Six jours après l'instauration d'un couvre-feu entre 21 heures et 6 heures du matin dans 9 grandes agglomérations dont Paris, le gouvernement annonce l'extension de ces restrictions à d'autres zones du pays dont la Meurthe-et-Moselle qui va connaître un couvre-feu dès vendredi 23 octobre à minuit.
Les observateurs politiques avaient tout de suite remarqué que c’était le premier ministre Jean Castex et non seulement le ministre de la santé Olivier Véran qui allait participer ce jeudi à la conférence de presse hebdomadaire sur la pandémie de Covid-19. Un premier ministre pour annoncer de nouvelles mesures restrictives sur le territoire dans une trentaine de départements avec à la clef de nouveaux couvre-feux. La Lorraine avait échappé à la première salve de confinement nocturne mais pas cette fois-ci puisque le gouvernement a décidé d’instaurer un couvre-feu en Meurthe-et-Moselle dès vendredi minuit, pour une durée de six semaines.
Contacté par téléphone, Thierry Vincent, président des restaurateurs de l'Union départementale des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) s'est déclaré satisfait : "Avec ce couvre-feu à 21h, on évite le pire. On va s'adapter en avançant le service du soir par exemple. Mais on n'est pas à Paris où il faut parfois prendre en compte les temps de transport, ici, ce n'est pas la même problématique. On redoutait le confinement ou le couvre-feu à 19 heures, il n'ont pas lieu, c'est l'essentiel même si je m'attends à diviser mon chiffre d'affaires par deux dans les prochaines semaines."Avec ce couvre-feu, on évite le pire. On va s'adapter
Mathieu Klein, le maire de Nancy est intervenu sur Facebook ce jeudi 22 octobre à 18h15. Il y a deux jours encore, il avait pourtant avancé qu'un couvre-feu n’était pas à l’ordre du jour à Nancy. Mais la progression du nombre de cas sur la métropole, +61% en une semaine, a tout bouleversé. "Nous sommes dans un ajustement perpétuel. C’est la courbe de progression du virus qui a été prise en compte" explique Mathieu Klein, "cette courbe de circulation est très élevée. Il n’est pas l’heure de baisser les bras. Si on ne se prend pas en main, nous allons tout droit vers le confinement. Et personne n’a envie de revivre une telle période. mon seul souhait aujourd'hui, c'est de casser cette courbe de progresion en limitant les impacts sur la vie économique, sociale et culturelle."Si on ne se prend en main, nous allons tout droit vers le confinement
Au côté de Mathieu Klein, le préfet de Meurthe-et-Moselle a précisé qu'aucun déplacement ne sera possible de 21h à 6h du matin dans le département de Meurthe-et-Moselle, sauf sur présentation d’une attestation de dérogation, notamment professionnelle. "Je prendrai demain l’arrêté préfectoral concernant les dispositions pour une première période de trois semaines" a ajouté Arnaud Cochet, "ces mesures strictes sont immédiates même si les services seront appelés à faire preuve de pédagogie dans un premier temps."Ces mesures strictes sont immédiates
Le préfet a également précisé que ces établissements ne pourront plus accueillir de public, à toute heure de la journée. Il s'agit des débits de boissons, des salles de jeux, des lieux d’exposition, de foires expositions ou de salons ayant un caractère temporaire, des salles de sport, des gymnases (sauf pour les activités des groupes scolaires, parascolaires ou de mineurs, des sportifs professionnels et de haut niveau...) et des piscines (sauf activités de groupes scolaires, périscolaires ou de mineurs, étudiants, sportifs professionnels et de haut niveau, formations continues et diplôme de maître nageur, handicap).#COVID19 Une nouvelle épreuve. Que nous affrontons ensemble, @VilledeNancy solidaire pour accompagner les habitants, les soignants et les commerçants. La responsabilité de chacune et chacun doit être sans faille pour éviter le pire : personne ne veut revivre le confinement. https://t.co/O9qqyFLgPP
— Mathieu Klein (@mathieuklein) October 22, 2020
Dans un communiqué, la Préfecture de Meurthe-et-Moselle précise qu'"il n’est pas possible d’accueillir plus de 1.000 personnes dans une salle de spectacle, une installation sportive ou encore un chapiteau. et que les fêtes foraines, les événements temporaires de type exposition, foire-exposition ou salon. sont également interdits." Les transports en commun resteront opérationnels pour répondre aux besoins des personnes détentrices d’une dérogation.#COVID19 | #CouvreFeu - Pour connaître les nouvelles mesures entrant en vigueur, vous pouvez consulter le site internet de la préfecture ➡️ https://t.co/UaCPgcAKvX pic.twitter.com/2uM8pOrvMe
— Préfet de Meurthe-et-Moselle (@Prefet54) October 22, 2020
La Préfecture annonce également que les contrôles de police et de gendarmerie seront renforcées pour faire respecter le couvre-feu. "Première sanction : une amende de 135 euros, majorée à 375 euros (en cas de non-paiement ou de non-contestation dans le délai indiqué sur l'avis de contravention). En cas de récidive dans les 15 jours : une amende de 200 euros, majorée à 450 euros (en cas de non-paiement ou de non-contestation dans le délai indiqué sur l'avis de contravention). Après 3 infractions en 30 jours : une amende de 3750 euros passible de 6 mois d'emprisonnement."
Taux d'incidence en hausse à Metz et Nancy
En Moselle et en Meurthe-et-Moselle, parmi les nombreux indicateurs observés à la loupe celui du taux d'incidence -c'est à dire le nombre de nouveaux cas pour 100.000 habitants au cours des sept derniers jours- grimpe nettement ces dernières semaines. Ne serait-ce que dans les deux grandes villes de la région Lorraine, Metz et Nancy, la circulation du virus continue de s'accroître. Ce taux d'incidence atteint désormais les 173,2 cas pour 100.000 habitants dans le 54 et avoisine même les 200 dans la cité ducale. Une dégradation très nette qui oblige le gouvernement de Jean Castex à prendre cette mesure radicale qu’est le couvre-feu.Même si le nombre de patients Covid-19 dans les services de réanimation ne connaît pas d’explosion à proprement parler, il y a une montée régulière du nombre de lits occupés par des malades du Covid-19. Selon Lionel Nace, le chef du service des urgences du CHU de Nancy "les chiffres sont en croissance c'est certain. Par contre, il n y a pas énormément de cas graves, la réanimation n'est pas saturée du tout. Maintenant l'évolution quand on voit ce qui se passe dans certaines métropoles, il est possible que cela évolue comme ça."