Anaïs Guillaume : "Il n'avait que moi, je n'avais que lui", se souvient Victoria Gillet

Le témoignage de Victoria, la fille de l'accusé Philippe Gillet, était très attendu ce jeudi 8 avril devant les assises de la Marne.  

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"J'ai le sentiment qu'enfin, elle va avoir une tombe, un endroit propre et respectable." Ce jeudi 8 avril aux assises de la Marne, il est 19 heures passées quand Victoria Gillet se dirige vers la barre. Les épaules rentrées, la voix faible et le visage amaigri, l'Ardennaise âgée de 20 ans est méconnaissable. Son crâne est dégarni, signe d'une grave maladie. Elle l'assure, elle n'aura pas la force de revenir témoigner le lendemain. Elle préfère en finir. 

Quand la cour lui demande ce qu'elle ressent quand elle découvre les ossements d'Anaïs Guillaume, elle ne se souvient plus vraiment. "Les gendarmes me disent que je ne suis pas obligée de rester, que je peux partir. Mais moi, ça fait quatre ans que je vis tout ça, que je suis là dedans. Je veux savoir si c'est elle." Depuis quelques mois, elle s'est éloignée de son père. "Aujourd'hui, quel est votre sentiment sur son implication ?", lui demande la présidente. "Je vous l'ai dit : je ne sais plus qui croire, rétorque Victoria Gillet. Est-ce qu'il a une part de responsabilité ? Est-ce qu'il est totalement coupable ? Je ne sais pas." Elle marque une pause. "Et puis ça fait tellement longtemps qu'on se parle plus. On n'a plus aucun lien.  J'ai essayé de m'installer, d'instaurer une vie saine."  Voici les points à retenir de cette journée d'audience. 

>> Pour tout comprendre au procès de Philippe Gillet, lisez notre article

  • La vidéo des fouilles sauvages émeuvent la famille Guillaume. A priori, les images ne sont pas violentes. Pourtant, elles ont plongé les assises de la Marne dans un silence de plomb. C'est la vidéo prise par Victoria Gillet, en octobre 2019, quand elle et son ami entreprennent des fouilles sauvages en octobre 2019, qui est diffusée sur les écrans de la salle d'audience à 17 heures passées. Sous un grand soleil, une pelleteuse creuse une parcelle appartenant à Philippe Gillet. Ce jeudi 8 avril, on sait ce que l'engin finira par déterrer. Ce sont les ossements d'Anaïs Guillaume, ensevelis sous la terre et la chaux. Après six minutes de visionage, un os apparaît. "On est bien d'accord ?", demande une voix féminine. La salle comprend. Valérie Guillaume quitte la salle, en larmes, épaulée par son fils. Pendant ce temps, l'accusé scrute l'écran, masque baissé. Comme s'il se trouvait au premier rang d'une salle de cinéma.

 

  • A la vue de sa fille malade, Philippe Gillet quitte l'audience. C'est une jeune femme amaigrie et sans cheveux qui a fait irruption dans la salle d'audience ce jeudi à 14 heures. Victoria Gillet, décrite mardi comme "gravement malade" par l'avocat de son père, Ghislain Fay, s'est rendue à la cour d'assises de Reims. Assise tranquillement au deuxième rang derrière les parties civiles, Victoria Gillet, masque sur le visage, est méconnaissable. Après quelques minutes, son père la reconnaît. Il s'écroule, crie. "Monsieur Gillet, souhaitez-vous que nous vous accordions cinq minutes ?", demande la présidente. Furieux, il quitte son box. "Foutez-moi la paix ! Accordez-moi cinq minutes !". Le témoignage de sa fille est très attendu ce jeudi aux assises de la Marne.

 

  • Un témoignage clé est attendu ce jeudi. C'est celui de Victoria Gillet, la fille de Philippe Gillet. C'est elle qui avait retrouvé les ossements d'Anaïs Guillaume le 29 octobre 2019. Un an plus tard, elle avouait avoir envoyé une lettre anonyme qui innocentait son père et mentionnait l'emplacement du corps d'Anaïs, à l'avocat de l'accusé et au journal l'Union. Elle affirmait également avoir agi sous l'emprise de son père, qu'elle a toujours défendu.

 

  • Philippe Gillet nie toujours son implication. Mardi, appelé à s'exprimer sur les faits qui lui sont reprochés, l'exploitant agricole continue de clamer son innocence. Cela fait maintenant plus de cinq ans qu'il est en détention. Il est poursuivi pour l'assassinat d'Anaïs Guillaume et "violences ayant entraîné la mort" de Céline Gillet, son épouse, décédée en janvier 2012. En première instance en 2019, il avait été condamné pour le meurtre d'Anaïs Guillaume (la préméditation n'a pas été retenue).

 

  • Les experts confirment la présence de chaux sur les ossements d'Anaïs. Ce détail est important, car il est à mettre en relation avec un achat peu habituel de Philippe Gillet, le 16 avril 2013, le jour de la disparition d'Anaïs Guillaume. Un enquêteur soulignait mardi que deux sacs de 25 kg représentaient une quantité "dérisoire" pour un agriculteur. "Un témoin dit que Gillet a évoqué la possibilité de faire disparaître un cadavre à l'aide de la chaux", a-t-il également rappelé.
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