Le confinement a été difficile à vivre pour tout le monde, y compris les producteurs alsaciens. Depuis lundi 11 mai, ils peuvent à nouveau faire venir la main-d'oeuvre étrangère dont ils ont tant besoin pour leurs récoltes. L'alternative des cueilleurs amateurs a en effet montré ses limites.
Depuis ce lundi 11 mai, les producteurs alsaciens peuvent à nouveau faire venir les travailleurs étrangers sur leurs exploitations. De quoi pousser un "ouf" de soulagement après des semaines d'incertitude et de gestion difficile avec des cueilleurs amateurs. La fin de la saison des asperges et celle des fraises qui devrait commencer bientôt s'annoncent sous de meilleurs auspices.
Simone Hartmann l'affirme" le mois d'avril 2020 a clairement été difficile". Cette productrice d'asperges et de fraises dans la commune de Berstheim (Bas-Rhin) a dû faire avec la main-d'oeuvre qu'elle a trouvée. Pour la récolte des asperges, elle a besoin d'une vingtaine de personnes. Privée des habitués, elle a fait appel à des travailleurs locaux et quelques personnes en chômage partiel. Cela a fonctionné, " à peu près" reconnaît-elle. Comme cela a été le cas dans bien des exploitations alsaciennes. De ce fait, une partie des asperges (de 15 à 20%) a été sacrifiée faute de main-d'oeuvre qualifiée.
"La récolte des asperges, c'est très dur physiquement, ça casse le dos" explique Franck Sander, président de la FDSEA du Bas-Rhin. Beaucoup de ceux qui s'étaient portés volontaires via la plateforme "Des bras pour ton assiette" n'ont pas tenu le coup. Certains sont restés quelques jours, d'autres beaucoup moins. La situation devenait très compliquée pour les paysans, obligées de former sans cesse de nouveaux travailleurs et de faire face à une montagne de paperasses.
Alors depuis des semaines, les responsables de la filière aidés des syndicalistes agricoles ont fait le forcing auprès du ministère pour une réouverture des frontières à ces travailleurs. La situation était d'autant plus incompréhensible pour les producteurs que leurs voisins allemands avaient affrêté des avions pour leurs saisonniers.
Les fraises arrivent !
Et cette fois, c'est fait. L'autorisation a été accordée jeudi 7 mai : les travailleurs européens, détenteurs d'un contrat de travail, pourront déroger à la fermeture des frontières. Simone Hartmann a d'ores et déjà appelé les travailleurs polonais et roumains qu'elle a l'habitude d'embaucher. Elle sait qu'il leur faudra du temps pour venir mais elle espère qu'ils seront là pour terminer la saison des asperges et assurer celle des fraises. Un mois et demi de travail décisif dans la saison. Reste à croiser les doigts pour que ces saisonniers puissent passer sans encombre les frontières allemandes et hongroises. Même si, déconfinement oblige, le voyage s'annonce plus facile.Réouverture des marchés
Un déconfinement qui aura également une autre conséquence positive, celle de la vente de la production agricole. Parce que cette semaine du 11 mai est aussi celle de la réouverture des marchés de plein air, notamment à Strasbourg. Un débouché non négligeable pour la filière qui a beaucoup souffert de leur fermeture. Ajoutée à celle des restaurants, elle a obligé beaucoup de producteurs à se tourner vers la grande distribution qui a, plus ou moins, joué le jeu de la proximité."Au mois de mars on était paniqué", avoue Simone Hartmann, "là, on est très soulagé". Ne manque plus qu'une météo maussade pour compléter un tableau presque idyllique ! En effet si la pluie se maintient plusieurs jours, les fraises ne seront pas mûres avant l'arrivée des saisonniers.