Pendant plus de dix jours, les habitants du village de Wolfgantzen (Haut-Rhin) ont subi des émanations d'odeurs pestilentielles liées à l'épandage de fientes de poule. Le maire ne décolère pas contre l'agriculteur à l'origine des nuisances.
Grâce à la pluie tombée au cours des derniers jours, enfin les habitants du village de Wolfgantzen (Haut-Rhin) peuvent rouvrir leurs fenêtres. Ce n’était plus possible depuis une dizaine de jours, en raison d’odeurs nauséabondes empestant toute la commune. Des relents d’excréments et d’ammoniac, décrivent les villageois, contraints de subir les fortes chaleurs de la fin du mois d’août sans pouvoir aérer leurs habitations.
Des désagréments olfactifs provoqués par un épandage de fientes de poule sur un champ situé au sud de la commune, le 23 août. Ce jour-là, un cultivateur décharge quatre semi-remorques d’effluents provenant d’un élevage avicole de Marckolsheim de 6000 poules. Tout a d’abord été déversé en tas, avant d’être étalé quelques jours plus tard sur la parcelle. Des opérations menées en pleine période de forte chaleur, avec un thermomètre affichant 35°c.
"J’ai travaillé cinquante ans à l’abattoir, mais je n’ai jamais senti cela, confie un riverain du champ. C’était intenable au point que je suis parti chez des amis à Wasselonne. Je suis revenu trois jours plus tard : ça sentait encore. J’ai dû investir dans un purificateur pour pouvoir vivre à la maison". Sa voisine, elle aussi, souffre de la situation : "c’est une odeur pestilentielle, insupportable, très chargée en ammoniac. On a vécu quinze jours fenêtres fermées, même la nuit alors qu’il faisait très chaud."
Pris à partie par ses administrés furieux de la situation, le maire de Wolgantzen déplore le procédé. "Je n’ai rien contre le principe de l’épandage, c’est normal à la campagne mais j’aurais aimé que l’agriculteur prenne contact avec nous avant pour en discuter, explique Jean-Louis Herbaut. On aurait alors pu lui dire : « attention, avez-vous vérifié la météo ? le sens du vent ? est-ce que vous ne pouvez pas décharger ailleurs ? »". Le maire ne comprend pas non plus pourquoi le cultivateur a déposé les fientes en bordure d’habitations et non pas à l’autre bout de sa prairie, qui jouxte la forêt.
Autant de points que le maire souhaiterait évoquer avec l’agriculteur, qui pour l’heure ne répond pas à ses sollicitations. Pour autant, Jean-Louis Herbaut ne compte en rester là. Il envisage de l’attaquer en justice pour avoir laissé pendant quatre jours le stock de fientes à l’air libre sans le bâcher avant de le répandre.
"L'agriculteur était dans son droit"
Mais au vu de la réglementation, l’agriculteur n’est pas en tort, comme le précise le directeur adjoint de la chambre d’agriculture de Sainte-Croix-en-Plaine (Haut-Rhin) : "le stockage d’effluents d’élevage au champ est autorisé, mais pour une durée très courte, inférieure à 10 jours. Avec un dépôt de 4 jours, l’agriculteur n’est donc pas en tort, explique Emmanuel Molard. En revanche, il reste responsable des éventuelles pollutions et nuisances olfactives. Donc de ce point de vue, il aurait dû prendre des précautions et ne pas déverser en période de fortes chaleurs."
Une enquête a été ouverte, confiée aux brigades vertes, en charge de la préservation de la nature dans le département du Haut-Rhin. Le service médiation de la chambre d’agriculture va par ailleurs se mettre en contact avec le maire de Wolfgantzen et l’agriculteur, pour éviter que de telles nuisances ne se reproduisent.
