendant l'exercice". Autre paramètre à surveiller pendant la séance : la récupération de l'athlète.

Dans la salle hypoxique du Creps de Vichy, l'oxygène est raréfié, comme si l'athlète se trouvait à 3200 mètres d'altitude. © France Télévisions

L'entraînement se poursuit en atmosphère normale, avec un retour au calme progressif avant l'analyse des données. Assya livre ses impressions : "Franchement ça va, je m'attendais à pire mais ça va, c'était surtout au niveau de la respiration que c'était dur. Le cardio ça tapait un peu, oui. Mais ça va, en termes d'efforts, c'était cool."

Des bénéfices physiques et psychologiques

Après l'entraînement vient l'analyse des données recueillies. Quand Renaud Laurent, préparateur physique au Creps de Vichy, donne les résultats, Bertrand Sébire, entraîneur national de l'équipe de France de natation adaptée, les traduit à Assya : "Donc en gros, ça veut dire que tu as fait une bonne séance".  Pour l'athlète, ces datas sont importantes. Aux derniers championnats d'Europe, la nageuse a peiné en fin de course à cause d'un manque de lucidité et d'une perte de puissance. Alors l'entraînement en hypoxie doit lui permettre d'habituer ses muscles à être performants même quand l'oxygène manque.

Pendant l'entraînement en hypoxie, des données sont recueillies puis analysées pour aider l'athlète à s'améliorer. © France Télévisions

"Par effet tampon, la réassimilation d'oxygène derrière va être beaucoup plus rapide et beaucoup plus efficace, rapporte Renaud Laurent. Donc on peut sous-entendre qu'au fur et à mesure de cette programmation rsh, Assya sera amenée à pouvoir supporter et résister à ces notions de fatigue importante qui apparaissent notamment sur les fins de course."

Au-delà de la performance physique, l'hypoxie a aussi pour objectif de permettre à la nageuse de gagner en confiance : "Assya a une déficience intellectuelle, elle a donc des croyances qui peuvent être un peu plus développées. Et notamment, la grande peur d'Assya, c'est le manque d'oxygène, détaille Bertrand Sébire. Le fait de travailler sur le manque d'oxygène dans un cadre où c'est clairement expliqué, où c'est concret, ça lui permet de se rendre compte qu'elle peut aller dans des efforts qu'elle ne pensait pas pouvoir atteindre, sans être forcément en danger."

Des installations rares en France

Pour cette fois, avec Assya, le conditionnement sous-oxygéné se fera ponctuellement. Mais le Creps de Vichy permet une véritable immersion pour la préparation des athlètes. Quinze chambres spécialement équipées y sont disponibles.

Une chambre hypoxiques du Creps de Vichy, permettant aux athlètes d'améliorer leurs performances sportives. © France Télévisions

Nicolas Chauvin, directeur adjoint du Creps de Vichy fait la visite : "Ici, on est sur des effets physiologiques à long terme. On est sur des stages qui durent deux semaines, 3 semaines, avec des durées d'exposition aux alentours de 12h à 14h par jour, où on travaille sur la modification physiologique de l'individu. Alors, ce qu'on connaît le plus c'est le taux de globules rouges dans le sang qui permet d'avoir un meilleur taux d'oxygène et qui permet de travailler sur des efforts aérobies à plus forte intensité."

Ces équipements pourraient être décisifs dans l'attraction de certains sportifs de haut niveau. Pour le moment sur toute la France, seules trois structures publiques permettent des entraînements en hypoxie.

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