Confinée des villes, confinée des champs : elles nous racontent leur quotidien dans les Ardennes et à Reims

Elles vivent en appartement ou dans une grande maison. Toutes les deux sont très occupées d'habitude, mais les mesures de confinement pour enrayer la propagation du coronavirus ont mis un coup d'arrêt à leurs activités. Et elles le vivent plutôt bien.

À la ville ou à la campagne, dans un appartement confortable ou une grande maison, le confinement se vit différemment. Comme le dit Otis dans sa célèbre tirade tirée de l'adaptation cinématographique d'Astérix mission Cléopâtre : "Je ne crois pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd'hui avec vous, je dirais que c'est d'abord des rencontres, des gens qui m'ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j'étais seul chez moi." Une citation opportune, alors que l'un des deux papas du célèbre Gaulois est décédé ce mardi 24 mars en début de matinée.

Pour les rencontres et la main tendue, on repassera en cette période de confinement pour empêcher la circulation du coronavirus, où tout contact humain est à proscrire. Tout contact ? Non bien sûr ! Certains résistent encore et toujours à l'envahisseur. Pensons notamment aux câlins que Pauline Cicuto et Anna, sa fille de 5 ans, échangent dans leur appartement rémois de 85m2. Ou encore aux repas et aux échanges que Jeanne et son mari entretiennent quotidiennement depuis le début de la pandémie dans leur maison de campagne à Saulces-Monclin, à quelques kilomètres de Rethel dans les Ardennes.
 

 

Plus de temps pour s'écouter

Alors, vaut-il mieux vivre le confinement à la ville ou à la campagne? Pauline Cicuto, enseignante en télétravail et à domicile pour sa fille Anna, admet qu'elle accepte très bien la situation, car elle dispose des conditions matérielles qui le permettent : un grand appartement, un rythme de vie désormais beaucoup moins stressant et un goût prononcé pour les activités indoor, comme on dit dans la langue de Shakespeare. "Je ressens ma disponibilité", analyse la Rémoise. "D'habitude je fais beaucoup de choses, mais là je les fais en étant vraiment là. Ça change même des vacances. On prévoit de voir du monde, des amis, on aurait pas eu le temps de faire les mêmes choses."
 

L'idée de fuir à la campagne, comme ce fut le cas pour de nombreux Parisiens, lui a traversé l'esprit mais elle s'est ravisée. "J'ai pensé à aller voir ma mère qui vit seule, mais j'ai aussi pensé qu'on serait bien chez nous", expose-t-elle tranquillement. Si elle reconnaît que "tous les enfants ne sont pas des enfants d'intérieur", elle est ravie qu'Anna soit une fillette autonome, qui adore se raconter des histoires, fabriquer sa propre pâte à modeler à paillettes et se déguiser. "Elle ne réclame pas l'extérieur pour le moment", remarque Pauline. 

De son côté, dans les Ardennes, Jeanne se réveille tous les matins avec une vue imprenable sur ses magnolias en fleurs. Elle et son mari conservent un rythme de vie strict pour ne pas prendre de mauvaises manies, ni trop de kilos superflus. "On se force à garder nos habitudes, on s'occupe par diverses choses, du rangement, le nettoyage de la cave et du grenier, les repas à heures fixes", énumère l'élue au conseil municipal. A 77 et 79 ans, les deux retraités ont une vie bien remplie. Lui est passionné d'histoire, donne des conférences, s'occupe du jardin. Elle se charge de la vie de la cité, voit ses amis, appelle sa famille, marche quotidiennement 30 à 45 minutes.
 

Depuis le confinement, les deux ont mis un coup de frein, elle ne fait plus que quelques tour de son jardin (3km tout de même) et lui donne moins de conférences, ne sort plus. L'occasion pour les deux époux de se retrouver, d'aborder de nouveaux problèmes du quotidien différemment. "Nous étions toujours un couple très occupé", raconte Jeanne. "Tout en étant en retraite, les gens avaient l'impression qu'on était toujours actifs."

Tout se passe très bien, mais j'ai l'impression que ça nous a rapprochés davantage. Parce qu'on a les mêmes soucis : nos enfants, nos petits-enfants, on était tellement occupés, on n'était pas vraiment en retraite. On discute plus. On a plus le temps d'échanger.
- Jeanne Guérin, retraitée dans les Ardennes.


Patience et compréhension

Même constat pour Pauline, la citadine. Confinée, elle a remarqué quelques changements : "Le confinement modifie notre manière de vivre ensemble : écoute, patience, compréhension, j'observe davantage Anna sur certains points. Un soir, elle a eu un petit moment d'angoisse. En temps normal, je me serais posé des questions et là, j'ai réussi à lire entre les lignes. En en parlant tout calmement, on a pu bien communiquer et en discuter."
 

Une quiétude qui lui permet de supporter davantage les moments de folie de sa fille : "Lundi, elle a eu une petite décharge d'énergie. Alors je l'ai laissée sauter sur le lit, crier, se défouler, faire la fofolle. Je me disais qu'en temps normal, quand elle était comme ça, j'aurais voulu qu'elle arrête. Là je l'ai regardée et j'ai rigolé avec elle." Pauline Cicuto le reconnaît, elle a de la chance qu'Anna supporte très bien la situation. "J'ai arrêté de mettre les infos car c'est anxiogène", explique-t-elle.

Pour la septuagénaire ardennaise, "aucun doute", le confinement dans une maison ardennaise loin de la ville est une chance : "Je suis heureuse d'être à la campagne, on peut être occupé en permanence. Même si la maison est petite, il y a toujours quelque chose à faire." Le weekend dernier, les deux époux ont rangé le grenier et nettoyé le buffet, "que je devais faire depuis longtemps !", s'exclame Jeanne. "On essaie de réserver ces grosses activités pour nous occuper les samedis et dimanches." Elle concède aisément que le confinement ne doit pas être facile quand on vit en ville, dans une barre d'immeuble, sans trop d'intimité, et préfère largement son confinement au naturel. "Il fait un temps magnifique, les aubépines ont fleuri, les faisans ne savent pas qu'on n'a pas le droit de se réunir, la lumière se reflète sur leurs plumes et ça vous remplit de bonheur", philosophe Jeanne Guérin.

Pour Anna, le bonheur, c'est de réaliser sa pâte à modeler avec des paillettes maison. À chacun sa recette.
 
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