Le confinement instauré depuis le 17 mars a causé un brusque ralentissement de l'économie. Dans le Grand Est, l'activité a baissé de près d'un tiers : -31,5%, avec des disparités selon les secteurs et les départements.
Une baisse d'activité d'un tiers dans le Grand Est pendant le confinement. C'est la conclusion que tire l'Insee de son point de conjoncture publié le 7 mai 2020. La grande région a enregistré un recul de son économie de 31,5% entre le 17 mars et le début du mois de mai 2020.
Le Grand Est est la quatrième région de France la plus touchée, derrière la Bretagne, les Hauts-de-France et la Nouvelle-Aquitaine. Près d'un salarié sur deux (49%) a fait l'objet d'une demande de chômage partiel.
Des secteurs souffrent plus que d'autres
Des pans entiers de l'économie ont été mis à l'arrêt avec le confinement et se retrouvent plus durement touchés. Le secteur qui enregistre la plus grosse perte d'activité est l'hôtellerie-restauration, avec 90% de moins que la normale. Autrement dit, ce secteur produit 10 fois moins que d'habitude.Les activités liées à la culture, au sport ou à l'événementiel ont baissé de 76%, mais elles étaient déjà paralysées début mars.
Même constat dans le secteur de la construction (-75%). Fin mars, 95% des chantiers étaient à l'arrêt. Un léger redémarrage est à noter début avril.
L'industrie est en net ralentissement depuis le début de l'épidémie, et contribue davantage à la baisse d'activité régionale que dans le reste de la France. C'est parce que l'industrie est plus présente dans le Grand Est qu'ailleurs (19,6% du PIB contre 16,6% en France, hors région parisienne).
Particulièrement dans le Haut-Rhin, la place importante de la construction et de l'industrie (usine PSA de Mulhouse) fait que davantage de salariés travaillent dans un secteur fortement impacté.
L'Alsace et la Moselle plus touchées
Les situations sont inégales d'un département à l'autre. La diminution d'activité va de 29,8% dans la Meuse à 34,7% dans le Haut-Rhin.
Si les secteurs d'activité sont essentiels à la vie du pays, ils continuent de fonctionner. C'est de là que viennent en partie les disparités départementales. "Dans la Meuse, l’impact économique du confinement est plus limité en raison du poids important des services principalement non marchands, de l’industrie agroalimentaire et de l’agriculture dans l’économie du département. Dans la Marne, la forte part de l’activité agricole, notamment viticole (champagne), et l’industrie agroalimentaire limitent la chute de l’activité économique. Dans l’Aube, l’activité agricole occupe également une place importante," explique l'Insee.
Sur la carte ci-dessous, on constate que c'est dans les deux départements alsaciens que beaucoup de salariés travaillent dans un secteur très impacté.
Le cas des travailleurs non salariés
L'Insee fait la distinction entre les salariés (ceux qui travaillent en échange d'un salaire, sous contrat) et tous les autres, les non salariés, qui sont par exemple les indépendants et chefs de petites entreprises. A l'échelle du Grand Est, 40% des non salariés travaillent dans un secteur très fortement impacté, contre 25% des salariés. "Les indépendants et chefs d’entreprises de moins de 10 salariés sont en effet très nombreux dans la construction, l’hébergement-restauration et le commerce non alimentaire", décrypte l'Insee.
Indices de consommation
La consommation d'électricité, de gaz ou l'utilisation de la carte bancaire sont en forte baisse tout au long du confinement. "La baisse de l’activité économique se reflète dans les consommations d’électricité et de gaz, qui fluctuent aussi en fonction des températures extérieures", précise l'Insee.
Sur la route, trafic fluide
Conséquence directe du confinement, le trafic routier est en large baisse. Les habitants du Grand Est se rendent moins sur leur lieu de travail, les déplacements pour faire les courses ou pour les loisirs sont limités.Résultats: la congestion routière (ralentissements et bouchons) a fortement baissé, comme par exemple le 17 avril 2020, en plein milieu de la période de confinement:
- à Strasbourg, congestion routière divisée par 5,1
- à Nancy, divisée par 3,4
- à Reims, divisée par 2,9
- (comparaison par rapport à la moyenne de 2019)