Depuis le 19 mai, les fermes auberges sont aussi autorisées à servir en terrasse. Alors en ce weekend de la Pentecôte, les amoureux de la montagne ont bravé les averses et le froid pour une bonne tourte et autres roigebrageldis (pommes de terres marcaires pour les non-initiés).
Cela faisait des mois qu'ils attendaient ça. Manger une tourte paysanne ou une soupe montagnarde avec une vue imprenable sur la vallée. Malgré les huit petits degrés affichés au thermomètre et les nuages menaçants, ils étaient plusieurs dizaines à venir s'attabler à la terrasse de la ferme auberge du Rothenbrunnen à Sondernach (68) à près de 1.139 mètres d'altitude. Un bon bol d'air frais. "Ca fait tellement du bien !", explique un couple de touristes lorrains, un verre de vin d'Alsace à la main."On fuit les terrasses d'en bas, trop de monde. On préfère les terrasses d'en haut à l'air pur, même s'il est frais en ce moment".
Voilà des mois que la ferme auberge n'accueille plus de clients "à table". Si les plats à emporter ont bien fonctionné durant les fermetures administratives, il manquait ce petit quelque chose. "Le contact avec les clients, les randonneurs", raconte Christelle Fest, co-gérante de la ferme-auberge du Rothenbrunnen. Et les fidèles n'ont pas manqué le rendez-vous. La terrasse du Rothenbrunnen affiche complet ce dimanche 23 mai à midi. Une douzaine de tables ont été dressées. Au menu : soupes, tourtes, roigebrageldis, colliers fumé, munster. Des plats "marcaires" comme on sait faire dans les fermes auberges.
Idem, chez Serge Sifferlen, de la ferme auberge Schafert à Kruth (68). Le président de l'association des fermes auberges du Haut-Rhin se réjouit, la saison démarre enfin. "Notre ferme auberge est assez proche de la vallée. Et nos fidèles clients sont toujours montés pour acheter à emporter. Maintenant, nous pouvons les accueillir à nos tables et ça fait du bien." Pour le moral et pour les finances aussi. Ce dimanche midi, toutes les 15 tables soit la moitié de la capacité habituelle, ont été reservées.
Les 40 établissements membre de l'association des fermes auberges du Haut-Rhin n'ont pas tous rouvert encore. Certains attendent le 9 juin et l'ouverture en intérieur des restaurants, d'autres, un signe du ciel. La météo du mois de mai est catastrophique, ils craignent l'absence de clients. "Par ailleurs, certains n'ont pas encore fait les transhumances. Trop froid, l'herbe ne pousse pas bien en altitude", explique Serge Sifferlen, mais "quand cela sera fait, d'ici la fin du mois de mai, ajoutez à cela, l'ouverture des salles de nos établissements, l'activité pourra reprendre". Presque à la normale.
L'année dernière, en 2020, le fermier aubergiste a perdu près de 35% de son chiffre d'affaires. Serge Sifferlen ne se fait pas d'illusion sur cet été 2021. " Pas sûr qu'on arrive à atteindre notre chiffre d'affaire d'avant le Covid". Tout dépendra de l'évolution de l'épidémie et de la météo, une fois encore.