Les cloches de la collégiale Saint-Martin de Colmar font beaucoup de bruit. Trop pour des riverains qui menaceraient de porter plainte pour atteinte à leur grasse matinée dominicale. Les partisans des cloches ont fait entendre leur soutien dimanche matin au cours d'un concert exceptionnel.
C'est ce qui s'appelle se faire sonner les cloches. Littéralement. Ce dimanche 24 mars, à 10h15 pétantes, les cloches de la collégiale Saint-Martin de Colmar s'en sont donné à coeur joie lors d'un concert exceptionnel. Un concert de printemps. Histoire de bien saboter la grasse matinée de leurs détracteurs, s'ils existent. Pas très catholique, mais efficace... en diable.
Feuilleton hebdomadaire
On ne va pas vous refaire toute l'histoire de ce feuilleton quasi hebdomadaire. En gros, une dizaine de riverains de la collégiale menaceraient de porter plainte pour mise en danger de la santé d'autrui et tapage. Ils ne supporteraient plus d'être réveillés tous les dimanches, en pleine grasse matinée, par les cloches. L'affaire a fait grand bruit, relayée par les médias nationaux. A moins qu'il s'agisse d'un canular, comme le pensent certains élus.Le problème, le plus gros en tous cas, c'est qu'aujourd'hui encore ni l'archevêché, ni personne d'ailleurs ne connaît l'identité de ces fameux plaignants. Leur avocat, André Kornmann refuse de communiquer leur nom... à quiconque. Un avocat décrié, décrit par certains et par l'archevêché en particulier comme un excentrique, voire un mythomane. Ce qui rajoute encore un peu de piquant à notre affaire. Toujours est-il que, plaignants fantômes ou pas, un concert de printemps a été organisé en leur honneur.
Dans cette vidéo publiée sur les réseaux sociaux, vous entendrez un extrait du concert de cloches de ce dimanche matin.
Concert gratuit
Donc ce dimanche matin, à l'initiative de Colmar Et nous, collectif présenté comme "le nouveau média positif et constructif des Colmariens" et avec l'autorisation d'Yves Hemedinger, premier adjoint de la ville, visiblement ravi, un concert de cloches a été organisé. À 10h15. Heure du crime.
Non ce n'est pas de la provocation. Pas du tout
-Yves Hemedinger, premier adjoint de la ville-
Joint par téléphone Yves Hemedinger nous explique la démarche de ce happening: "C'était une façon de dire que les cloches font partie de notre patrimoine. On voulait un signe fort. Un clin d'oeil convivial et une réponse sympathique. On s'est retrouvé autour des mêmes valeurs, des valeurs qui sont aujourd'hui visées. L'occasion aussi de réunir les Colmariens sous le soleil autour d'un café. Non ce n'est pas de la provocation. Pas du tout. C'est eux qui nous ont provoqués." Oui parce que, d'emblée, on aurait pu le croire. "Maître Kornmann n'est pas spécialement visé, ni même ses clients que je ne connais pas et dont j'ignore même s'ils existent. Monsieur Kornmann a assez eu de publicité comme ça."
Un acte gratuit, dans tous les sens du terme, qui a rassemblé neuf cloches et des centaines de personnes. Galvanisés par la défense d'un patrimoine sonore en péril. Yves Hemedinger poursuit: " Il n'y a d'ailleurs eu aucun discours. Les applaudissements ont parlé d'eux-mêmes."
Canular de haute volée ?
Et dans les rangs des mélomanes, du beau monde. Yves Hemedinger donc, Claudine Ganter conseillère régionale, Gilbert Meyer le maire de Colmar, des représentants du conseil municipal et Eric Straumann, député. Et là, il y a comme un malaise. Ce dernier nous raconte: "Je vais vous dire moi, il n'y a aucun plaignant dans cette histoire. On est en face d'une grosse supercherie montée par un avocat excentrique. Je l'ai rencontré ce matin, je lui posé des questions. Il n'a rien. La semaine prochaine il va nous trouver autre chose vous allez voir. C'est une fumisterie et tout le monde tombe dans le panneau."
Le concert de ce dimanche matin aussi, c'est une blague.
-Eric Straumann, conseiller départemental et député (LR) de Colmar
Lui compris? "Non mais ce concert aussi, c'est une blague. Ils sont tous tombés dans le panneau. Moi j'y suis allé simplement pour observer." En tous cas, à Colmar, entre supercherie et blague, on s'amuse beaucoup. On est même de sacrés blagueurs. "Oui tiens, mettez-ça dans votre papier. A Colmar nous sommes des blagueurs. D'ailleurs moi, à vos collègues du Figaro, j'avais proposé qu'on enlève le clocher parce qu'il faisait de l'ombre aux terrasses des cafés." C'est Yves Hemedinger qui va bien rire. Bien rire jaune.
La situation devient un tantinet surréaliste pour ne pas dire gênante. De deux choses l'une : soit les plaignants existent et ce concert est un acte pas très charitable ni même habile malgré "la convivialité des évènements", soit ils sont fantasmagoriques et là nous sommes devant un canular de très haute volée. De part et d'autre. Et dire que nous ne sommes même pas encore le 1er avril...