Une médecin généraliste de Wangenbourg-Engenthal, dans le Bas-Rhin, a diffusé sur les réseaux sociaux un faux certificat médical permettant d’invoquer une contre-indication au port du masque. L’Agence régionale de santé a saisi la justice.
A l'heure où le port du masque se généralise en France, certains s'y opposent fermement. C'est le cas du docteur Eve Engerer. Cette généraliste de Wangenbourg-Engenthal a publié le 23 juillet 2020 sur son compte Facebook un certificat imprimable par tout un chacun invoquant des contre-indications médicales au port du masque. Le parquet vient d'être saisi par l'Agence régionale de santé du Grand Est.
Selon elle, le masque est une muselière
Exerçant depuis 25 ans, le docteur Engerer consulte à raison de deux matinées par semaine à Wangenbourg-Engenthal. Très active sur les réseaux sociaux, elle se réfère au vidéaste conspirationniste Silvano Trotta. "Je n’ai pas confiance en ce gouvernement qui nous ment et qui n’œuvre pas pour la santé. Moi, je suis un médecin de la santé. Je n’ai pas prêté serment à Bill Gates et l’OMS", explique-t-elle. Opposée à la vaccination, elle prône l’isothérapie, de la vitamine C, du chlorure de magnésium. Elle se dit formée aux plantes, à l’homéopathie, à "l’hypnose humaniste".Pour elle, le masque est une muselière. "Moi je sais que la respiration, c’est très important. Vous pouvez imaginer ce que peut ressentir une femme qui a été abusée ou maltraitée si on lui impose le masque du matin au soir, si elle est obligée de garder ce masque pour pouvoir garder son travail. J'ai de la compassion pour ces gens-là que l’on musèle. C’est une muselière, on est en dictature". Dont acte.
Dans le collimateur de l'Ordre des médecins depuis quatre mois
Alerté par un pharmacien et des médecins sur les "comportements anormaux" du docteur Engerer, Jean-Marie Letzelter, le président du conseil de l'Ordre des médecins du Bas-Rhin, dit avoir saisi l'Agence régionale de santé depuis le mois d'avril. L'ARS aurait estimé, à l'époque, que les raisons invoquées ne justifiaient pas une suspension."Sa publication sur Facebook a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", s’indigne-t-il. "Nous avons rappelé l'ARS qui a saisi le procureur de la République. Un courrier serait parti lundi 10 août. Pour l'instant, elle n'est pas encore suspendue".
Au niveau de l'Ordre des médecins, la médecin de Wangenbourg devrait être poursuivie pour deux motifs : délivrance de certificats de complaisance (article 28 du code de déontologie) et charlatanisme (article 39 du même code). La procédure devrait durer plusieurs mois. La praticienne risque, dans un premier temps, une suspension et, à terme, une radiation pure et simple.
Des certificats sans aucune valeur juridique
Le président du conseil de l'Ordre des médecins du Bas-Rhin rappelle que le certificat publié par le docteur Engerer n'a aucun poids face à un contrôle de police. Il précise que "les seules contre-indications à porter le masque s'appliquent aux insuffisants respiratoires ou cardiaque majeurs. Mais ceux-là ne se promènent pas dans le rue. Ils sont chez eux sous oxygène".Eve Engerer n'est pas seule à rejeter cette recommandation à porter un masque. Selon Jean-Marie Letzelter, "ils seraient une poignée dans le département à avoir cette posture". Face à des théories qui, selon lui, peuvent porter préjudice aux patients, il rappelle "qu'en médecine, il faut choisir le moindre risque". Le masque et la distanciation restent les meilleures armes face au virus. Pour la généraliste de Wangenbourg-Engenthal, d'ailleurs de garde ce week-end, il suffirait de réciter des suites de nombre pour éloigner le mal.