Les liaisons terrestres entre l'Alsace et le Bade-Wurtemberg sont souvent saturées aux heures de pointe. La région Grand Est et le Land voisin vont mettre en place un plan conséquent de développement du rail d'ici 2024.
Ce jour-là, nous avions rendez-vous avec la conseillère régionale Evelyne Isinger en gare de Lauterbourg. Fermée depuis longtemps, elle a l'allure d'une gare fantôme. Des herbes hautes, un guichet fermé depuis belle lurette, pas âme qui vive. Pourtant, elle devait avoir fière allure cette gare au temps où des trains reliaient Strasbourg à la ville de Karlsruhe, en Allemagne, plus grand centre économique de ce secteur frontalier. Mais comme beaucoup d'autres lignes ferroviaires, la liaison Strasbourg - Karlsruhe a été arrêtée en 1980, trop peu rentable. La voiture avait la faveur des milliers frontaliers qui se rendaient chaque jour en Allemagne.
Presque quarante ans plus tard, la donne a changé. Les ponts sur le Rhin sont vieillissants et doivent faire l'objet régulièrement de gros travaux. Le trafic a sensiblement augmenté. Les routes sont saturées. Evelyne Isinger a pris en charge ce dossier parce qu'elle s'occupe du transport et depuis peu également, des dossiers transfrontaliers dans la région Grand Est. Elle s'est aussi intéressée à cette problématique car elle habite le nord de la région et connaît bien les problématiques des frontaliers. C'est donc avec elle que nous montons dans le seul TER allemand qui fait tous les jours les allers-retours entre Lauterbourg et Wörth, dans la banlieue de Karlsruhe. Elle a son dossier prêt sur ses genoux.
Tourisme transfrontalier
Deux jours auparavant, elle a participé à la signature d'un accord entre la région Grand Est et le ministère des Transports du Land de Bade-Wurtemberg. Après des mois de discussions financières et techniques, les deux régions frontalières sont tombées d'accord. Trois liaisons ferroviaires vont être développées: Strabourg - Offenbourg, Mulhouse - Müllheim et donc, Strasbourg - Karlsruhe. L'accord prévoit le financement de nouveaux autorails compatibles, le rétablissement de la liaison Strasbourg - Lauterbourg ainsi qu'un cadencement horaire.Ce dernier devrait permettre de prendre en compte les horaires particuliers des frontaliers qui travaillent souvent en équipes de jour comme de nuit. L'enveloppe budgétaire globale n'a pas encore été chiffrée mais il s'agira de plusieurs centaines de milliers d'euros. La ligne permettra également d'encourager le tourisme transfrontalier. Les rames seront suffisamment grandes pour permettre aux cyclistes d'embarquer leurs bicyclettes. Ce plan de développement devrait aboutir fin 2024, début 2025.