En France, la Marne et l'Aube font partie des départements les plus consommateurs du glyphosate. Quand Nicolas Hulot annonce le début d'une "guerre" contre les pesticides, les réactions sont immédiates.
Des champs français sans glyphosate ni autres pesticides, telle est la volonté du ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot. Le 11 août dernier, le ministre a fait une "déclaration de guerre" à ces produits, à la suite de la condamnation de Monsanto aux Etats-Unis, tenue pour responsable du cancer d'un fermier.
L'Aube championne de France d'utilisation du glyphosate
Sauf que dans la Marne et dans l'Aube, le glyphosate est incontournable. Avec 294,8 tonnes de produit vendues, l'Aube se plaçait d'ailleurs premier acheteur du pesticide en 2016. La Marne n'était pas en reste avec quelque 188 tonnes de produit commercialisées.
Dans son élevage de porcs à la Cheppe dans la Marne, le président de la FRSEA Grand Est dénonce les propos de Nicolas Hulot. Selon lui, ces derniers mettent le feu aux poudres et risquent de braquer certains agriculteurs. Il l'assure : l'utilisation du produit est "maîtrisée".
"En France, on utilise 1% de la quantité mondiale de glyphosate, critique Hervé Lapie, le président de la FRSEA Grand Est. En plus, on va importer de plus en plus de produits du Mercosur, qui eux en utilisent beaucoup plus." Et d'ajouter : "On demande que le ministère de l'Agriculture nous accompagne dans cette transition."
Sur son exploitation bio, Christophe Van Hoorne, représentant de la Confédération paysanne dans la Marne, n'utilise aucun produit phytosanitaire. Que ce soit pour la culture maraîchère et l'élevage ovins, ici le glyphosate ce sont les chèvres… et une interdiction de cette substance et de tous pesticides est plutôt bien accueillie. "On aimerait que ça aille plus vite mais c'est déjà un bon pas, affirme-t-il. La France est prête pour ce changement, à condition qu'il soit accompagné et qu'on l'accompagne, de manière collective. Elle pourra se passer du glyphosate."
Dans le projet de loi du gouvernement sur l'agriculture et l'alimentation, l'interdiction du glyphosate a été retoquée par les députés à l'Assemblée nationale fin mai dernier. Mais les procès en cascade aux Etats-Unis et la perte de vitesse de Monsanto en bourse pourraient bien changer la donne.