Coronavirus : après la réanimation, les patients guéris font face à une nouvelle bataille, celle de la rééducation

Après plusieurs semaines de combat pour rester en vie dans les services de réanimation, les victimes du COVID-19 sont confrontées à un nouveau défi. Elles doivent retrouver leur mobilité, une digestion et une respiration normale.
 


Une bonne nouvelle dans cette période de crise sanitaire, de plus en plus de patients guéris du COVID-19 sortent des services de réanimations et des hôpitaux. Pour autant, ils ne retrouvent pas immédiatement leur vie d’avant. Après plusieurs jours, voire plusieurs semaines alités, et souvent intubés, il leur faut réapprendre les gestes les plus simples comme marcher, s’alimenter et parfois même respirer.
 

Retrouver sa mobilité 

Au centre de rééducation de l’hôpital de Golbey, Dominique fait des allers-retours, tout doucement, sur le tapis de marche. Après six semaines d’hospitalisation, dont quatre en réanimation, il a du mal à se déplacer.

On n’a plus de force c’est très compliqué
- Dominique Trutt, patient de l’hôpital de Golbey

Et pour cause, après plusieurs semaines d’inactivité, ses muscles ont littéralement fondu ! Il a perdu près de 22 kilos en trois semaines, c’est très rapide, trop rapide pour remarcher normalement.

Quand on les remet debout, souvent ils ne tiennent pas tous seuls. Parfois, le simple transfert du lit au fauteuil est impossible
- Sylvie Guillaume, Chef de service rééducation hôpital de Golbey

Ce sont des "déconditionnés physiques", précise le Pr Jean Paysant, spécialiste de médecine physique et de réadaptation à l’IRR (Institut Régional de Réadaptation) de Nancy (Ugecam). "Ils sont littéralement épuisés, et se fatiguent très vite au moindre effort. Leurs muscles ne les portent plus, un peu comme pour les astronautes restés plusieurs jours en apesanteur."

Pour leur permettre de "reprendre pied", les équipes pluridisciplinaires des centres de rééducations comme l’IRR (Institut Régional de Réadaptation) de Nancy et celui de Lay St Christophe, ont mis en place des programmes adaptés. Des exercices de marche, courts mais répétés plusieurs fois par jour, pour ne pas les fatiguer. Un peu de vélo parfois, le tout sous étroite surveillance des professionnels qui veillent à ce que la tension et la fréquence cardiaque restent normales.

Ces patients sont confrontés à trois risques : la tachycardie, l’hypotension et la désaturation en oxygène du sang
Pr Jean Paysant, médecin de médecine physique et de réadaptation à l’IRR de Nancy (Ugecam).

Pour soulager leurs douleurs ou les courbatures qui suivent ces exercices, des kinésithérapeutes travaillent avec les professeurs d’activité physique et les ergothérapeutes. Des orthophonistes sont également présents et font un travail remarquable. Car "quand on a été intubé longtemps, on peut avoir des problèmes de déglutition, mais aussi de dysphonie, c’est-à-dire parler avec une voix étouffée ou modifiée" précise le Pr Jean Paysant.

Le but, c’est de les rendre les plus autonomes possible pour qu’ils puissent rentrer chez eux.

Un accompagnement spécifique pour les plus dépendants

Certains malades ont des séquelles plus importantes et ont donc besoin de soins particuliers. C’est le cas de ceux qui sont atteints de tétraparésie, une paralysie légère des quatre membres due à des perturbations neurologiques. Ces patients, très dépendants, sont accueillis sur le site de Lay St Christophe (Meurthe-et-Moselle), spécialisé dans les affections neurologiques et particulièrement bien équipé.


Le centre de réadaptation accueille aussi ceux qui ont dû subir une trachéotomie, et ont besoin que leur respiration soit suivie de près, ainsi que ceux qui ont du mal à retrouver une digestion normale. En réanimation, nombreux sont ceux qui ont été alimentés par une sonde naso-gastrique (qui va du nez vers l’estomac) pendant des semaines, et parfois même directement dans l'estomac grâce à une gastrostomie (un abouchement de l'estomac sur la peau de l'abdomen).

Depuis un mois, les deux sites de l’IRR ont déjà accueilli près de 25 patients. Une cinquantaine de places est encore disponible pour accueillir les personnes guéries du Covid-19. Elles devraient être de plus en plus nombreuses dans les semaines à venir.
 
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