Formé au Racing, mais contraint de quitter le club, en liquidation, en 2011, ce jeune joueur de 23 ans s'est exilé en Thaïlande en 2014. En 2 ans, il est devenu une star dans un pays où le football déclenche les passions. Manuel Goetz l'a rencontré dans son pays d'adoption.
C’est l’histoire d’un mec qui a failli voir son rêve de devenir footballeur professionnel, se dérober sous ses pieds, lorsque son club formateur, le Racing est liquidé en 2011. Comme de nombreux jeunes du centre de formation, il a fallu rebondir. Pas facile, quand on est peut-être encore trop jeune pour passer pro, mais déjà trop vieux pour intégrer un autre centre de formation.
Dans son CV, un atout : le titre de champion de CFA2, obtenu avec la réserve, sous les ordres de François Keller. « Dès le mois de février, le Président (Jafar Hilali ) nous avait prévenu que nous, les jeunes, devions tous chercher un autre club. Alors ce titre, cette aventure, ça a surtout été notre truc pour nous, les joueurs et le staff. Nous aurions tous aimé rester au Racing. J’y ai vécu mes plus belles années ».
Tristan Do et son pote Yoann Wachter signent à Lorient, un contrat 3 ans, en Ligue 1.
A 18 ans il a fallu passer du Centre de formation à un vestiaire de L1
Il s'entraîne toute la semaine avec les pros, mais joue le week-end avec la réserve durant toute la première saison, avant d'être prêté à Epinal.
Le jeune latéral droit se blesse alors gravement (fracture du tibia droit) : « la première grande blessure dans ma carrière, ce fut un moment difficile », avec 4 mois d'arrêt.
Il inscrit alors son 1er but chez les pros, ironie du sort, face au Racing, à la Meinau : « c’était un sentiment particulier de marquer ici, c’était bizarre ».
L’aventure corse, s’arrête, à l’issue de la saison.
Direction Bangkok
A l’été 2014, un agent lui suggère alors la Thaïlande. Il n’y a jamais été et ne parle pas la langue, mais son papa est Thaïlandais. « Ma famille est modeste, nous n’avions jamais eu les moyens de partir à 5 en Thaïlande ».
On lui propose à un essai à BEC Tero (prononcez Bicitero), l'un des nombreux clubs de Bangkok.
La Thaïlande est à la recherche de joueurs étrangers qui peuvent obtenir un passeport Thaï, c’est son cas.Tristan s’envole pour Bangkok.
Je me suis dit, je n’ai rien à perdre… En arrivant, j’ai été stupéfait par l’ambiance dans les stades, il y a une ferveur énorme de la part des supporters
Quelques semaines plus tard avec BEC Tero, il remporte la Coupe de Thaïlande et obtient la nationalité thailandaise.
En 2015, il débute sa première saison complète dans un championnat qui se dispute entre mars et octobre. Son talent au poste de latéral droit séduit le sélectionneur de l’équipe espoirs. Il est retenu pour les « Sea Games » (les Jeux d’Asie du Sud Est) à Singapour. La Thaïlande remporte la compétition.
Nouveau coup d’accélérateur en aout 2015, il décroche sa 1ère sélection avec l'équipe nationale A.
« Pour la première fois j’ai joué devant 60.000 spectateurs, au Stade Rajamangala à Bangkok. On a fait match nul 2 partout face à l’Irak. Depuis je n’ai plus quitté le 11 de départ. »
Le décès du Roi stoppe le championnat
L’an prochain Tristan Do va découvrir la Ligue des Champions d’Asie et poursuivre les qualifications pour le Mondial 2018 en Russie. « Nos chances de se qualifier sont minces, mais notre groupe est jeune, nous avons encore de belles années devant nous ».
Assurément en Thaïlande, où Tristan Do a retrouvé le sourire.