Apprentissage : une formation franco-allemande reconnue de l'autre côté de la frontière

Depuis 2014, les lycéens d'Alsace et du Bade-Wurtemberg peuvent suivre une formation franco-allemande en lycée professionnel, c'est l'"Azubi-Bac Pro", une compétence en allemand supplémentaire pour travailler de chaque côté du Rhin. Un plus très apprécié des employeurs.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

La formation "Azubi-Bac Pro" existe depuis 2014, en Alsace et dans le Bade-Würtemberg. Elle permet aux élèves des 14 lycées partenaires d'obtenir le diplôme de leur pays avec en plus une attestation de compétence « Azubi-Bac pro », signée par l’académie de Strasbourg et le ministère de l’éducation du Bade-Wurtemberg. Cette attestation est reconnue par les établissements du supérieur dans les deux régions, ainsi que par les employeurs des deux côtés du Rhin, et elle vient attester d'une réelle maîtrise de la langue du partenaire, dans le cadre professionnel. Un vrai plus sur le marché du travail pour ces jeunes, qui habitent dans des régions frontalières.

Déroulé de la scolarité

Les lycéens d'Illkirch qui choisissent le cursus "Azubi-Bac Pro" ont des heures de cours en plus du programme habituel pendant leurs trois années de lycées, de la seconde à la terminale : des cours de cuisine en allemand, un cours d'interculturalité, de l'allemand renforcé et 12 semaines de stages à faire dans un pays germanophone avant le baccalauréat. C'est un investissement de temps et une charge supplémentaire de travail que beaucoup n'imaginaient pas fournir en choisissant le lycée hôtelier. Mais dès la rentrée, les professeurs leur détaillent ce cursus et les incitent à le choisir. Et pour l'instant, il y a eu très peu d'abandons. Même certains élèves, qui ont un faible niveau d'allemand peuvent y prétendre : ils choisissent Allemand LV1 ou LV2, en fonction de leur niveau, et les stages en immersion dans les entreprises allemandes font le reste. 

Au total, 14 lycées en Alsace et dans le Bade-Wurtemberg proposent un cursus Azubi-Bac Pro, ainsi qu'un lycée de Bourgogne, partenaire d'un lycée du Bade-Wurtemberg, soit 16 lycées français et allemands, visibles sur cette carte :

Intérêt pour les lycéens d'Illkirch

Pour les lycéens du lycée hôtelier Alexandre Dumas d'Illkirch, l'intérêt est double. Maîtriser l'allemand en Alsace est bien sûr un grand avantage, de nombreux touristes germanophones s'arrêtent dans la région chaque année, alors quand on travaille en hôtellerie-restauration, c'est un plus sur le CV. Mais les jeunes voient aussi toutes les perspectives que leur offre cette compétence linguistique pour travailler dans des hôtels et restaurants en Allemagne. A la fois parce que les 12 semaines de stage effectuées dans leur scolarité leur donne un vrai avantage par rapport à des camarades français uniquement francophones. Mais aussi parce que leur connaissance de la restauration et du service à la française intéresse beaucoup d'employeurs Outre-Rhin. "Quand ils arrivent en seconde dans ce cursus, ils ne sont pas tous à l’aise avec l’allemand. Mais tous repartent avec des expériences positives de stages dans les entreprises allemandes", explique Carine Del Torre, professeur d'allemand au lycée Alexandre Dumas. "Et quand ils repartent et qu’ils disent « on m’a traité comme une adulte, on m’a fait confiance », au niveau humain, linguistique et scolaire, c'est une réussite !"

Le but n’est pas d’en faire des bilingues. [...] L'objectif c'est de se faire comprendre et de comprendre les informations qui sont transmises en milieu professionnel.

Marie Knoderer, prof de cuisine, Lycée Alexandre Dumas d'Illkirch

"Dès la première, ils vont en stage en Allemagne, donc ils utilisent très vite ce qu’ils ont appris", confirme Marie Knoderer, professeur de cuisine. Cette enseignante parlait l'allemand, elle s'y est remis à fond pour pouvoir enseigner aussi sa matière, la cuisine, en langue allemande pour ce cursus. "Le but n’est pas d’en faire des bilingues, moi je ne suis que prof de cuisine et pas prof d’allemand. L'objectif c'est de se faire comprendre et de comprendre les informations qui sont transmises en milieu professionnel. Le revirement s’effectue avec les stages, ils reviennent comblés."

Une fois le diplôme en poche, "l’idée c’est que les élèves aient envie de traverser le pont Pflimlin pour aller travailler en Allemagne", conclut Carine Del Torre.

Intérêt pour les lycéens de Kehl

L'intérêt est un peu différent pour les lycéens des Berufliche Schulen de Kehl, section vente. Il s'agit de jeunes du même âge, engagés là aussi pour trois ans dans un cursus franco-allemande. Mais eux sont dès le début en apprentissage. "Azubi" est le diminutif de "Auszubildende", "apprenti" en allemand. Chaque semaine, ils sont trois jours et demi dans une entreprise, et ils n'ont que 13 heures de cours dispensées par les Berufliche Schulen, dont deux de langue française. Par contre, la proximité avec Strasbourg a permis à l'école Kehloise de nouer un partenariat très régulier avec le lycée Emile Mathis de Schiltigheim. "En temps normal, nous organisons des journées communes avec nos élèves sur Strasbourg, au marché de Noël par exemple", explique Sabine Schick, "et nous organisons des groupes de travail mixte, pour repérer les différences de décoration des vitrines ou engager une discussion de vente en français. C'est très concret pour nos élèves, qui parfois ne vont pas d'eux-mêmes en France."

Nos élèves apprentis sont dès le début en contact avec cet univers francophone, dans les commerces de Kehl.

Sabine Schick, professeur d'économie, Berufliche Schulen Kehl

"Comme nos élèves sont dès le début en entreprise, donc dans des commerces de Kehl, où 80% de la clientèle est française, ils sont très vite plongés dans un univers francophone, et ça peut être déstabilisant. Ce cursus leur permet d'avoir les bases linguistiques et culturelles pour faire face à cette réalité quotidienne, ici à Kehl", détaille Sabine Schick. "Certains élèves ne parlent pas le français, le premier pas pour eux, c’est de vaincre la peur, et de développer la communication non verbale. Le but ce n'est pas de parler parfaitement, mais juste de communiquer avec les clients et d'être à l'aise."

Extension du partenariat à d'autres régions

Très peu de jeunes sont déjà diplômés puisque la formation dure trois ans et que les premières ont commencé en 2014. Mais déjà d'autres régions s'intéressent au cursus franco-allemand, parmi elles, la Bourgogne et la Rhénanie-Palatinat. Le Lycée Jean Rostand de Nevers a déjà commencé le cursus pour quelques élèves, depuis 2016, en partenariat avec le lycée d'Esslingen. D'autres pourraient suivre.

 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information