Comme attendu, la démographie dans le Grand Est est en berne avec une baisse du nombre d'habitants. La principale raison est bien sûr la surmortalité liée au covid-19. Seul le Bas-Rhin voit sa population légèrement progresser, moins touché par l'épidémie et plus attractif aussi.
Ce qui frappe en premier lieu dans cette étude de l'INSEE publiée officiellement ce mardi 14 septembre, c'est bien sûr la surmortalité observée dans la région, 14% de décès en plus en 2020 par rapport à 2019, et même 23% en plus dans le seul département du Haut-Rhin, contre 9% au niveau national. Une surmortalité liée à l'épidémie de covid qui provoque en partie la baisse de la population dans le Grand Est, -0,2% en 2020. Au 1er janvier 2021, la région compte donc désormais 5,52 millions d'habitants.
Le solde naturel, la différence entre les naissances et les décès, est donc déficitaire, ce qui n'était jamais arrivé au cours des cinquante dernières années. Une courbe inverse à celle observée au niveau national puisque la population métropolitaine a elle augmenté de 0,2%. C'est donc logiquement que cette surmortalité entraîne une baisse de l'espérance de vie : -1,3 an pour les hommes (de 79,1 à 77,8 ans) et -1,1 pour les femmes (de 84,8 à 83,7 ans), une baisse de l'espérance de vie encore plus marquée dans le Haut-Rhin avec quasi deux ans de moins.
Une région en mal d'attractivité
"On peut dire que le covid a un effet grossissant sur un phénomène déjà existant, explique Didier Breton, démographe et directeur de la Misha (maison interuniversitaire des sciences de l’homme) à Strasbourg. La région Grand Est connaît de toutes façons une décroissance de sa population liée à un solde migratoire négatif." Autrement dit, la région perd plus d'habitants qu'elle n'en gagne, faute d'attractivité.
Seul département à tirer son épingle du jeu, c'est le Bas-Rhin, qui lui, voit sa population augmenter avec 4.000 habitants de plus en 2020 par rapport à 2019. Et se targue d'un solde migratoire (la différence entre les départs et les arrivées sur le territoire, NDLR) positif avec +0,3% et même un solde naturel positif avec +0,1%, autrement dit, le Bas-Rhin est le seul département du Grand Est à compter plus de naissances que de décès malgré l'épidémie de covid.
"Strasbourg est la seule métropole vraiment attractive du Grand Est. Elle attire beaucoup d'étudiants et de jeunes actifs. Et va en attirer encore plus avec les générations d'enfants nés entre 2000 et 2010 qui sont très nombreux", explique encore Didier Breton. Les autres départements du Grand Est perdent donc des populations jeunes faute notamment d'emplois et de perspectives à offrir". Ainsi, la population de femmes de 15 à 49 ans a diminué de 8% en 10 ans dans la région Grand Est contre 3% pour la métropole. La région est la moins féconde de France juste derrière la Corse.
Un tiers de mariages en moins
Et quand la grande région perd les femmes actives en âge de faire des enfants et voit donc sa natalité baisser en moyenne de 2%, celle du Bas-Rhin se maintient. Cette disparité existe aussi en Alsace, puisque le Haut-Rhin compte 5,7% de femmes entre 25 et 35 ans sur sa population globale contre 6,3% pour le Bas-Rhin. "C'est une différence vraiment notable", ajoute Didier Breton.
Enfin, et c'est bien de la responsabilité de l'épidémie uniquement, cette étude révèle que le nombre de mariages célébrés dans la région a fortement chuté : un tiers de moins en 2020 par rapport à 2019. Autant d'occasions de faire la fête à rattraper.