Tout a démarré en 1992 quand sept producteurs ont décidé de franchir le pas : convertir leur exploitation pour produire du lait bio. Aujourd'hui, soixante agriculteurs ont suivi l'exemple proposant ainsi un large choix de produits sans pesticides.
L'Alsace Bossue (dans le nord ouest du Bas-Rhin) est réputée pour ses vergers et ses grands champs. Elle compte aussi de nombreuses exploitations laitières qui se convertissent les unes après les autres à l'agriculture biologique. Chaque année ce sont trente millions de litres de lait bio qui sont vendus à travers la France et ce chiffre va certainement encore augmenter, vu l'attrait grandissant des agriculteurs du coin pour des produits plus sains.
"A l'époque notre coopérative laitière Unicolait réflechissait aux solutions existantes pour se développer et les consommateurs commencaient déjà à demander des aliments bios" c'est la raison pour laquelle la famille Klein, domicilée à Ottwiller (Bas-Rhin), a décidé de changer ses pratiques agricoles. Car si après-guerre les pesticides représentaient une avancée sociale, ce n'est plus le cas pour les nouvelles générations. Comme elle, six autres familles ont fait ce choix, nous étions en 1992. "C'était un peu compliqué au début car il fallait tout imaginer, nous avons commencé par créer une coopérative d'utilisation de matériel agricole (CUMA, ndlr) pour travailler tous ensemble" Véronique Klein et son époux ont vite compris qu'ensemble, ils allaient être plus forts et cela a fonctionner. Aujourd'hui la coopérative compte vingt-cinq agriculteurs et l'Alsace Bossue rassemble, à elle toute seule, soixante producteurs qui sont passés en bio.
"Ici nous avons de grandes surfaces de cultures ce qui est moins le cas en plaine d'Alsace" voici l'une des raisons pour laquelle les reconversions sont si nombreuses sur ce territoire. L'agriculture biologique nécessitant 30% de surfaces en plus que l'agriculture conventionnelle, il est plus aisé de se lancer quand on dispose de grands champs et prairies. Ainsi ce sont des milliers d'hectares qui sont traités naturellement en Alsace Bossue.
Un développement du bio que ne s'arrête pas à la production laitière. Fruits, légumes, bière, viande, les filières ne cessent de grandir. Damien Klein, par exemple, a décider d'élever des poulets bios en complément de ses vaches laitières. Cela fait deux ans qu'il est entré dans l'association Plume bio du Grand Est, une structure qui fait la promotion des poulets naturels élevés, abbatus et vendus dans la région.