Depuis quelques jours, dans la vallée de Saint-Amarin, des sangliers viennent labourer les pelouses des terrains de football pour s'y nourrir. En cause, la sécheresse qui pousse ces animaux à descendre des hauteurs vosgiennes pour chercher leur complément en protéine.
De mémoire de Saint-Amarinois, on n'avait jamais vu ça. "Des dégâts comme cette année, c'est une première", déclare Charles Wehrlen, le maire de Saint-Amarin, commune haut-rhinoise nichée au coeur du massif vosgien. En cause, le terrain de football de la commune dévasté il y a quelques jours par des sangliers en quête de nourriture. Les animaux ont retourné et fouillé la terre avec leur groin, laissant derrière eux un terrain ravagé devenu impraticable. Une calamité dont se seraient bien passés les clubs de la vallée à l'heure du Covid-19 et de la reprise prochaine des championnats.
Système D
Pour bloquer l'entrée du stade aux sangliers et pouvoir reprendre rapidement les entraînements, le maire dit avoir pris sans tarder la mesure qui s'imposait: "48 heures après les dégâts, les services techniques de la commune ont posé 1.500 mètres de clôture électrique tout autour du stade. Le sanglier n'a plus d'autre choix que de rentrer par le portillon si d’aventure on avait oublié de le fermer le soir". Une mesure efficace - le sanglier n'a apparemment pas trouvé la parade ni la clé du portillon - mais qui a un coût, un coût que seules les plus grosses communes peuvent se permettre de supporter.Si à Saint-Amarin, les sangliers ne sont plus qu'un mauvais souvenir sur les stades, à Mitzach, une petite commune voisine, il faut encore composer avec l'appétit des suidés, faute de budget pour la pose d'une clôture efficace. "On subit la visite des sangliers tous les jours. Ça laboure le terrain sur 15 à 20 centimètres de profondeur pour déterrer les vers", se lamente Thierry Berna, le président du club de football de Mitzach. Résultat: il faut à chaque fois remettre le terrain en ordre, redisposer les mottes de terre à plat pour avoir une pelouse à peu près "potable". "Après le passage nocturne des sangliers, cela représente plus de trois heures de travail si on y s'y met à une dizaine de personnes", explique le président du club.
Changement climatique
Selon le maire de Saint-Amarin les sangliers, dans leur quête de nourriture, subiraient les effets d'une sécheresse durable. Installée depuis plusieurs mois dans le massif vosgien, cette sécheresse a tari la plupart des sources et asséché une grande partie des cours d'eau. Le 30 juillet dernier, la préfecture du Haut-Rhin a pris des arrêtés restreignant l’usage de l’eau jusqu'au 12 octobre sur plusieurs secteurs du département, en particulier dans les vallées vosgiennes. S'il faut en croire le président de la fédération des chasseurs du Haut-Rhin, Gilles Kaszuk, "cet été les sangliers ont crevé de soif donc ils sont allés vers des endroits qui étaient plus humides, c'est à dire en bas dans les vallées puisqu'en hauteur la plupart des sources sont taries"."Le week-end dernier il a plu, les vers sont remontés à la surface, le sanglier le sent très bien et voilà les dégâts", explique le président des chasseurs selon une logique implacable. Sachant que le sanglier a besoin d'un apport en protéine qu'il va trouver notamment dans les vers, notamment enfouis dans la terre d'un terrain de football. Si en plus celui-ci est consciencieusement arrosé par les jardiniers...