Soutenues par l'Etat pendant la crise avec les Prêts Garantis, les entreprises demandent à l'Etat, aux collectivités locales et aux banques de continuer à les accompagner pour redonner confiance aux clients et relancer l'activité. Rien n'est encore gagné.
Les entreprises sortent du confinement groggy. Beaucoup ont dû ralentir, voire arrêter leur activité. Seules les aides de l'Etat leur ont permis de tenir et de faire face à leurs difficultés de trésorerie. Pendant le confinement, les start-up (ou jeunes pousses) par exemple, ont vécu sous perfusion. Gégrory Besson-Moreau, député LREM de l'Aube, est chef d'entreprise. En 2015, il a créé une société de qui développe des solutions d'équipement électronique connectées pour réduire la consommation d'énergie dans le secteur de la construction, Energie IP. Il emploie dix salariés, dont trois étudiants alternants. Quand le secteur de la construction s'est arrêté, il n'a pas eu d'autre solution que de demander les aides de l'Etat. "Heureusement que l'Etat a pris les choses en main. Nous les start-up, on a vécu sous perfusion."
Afin d'aider les start-up, l'Etat ne s'est plus référé au chiffre d'affaire. Car ce sont souvent de jeunes entreprises qui démarrent sur un marché innovant. Elles ne gagnent pas d'argent au départ, en tout cas, elles ne dégagent pas un chiffre d'affaire conséquent. "L'Etat nous a permis d'emprunter deux ans de masse salariale, garantis et prêtés par les banques. Il nous a également permis de décaler les charges sociales et les prêts de la BPI, la Banque Publique d'Investissement. Moi, j'ai continué à payer les loyers." Selon le député, la plupart des banques ont joué le jeu et ont prêté aux entreprises. "J'ai vu passer un seul dossier dans l'Aube d'une entreprise, peut-être qu'il y en a d'autres que les banques ont refusé d'aider, mais elles allaient déjà très mal avant la crise sanitaire."
24.000 entreprises du Grand Est ont bénéficié de Prêts Garantis par l'Etat
Les start-up ne sont pas les seules entreprises à avoir été aidées. Selon le patron du MEDEF régional, Bruno Arcadipane, 24 milliards ont été distribués aux entreprises du Grand-Est :"Dans le Grand Est, 24.000 entreprises ont pu en bénéficier, ce qui représente 2 milliards d'euros. Nous avons travaillé avec la fédération régionale des banques pour organiser ces aides. Les premières entreprises à en avoir bénéficié sont les bars-hôtels-restaurants, puis les commerces non-alimentaires, la construction et l'industrie. Chaque entreprise à un encourt moyen de 180.000 euros, contre 170.000 euros au niveau national, ce qui est logique puisque nous avons été les plus touchés par la crise."En mettant en place ces prêts garantis, l'Etat voulait empêcher ou limiter les faillites. Mais qu'il s'agisse des prêts ou du report des charges, les entreprises devront rembourser. Encore faut-il que l'activité reprenne. Cela ne se fera pas en claquant des doigts. "Je travaille exclusivement sur le marché français, explique Grégory Besson-Moreau. Aujourd'hui, les marchés que nous avions tiennent toujours, mais tous les contrats ou négociations avec des clients publics et privés, que ce soit des assurances, des banques, des sociétés immobilières ou la ville de Paris, sont stoppées".
Les clients veulent attendre six mois, pour voir ce qui va se passer.
-Grégory Besson-Moreau, député LREM, de l'Aube
"Le Président de la République a eu raison de parler de guerre en évoquant cette crise, affirme le député LREM, sauf que la reconstruction n'est pas automatique. Elle ne se fera que si la confiance est restaurée. Il faut redonner envie aux gens d'acheter une voiture, un appartement, de prendre des vacances. L'Etat doit faire tampon pour donner des garanties aux banques et que l'on puisse tenir."
Bruno Arcadipane, président du MEDEF Grand Est, est lui aussi chef d'entreprise. Président-fondateur d'un consortium d'une quinzaine d'entreprises qui travaillent dans la production et la distribution de peintures et de revêtements eco-sanitaires pour le bâtiment. Ses sites se répartissent dans la Marne, la Haute-Marne, Paris et Lyon et emploient 200 salariés. Il raconte: "Pendant la crise, ça a été très difficile, tous les sites ont fermé pendant une semaine, le temps de mettre en place les mesures sanitaires, le sens de circulation, le gel hydroalcoolique, les masques, instaurer le télétravail. Nous avons rouvert progessivement, les plus gros sites à partir de début avril, et nous ouvrons ensuite les autres.
Nous avons besoin, d'abord de voir clair, de savoir où on va, ensuite de recréer la confiance, le besoin pour que les gens aient à nouveau envie de consommer."La très bonne surprise, c'est l'envie des salariés de reprendre l'activité, après des semaines de télétravail.
-Bruno Arcadipane, président du MEDEF Grand Est et chef d'entreprise
Le rôle essentiel des collectivités locales et de l'Europe
Pour le patron du MEDEF, "Les services publics doivent recommencer à fonctionner pour relancer l'activité, les permis de construire notamment. Les élus locaux ont une part de responsabilité très importante, que ce soit la région, la BPI, les élus locaux qui ont mis en place des aides pour les TPE qui n'ont pas accès au Prêt Garanti par l'Etat. Il faut que tous ces secteurs repartent au plus vite."Grégory Besson-Moreau fait partie de la commission des affaires économiques à l'Assemblée Nationale. Le député participe régulièrement à des réunions avec les ministres Français et Européens. Pour lui, le plan de relance doit être Européen, et soutenu par la Banque Européenne d'Investissement : "La première règle, c'est de continuer à investir, il ne faut pas arrêter. L'Etat doit nous y aider, sinon tout cela n'aura servi à rien. C'est comme de jeter l'argent par les fenêtres. L'Etat doit rassurer les banques. C'est très important de maintenir l'activité, et c'est vrai pour tous les secteurs, la construction, l'agroalimentaire, l'agriculture ou l'automobile."
L'échéance, pour les entreprises, c'est le mois de septembre. Les chefs d'entreprise font les bilans et préparent les projets d'investissement pour janvier 2021. Tout va se jouer dans les mois qui viennent. "Bercy est en train de préparer un plan de relance, nous confie le député Grégory Besson-Moreau. Le ministre de l'économie Bruno Lemaire est aux manettes. J'ai confiance."