Musiques du monde, musique actuelle, classique, instrumentale ou vocale, jazz, folk, chant choral, airs d'opéra… Pour la seconde fois, Schiltigheim se prépare à un week-end haut en couleurs, qui fait la part belle aux artistes locaux.
Du 5 au 7 avril, le festival Muz fera vibrer Schiltigheim. Une programmation éclectique est prévue en divers lieux et salles de la ville, pour ce festival pas comme les autres, qui mêle musiques actuelles, musiques du monde et musique classique, instrumentistes et chanteurs, professionnels et amateurs. Le festival est initié par les Ateliers des Malteries, une sorte d'"école de musique" qui propose principalement des ateliers individuels et collectifs de chant pour adultes. L'accès à tous les concerts du festival est gratuit, mais les dons, bénéfices des plateaux à la sortie et de la buvette seront intégralement reversés à l'association Casas, qui aide des demandeurs d'asile politique dans leurs démarches administratives.
Mixer les publics comme les musiques
Permettre à des artistes de styles et de niveaux divers de se rencontrer, et au public de les découvrir, est le premier but du festival Muz. Durant trois jours, de ce vendredi 5 avril jusqu'au dimanche 7, il se déploiera tous azimuts avec des musiciens aux influences multiples : savantes, urbaines, romantiques, classiques, improvisées, pop, jazz, électro, turques, hispaniques, afghanes, persanes, africaines, des Balkans… Un joyeux mélange, rafraîchissant et enrichissant, où chacun trouvera son bonheur. Et, plus largement, une démonstration que des styles très variés, loin de s'opposer, se complètent et s'enrichissent. A l'image des rencontres humaines. Le but est de "mixer les publics comme les différents types de musique, d'échanger et de communiquer" explique Marie-Noële Vidal, responsable artistique aux Ateliers des Malteries.
Des guest stars et des amateurs
A l'entrée de Schiltigheim, le patron d'un restaurant turc, Umut Catal, saisit parfois son saz et se met à chanter, lorsqu'il a fini son service. Ce lieu emblématique est devenu le Stammtisch de plusieurs musiciens du quartier, qui s'y retrouvent pour s'écouter et échanger. Une petite bande d'origines et de cultures diverses, avide d'apprendre des autres. Et parmi eux, les initiateurs du festival. C'est peut-être en ce lieu que le projet du festival Muz a jailli. "Quand on est musicien et qu'on vit à Schiltigheim, c'est très impressionnant de découvrir la variété de musiciens et de cultures qui vivent côte à côte en s'ignorant. Chacun est dans son univers" ajoute Marie-Noële, elle-même chanteuse professionnelle. Avec le festival Muz, "on a donc voulu créer un lieu où ces musiciens se rencontrent, croisent leurs pratiques et s'écoutent mutuellement." A la même table, Eddy Zwick, qui a composé un morceau spécialement pour le festival. Mais aussi Ali Hachemizadeh, Iranien installé en France depuis plusieurs décennies, improvise un air sur son santour, un instrument à cordes frappées, avant de le présenter : "Le santour a plus de 1500 ans, c'est l'ancêtre du piano. Venu de l'Inde, il a traversé l
'ancienne Perse, puis voyagé vers l'Europe."
Un programme très éclectique
Muz démarrera ce vendredi 5 en soirée, à la Salle du Brassin, avec une soirée de musiques actuelles. Au programme : afrobeat, électro-pop, oriental dance noise et rap électro-punk. Samedi 6, les festivités se dérouleront en l'église de la Trinité, avec une succession de concerts de midi à minuit. Dès 12h, une succession de chorales très diverses, puis dès 15h des musiciens d'Orient et d'Occident feront se côtoyer des sonorités familières et insolites, de Brahms aux musiques de Syrie, de Poulenc au tango argentin. La soirée débutera par un feu d'artifice lyrique, avec une dizaine de solistes interprétant des airs d'opéra, puis se poursuivra avec le groupe Turquoise, six musiciens dont la vocation est de faire connaître les trésors de la musique turque et de ses troubadours : "Cette musique turque est très poétique, précise Marie-Annick Guillemin, membre du groupe Turquoise. Les textes sont beaux et la musique, magnifique." Le groupe Turquoise sera accompagné d'une guest star, la violoncelliste hollandaise Lidy Blijdorp. Du jazz complètera la soirée jusque tard dans la nuit. Dimanche 7 avril, en l'église de la Trinité, une scène ouverte rassemblera tous les amateurs jusqu'à 16h. Elle sera suivie d'un concert de Lieder, et Muz finira en beauté par un bal champêtre au parc de la fondation St Vincent de Paul.
Aucun artiste ne touchera de cachet
Tous les musiciens qui se produiront durant ces trois journées le feront bénévolement. Tous les bénéfices (des plateaux et de la petite restauration-buvette) seront intégralement reversés à l'association Casas, dont le premier but est d'aider les demandeurs d'asile à constituer leur dossier de recours, dans l'espoir d'obtenir le statut de réfugié. "Beaucoup (de demandeurs d'asile) ne parlent pas le français" explique Jean-Pierre Schmitt, l'un des très nombreux bénévoles de l'association. "Ici, des traducteurs et des juristes les aident à remplir les papier, et à rédiger leur récit." Mais l'association s'efforce aussi d'accueillir les personnes avec un peu d'humanité. Elle leur propose des cours d'initiation à la langue française et des moments conviviaux, qui leur permettent d'oublier leurs soucis durant quelques heures. "Je me demande comment ils tiennent le coup", confie Brigitte Ammel, une autre bénévole de l'association. "Tous n'ont pas un lit où passer la nuit, ni même de quoi survivre. Certains ont fait des études dans leur pays, ils étaient médecin ou avocat. Et aujourd'hui, ils ne sont plus rien." De nombreux demandeurs d'asile aidés par Casas se sont déclarés prêts à donner un coup de main en coulisses durant le festival – qui mobilise une bonne centaine de bénévoles. Ou d'apporter une spécialité culinaire de leur pays.