Durement touchés lors des fêtes de fin d’année 2020, les traiteurs s’avancent avec crainte vers Noël et Nouvel An, sauce 2021. Dans un contexte sanitaire qui s’assombrit, certains essuient déjà des annulations, d’autres voient leur avenir avec incertitude. Illustration en Lorraine.
Les fêtes de fin d’année avancent à grands pas et avec elles, ses réveillons et les repas en famille. C'est également le cas dans les entreprises qui font souvent appel aux traiteurs pour leur concocter les repas de fin d'année. Après des fêtes 2020 en format réduit, les traiteurs espéraient un retour à la normale pour cette année. Mais le contexte sanitaire s’obscurcit, les contaminations de Covid s’accélèrent et de nouvelles restrictions réapparaissent.
Mais après des fêtes difficiles l’an dernier, Sylvie Marcotullio, présidente de la filière traiteur de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie de la Moselle, préfère capitaliser sur cette expérience pour positiver sur l’avenir de la branche : "Il y a un an et demi, on n’avait pas les protocoles sanitaires, on ne savait pas comment il fallait agir. Depuis, on a appris, on a créé des protocoles. Notre métier s’est adapté, la profession s’est adaptée. On a appris, on est prêt".
Nous sommes prêts, mais si les clients ne veulent pas prendre le risque, on ne peut pas les forcer
Margaux Waneukem, Les Paganis traiteur
Mais Margaux Waneukem, responsable d’exploitation chez Les Paganis Traiteur à Ludres (Meurthe-et-Moselle), ne pense pas que tout sera si simple : "Nous sommes prêts, mais si les clients ne veulent pas prendre le risque, on ne peut pas les forcer. Lorsqu’un repas réunit des personnes âgées ou tous les pompiers d’un village, on peut comprendre que les entreprises prennent peur."
Un frein ressenti dans l’activité
Bien qu’aucune restriction n’ait été annoncée qui puisse toucher les traiteurs pour le moment, c’est davantage face à cette peur grandissante que Margaux Waneukem s’inquiète. Les annulations commencent à pleuvoir : "On a eu des annulations pour cette semaine, un repas de 300 personnes annulé. Depuis ce matin, on a déjà 20.000 € de perdu. On est très inquiet pour la suite du mois de décembre. C’est notre plus gros mois de l’année. Nous faisons deux millions de chiffre d’affaires et 500.000 € uniquement sur le mois de décembre. J’ai vraiment peur."
On n’a pas encore d’annulations pour l’instant, mais on sent qu’il y a un frein
Samuel Mira, PDG Maison Léonard
Un phénomène ressenti avec moins d’impact chez certains de ses confrères : "On n’a pas encore d’annulations pour l’instant, mais on sent qu’il y a un frein. On fait du dancing tous les dimanches (N.D.L.R. : des bals), la fréquentation a diminué de 30% et les gens ne reviennent pas", explique de son côté Samuel Mira, PDG de Maison Léonard à Epinal (Vosges).
L’incertitude guette les annulations, mais va forcément engendrer des pertes : "J’ai déjà 2.000 repas de commandés, on fait quoi de la marchandise ?", s’interroge Samuel Mira. "Les orchestres, je les ai déjà réservés, j’ai déjà payé un pourcentage dessus".
Une situation qui entraîne beaucoup de questions : "Les craintes, malheureusement, on en a, pas spécialement du Covid qui arrive, mais surtout de ce que le gouvernement va décider. On n’a pas forcément d’annulation, mais beaucoup de gens attendent de savoir ce qu’il en est pour organiser ou pas un événement" analyse Yves Caillet, traiteur à Granges sur Vologne (Vosges).
L’évolution de la crise sanitaire au cœur des préoccupations
Tous ne sont donc pas submergés par les annulations, mais vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de leur service : "La semaine dernière, nous étions obligés de refuser des événements, mais depuis ce matin, nous n’avons pas beaucoup de mail, ni d’appel" raconte Margaux Waneukem des Paganis Traiteur. "On a l’impression de retourner en arrière. C’est très calme d’un coup."
Et cette situation fait forcément parler au sein même de ces entreprises : "On en a parlé le temps de la pause, c’est déjà dans les esprits. Les salariés ont peur pour eux, pour leur avenir et pour leur argent aussi. Certains ont prévenu que si on passait en chômage partiel, ils partiraient, car ils ne pouvaient pas se permettre de perdre encore de l’argent. Mais on les a prévenus que si la situation devient la même que l’année dernière, nous penserions à la liquidation" avoue avec amertume la responsable d’exploitation à Ludres.
Pour éviter ces annulations à répétition, Sylvie Marcotullio, aussi directrice administrative et financière chez Marcotullio Traiteur à Louvigny (Moselle), préfère rassurer ses clients : "Il faut avoir un message très positif. Ceux qui vont annuler sont ceux qui ont peur, mais il faut les rassurer. Quand on envoie un devis à un client, on lui explique le protocole sanitaire. Mais il n’y a pas plus de danger de faire une réception que d’aller dans son supermarché ou que de faire le Black Friday."