5.000 petits clubs de football ont disparu en France en l'espace de six saisons. Et ceux qui n'ont pas encore été rayés de la carte sont souvent en souffrance. Pénurie de bénévoles, joueurs moins investis et surtout difficultés à joindre les deux bouts... l'Alsace est elle aussi concernée.
Un terrain de football désespérément vide, un mercredi en fin d'après-midi. Pas de joueurs, pas de ballon. A la place, des champignons et quelques tas de terre laissés par des taupes qui ont pris possession des lieux. Les buts et les filets sont encore en place, comme des âmes en peine. A Villé (Bas-Rhin), le club de foot n'est plus qu'un souvenir. Il n'a certes pas encore été dissout, mais c'est tout comme : pour la première saison, plus aucune équipe n'est inscrite à un championnat, l'association n'a plus de licenciés.
"Sur 40 licences, il y avait toujours les 10, 12 mêmes joueurs et à un moment donné, ça devient lassant pour ces 10, 12 qui restent. Ils en ont marre. Venir tous les dimanches à 11 pile poil pour se prendre la tête la moitié de la saison, ce n'est pas la peine. J'ai préféré tout arrêter plutôt que de faire une saison en plus encore galère. C'est du travail pour pas grand-chose". L'ancien président de l'AS Villé est encore touché par la décision qu'il a dû prendre et admet ne se rendre que très rarement dans les environs du terrain de foot...la plaie est encore trop fraiche.
Au moins trois manifestations par an à organiser pour vivre
Comme à Villé, beaucoup de clubs sont en difficulté. En France, 5.000 ont disparu ces six dernières années. L'Alsace a déjà compté jusqu'à 600 clubs, ils ne sont plus qu'entre 520 et 540 aujourd'hui. La faute, souvent, à une baisse du nombre de bénévoles. C'est le cas dans le petit village d'Hessenheim, pas loin de Sélestat, où près de la moitié des membres du comité souhaite arrêter après des années de dévouement.Trop fatiguant, trop stressant aussi, car il faut organiser au moins trois manifestations par an pour que le club puisse tourner. Et ce n'est toujours pas suffisant. Les finances du FC Hessenheim sont au plus bas. Le président et ses bénévoles ne savent pas combien de temps ils pourront encore tenir à ce rythme. L'avenir de l'association ne tient qu'à un fil.
Fusionner pour perdurer
La mort des clubs est d'autant plus triste que le football est une école de vie pour des milliers d'enfants. Le district d'Alsace de football dit vouloir les aider à s'en sortir, notamment à travers des formations dispensées aux encadrants. René Marbach, son président, appelle les dirigeants à bien se structurer pour gagner la confiance des parents et les incite à se montrer responsables dans leur gestion : une cotisation à 50 euros pour des enfants qui bénéficient de plusieurs entraînements par semaine n'est par exemple selon lui pas suffisante.Souvent, ce travail sur l'organisation de la structure passe par la fusion de plusieurs clubs. Dans la vallée de Villé par exemple, Saint-Pierre-Bois et Triembach-au-Val se sont associés. Au lieu de fêter chacun leur 70e anniversaire dans quelques années, ils célèbreront leur 20e anniversaire commun.
"Triembach avait plus de 100 jeunes mais quasiment plus de dirigeants, et aurait sans doute disparu à assez court terme, alors que nous à Saint-Pierre-Bois, nous avions les dirigeants", explique Romuald Thirion, membre du comité de cette nouvelle entité. Avec 16 équipes et notamment plusieurs formations de jeunes dans chaque catégorie, le FC Saint-Pierre-Bois / Triembach-au-Val a trouvé le moyen de faire perdurer le football dans la vallée.