Plus de 1300 élèves et une centaine de professeurs du lycée Camille Sée de Colmar sont dans une situation ubuesque. Suite au non-remplacement d'un congé maternité et d'un arrêt maladie à la direction de l'établissement, les problèmes se multiplient. Les enseignants se sont mis en grève.
Ce mardi 10 septembre, soit huit jours après la rentrée, 70% des professeurs du lycée Camille Sée de Colmar se sont mis en grève. D'abord il faut dire que dans ce lycée tout se passe bien d'habitude. "Cela fait une vingtaine d'années que je suis là" explique Lionel Jourdès professeur en sciences physiques et secrétaire de la section SGEN CDFT du lycée."Jamais on a vu ça" poursuit-il, "l'emploi du temps ne fonctionne pas, sur certains créneaux, on n'a pas de salles de classe disponibles, parfois les horaires des cours sont différents entre les profs et les élèves qui devraient travailler ensemble, les listes de noms que nous avons sous les yeux ne correspondent pas toujours aux élèves que nous avons devant nous."
La liste des problèmes semble inépuisable. "Certains élèves sont à 40, là où d'autres sont à 17 ou 23, dans la même matière. On ne comprend pas, on a des modifications en permanence depuis la rentrée."
Selon le professeur et syndicaliste, l'adjointe par intérim essaie de gérer le quotidien, mais chaque fois qu'un enseignant arrive dans une classe, il ignore si la place va suffire. "Parfois on a 35 élèves pour 25 places assis, donc on doit chercher une autre salle."
Toute la vie de l'établissement semble perturbée, laissant apparaître des problèmes de sécurité, "car on ne sait pas toujours où sont les élèves. "
Le rectorat a envoyé deux "experts en emploi du temps"
Jusqu'à présent, le proviseur et la proviseure adjointe géraient parfaitement cet emploi du temps selon le représentant du personnel, mais depuis que l'adjointe est partie en congé de maternité et le proviseur en arrêt maladie en juin dernier, rien ne va plus. "Une adjointe remplaçante était venue en juillet et a démissionné en août..."
Au vu de la situation dénoncée, France 3 a contacté le rectorat, ce mercredi, sans succès. Mais une délégation d'enseignants et leurs représentants syndicaux du lycée colmarien avaient été reçus le 4 septembre. "Nous avons rencontré le directeur académique des services de l'éducation nationale et la secrétaire générale du recteur et d'autres personnes du rectorat. Il a été acté que deux experts en emploi du temps viendraient pour procéder à une refonte totale de l'emploi du temps. Ils sont venus pendant deux jours."
Le lendemain, le personnel a appris par la proviseure par intérim que les experts estimaient à trois semaines le temps nécessaire pour la refonte totale de l'emploi du temps. Et revoilà les professeurs et personnels par intérim à nouveau seuls face à cette situation.
On n'avait même pas de banderole, on était juste regroupés devant le lycée, épuisés.
Lionel Jourdes, secrétaire de la section SGEN CDFT du lycée Camille Sée de Colmar
Ils ont finalement décidé de se mettre en grève, ce mardi 10 septembre. "On n'avait même pas de banderole, on était juste regroupés devant le lycée, épuisés." Ils ont déposé un nouveau préavis pour le jeudi 19 septembre. "Auparavant, lundi on fera le point pour voir si le rectorat nous propose autre chose." Car ils espèrent que leur courrier changera la donne.
"On a demandé que la proviseure par intérim rencontre rapidement tous les coordinateurs de matière (les enseignants qui chapeautent les différentes disciplines). On a aussi demandé une meilleure communication et si besoin une fermeture provisoire de l’établissement, le temps de mettre en place une structure pérenne au niveau des emplois du temps pour les élèves et les enseignants. Car c'est devenu invivable. La vie scolaire, l'intendance, la cantine, la sécurité dans les bâtiments, tout est désorganisé."
Certains professeurs viennent de Strasbourg pour une heure de cours, des élèves viennent pour deux heures le matin et deux l’après-midi, c'est un emploi du temps à trous. On a besoin qu'il soit adapté.
“Notre travail à la base c’est d’être enseignants et celui des élèves de suivre les cours pour s'instruire, pas de devoir gérer tout ça." En attendant, les cours essaient de continuer. Les professeurs et les élèves aussi.