Une professionnelle de santé dénonce la surpopulation de voyageurs dans un TER entre Reims et Sedan. A l'heure de la crise sanitaire du Covid-19, cette pharmacienne entend bien faire en sorte que cela n'arrive plus.
Vendredi 18 septembre, Blandine remonte de Reims en train vers Sedan, elle doit aller rendre visite à ses parents dans les Ardennes. Masquée, cette professionnelle de santé, pharmacienne de formation, arrive sur le quai de la gare de Reims. Il est presque 16h30, elle a réservé sa place sur cette ligne souvent très fréquentée, mais ce qu'elle voit la fait tressaillir. "Une vision du métro parisien d’avant le covid sur la ligne 13. Je n’ai jamais vu ça." La foule des grands jours, certes masquée, mais à touche-touche dans la rame régionale.
Blandine travaille à Paris, elle sait de quoi elle parle. "Cette situation est préoccupante, confie-t-elle. Cela ne choque pas plus que ça. Moi je prend le métro à Paris, on ne voit pas ça actuellement. On ne pouvait plus monter dans le train. Les sas entre deux wagons étaient complets, je n’ai pas pu monter dans le train. Il n'y avait pas de contrôleurs dans la rame, ni sur le quai. On me dit que c’est courant de voir autant de monde dans le train le vendredi, avec le départ des étudiants." La situation ne passe pas chez cette professionnelle de santé.
Vincent Ballester, journaliste pour France 3 Champagne-Ardenne, était présent dans le train suivant, celui de 18 heures. Il rapporte un surpeuplement des rames identiques. Tout le monde était amassé dans les coursives, les bagages étaient casés en sandwich entre deux paires de jambes, et le contrôleur ou la contrôleuse n'a pas pu tout de suite entamer sa ronde. Les retardataires débouchant du souterrain, sur le quai, ne cherchaient même pas à ouvrir les portes, et tentaient de gagner la rame la plus éloignée. Et il ne fallait pas imaginer pouvoir se rendre aux toilettes, vu l'encombrement empêchant toute circulation. Quoi qu'il en soit, tout le monde portait son masque.
"Je ne laisserai pas passer"
Notre interlocutrice ne souhaite pas exposer sa situation professionnelle publiquement, mais elle a vu les conséquences du covid-19 de près. Voilà ce qui l'invite à évoquer cette situation. "Je ne laisserai pas passer, pendant la crise du covid je travaillais sur place, dans les hôpitaux, avec tout ce que j’ai vu dans les service de réanimation. Pour moi on est plus en règle dans les grandes agglomérations que ici en Champagne-Ardenne." Le masque serait-il insuffisant ? En tout état de cause, elle soutient que voyager trés serré, même masqué, est source de risques sanitaires.Bien décidée à se faire entendre, même si elle raconte cette épopée d'une voix posée, Blandine estime que ce qu'elle a vu dans ce train régional est inadmissible. Elle ne comprend pas pourquoi il y a deux poids deux mesures. "Les mesures au travail en entreprise sont bonnes car il y a des distances de sécurité. En salle de réunion, il faut être espacés, même masqués. Ce n’est pas possible de ne pas être espacés dans un train. On ne propose aucune solution. Pourquoi pas un deuxième wagon ?" Elle a demandé à la SNCF des explications.
Vidéo : dans un reportage (voir vidéo ci-dessous) diffusé en mars 2018, nous évoquions la fréquentation importante sur cette ligne entre Reims et Charleville-Mézières. "Pour monter, il faut jouer des coudes." Les voyageurs confiaient dans notre reportage leur stress face à cette affluence et le manque de places assises. Une situation chaotique, qui fait dire à certains qu'ils se sentent à bord comme dans un "camion à bestiaux". "Ce train ressemble plus à un RER qu'un TER." Sans même parler des retards dont se plaignent les usagers. Des désagréments auxquels la SNCF a tenté de remédier. Elle a embauché des conducteurs depuis. La rénovation complète de la ligne était prévue pour 2022. En période de pandémie, l'affluence sonne encore différemment.
"La règle actuelle, c'est le masque"
L'entreprise de transport public ferroviaire nous a également répondu. Par la voix de la responsable communication en Champagne-Ardenne, Aline Cocâtre. "Nous n'avons plus un siège sur deux dans les trains, la règle actuelle est celle adoptée dans n’importe quel lieu public. Porter un masque à bord et pas de geste barrière supplémentaire. Dans un train bondé, comme dans un bus, ou dans le métro, le masque est obligatoire. En effet aux heures de pointe, il y a plus de monde... Je peux comprendre que cette dame se sente oppressée."Par rapport au fait que le département de la Marne soit en zone rouge, pas de consignes spécifiques sur les transports de la préfecture à cette heure-ci, le 21 septembre. Les rames sont désinfectées régulièrement. "On est très vigilant sur les surfaces de contact. Poignées de portes des toilettes, ou autres surfaces", continue la responsable. Tout en redisant que "depuis le début de la crise, on applique les consignes".
La règle du un siège sur deux n’est plus en vigueur. Cela peut être anxiogène, mais le masque est obligatoire.
Il est 6:00 ! ⌚️
— TER Grand Est (@TERGrandEst) September 21, 2020
Bonjour !
Avec vous jusqu’à 13:00, Amélie & Manue vous informent sur les lignes #TER de la @regiongrandest. ?????
Matthieu est présent sur le fil @TERNancyMetzLux. ???
N'oubliez pas les #GestesBarrières !
Belle journée. pic.twitter.com/8YT90soGDU
Blandine n'entend pas en rester là. "Sur le quai à Reims, les passagers étaient exaspérés, et il y avait beaucoup de jeunes. Même pour des petits trajets, c’est pas possible de laisser faire ça. Je suis impactée, poursuit-elle, car tout ce que l’on met en place contre le virus est balayé d'un seul coup." Elle a finalement pris le train suivant à 17 heures, elle a pu être assise. Elle a rejoint ses parents, et le virus lui donne surtout l'envie de se battre pour protéger ses concitoyens.