En Alsace, le cheval fait son retour dans les vignes pour labourer

Progressivement abandonné avec l'arrivée du tracteur au XXe siècle, le cheval réinvestit les vignes pour labourer. Pour de nombreux vignerons, cette technique incarne l’avenir : plus écologique, moins néfaste pour les sols, elle permet surtout d’obtenir de meilleurs rendements.

Il a déjà reconquis les vignes de Bourgogne et du Bordelais depuis quelques temps, le cheval fait désormais aussi son retour en Alsace pour labourer. Loin d'être un retour en arrière à l'ère où le tracteur et la mécanique n'avaient pas encore fait leur apparition, la technique est clairement considérée comme un progrès par ceux qui l'utilisent. 

Dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, une dizaine de prestataires sont actifs et proposent leurs services à des vignerons. Pierre Simler, ancien professeur des écoles, a démarré il y a quatre ans à Albé pour assouvir son désir de toujours : "travailler avec des chevaux".
 


Il compte une douzaine de clients, convaincus par les premiers résultats observés : "Chez certains vignerons, nous avons divisé une même parcelle en deux : la partie travaillée au cheval donne des résultats complètement différents de celle travaillée au chenillard ou au tracteur. Nous avons eu jusqu’à un tiers de rendement en plus avec des raisins plus beaux et plus grands", explique le laboureur.
 

Des rendements meilleurs

C'est précisément cette recherche de meilleurs rendements qui pousse de plus en plus de vignerons à choisir la traction animale. Ghislain Moritz vient de se lancer. Il voit dans le respect des sols la condition sine qua none pour produire le vin haut de gamme auquel il aspire et considère que le laboureur - grâce à sa relation directe avec la terre - saura travailler en harmonie avec les éléments. Et surtout sans abîmer les sols, précise Pierre Simler : "Une parcelle est totalement différente selon qu’elle soit labourée au moyen d’un cheval ou d’un tracteur. Le sol n’a rien à voir, il est non seulement plus aéré mais aussi plus vivant. La vie peut se développer dans la terre".
 


Une minéralité essentielle pour obtenir du bon vin : "Plus la racine peut se développer en profondeur, meilleur sera le vin", explique Léonard Humbrecht, du domaine Zind-Humbrecht à Turckheim (Haut-Rhin). Or, le tracteur tasse le sol et empêche la racine de descendre dans la terre. Le vigneron, qui a aujourd'hui passé le relai à son fils Olivier, a constaté une amélioration de la qualité de son vin depuis que le domaine travaille en biodynamie : le labour est assuré par des chevaux depuis plus de 20 ans.
 

Une technique plus coûteuse

Un investissement conséquent : "En soi, un cheval coûte moins cher qu'un tracteur, raconte Olivier Humbrecht. Mais c'est tout ce qu'il y a autour qui revient cher". Comprenez par-là, l'entretien des animaux qui s'étend bien au-delà du travail dans les vignes. Pour aller au bout de sa philosophie, la famille Humbrecht a décidé d'employer un salarié à plein temps pour s'occuper de ses différentes montures. "Je les emmène chez le vétérinaire, chez l'ostéopathe, je les nourris, je les entraîne", détaille Dominique Meyer, salarié du domaine depuis dix ans et dont l'activité est dédiée aux chevaux à 90%. Cela n'existe pas ailleurs dans la région. 

Mais les vignerons semblent avoir réussi leur pari : ils ont fait de leur façon de travailler un argument commercial et vendent aujourd'hui la quasi-totalité de leur vin biodynamique à l'étranger. Une production qui, en plus, n'est pas impactée par les épisodes de sécheresse car les racines, bien installées en profondeur, ne souffrent pas du manque d'eau. Et cela pourrait se révéler très précieux à l'avenir. 
 
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