Ouverture de la pêche à la truite : "On ne vient plus pêcher pour remplir un congélateur"

La pêche à la truite rouvre ce samedi 11 mars dans les rivières françaises. Beaucoup de cours d'eau sont anormalement bas pour la saison, ce qui nécessite quelques mesures de prudence. Les gardes-pêche sont là pour guider et conseiller les pêcheurs.

Louis César Burkhart est un jeune garde-pêche de l'association AAPPMA de la basse vallée de la Fecht. Il a 30 ans et a pour mission de contrôler les pêcheurs, mais pas seulement. Une équipe de France 3 Alsace l'a suivi lors de la journée d'ouverture de la pêche à la truite, samedi 11 mars, près de Wihr-au-Val dans le Haut-Rhin.

Comment êtes-vous devenu pêcheur, puis garde-pêche ?

"Je pense que ça vient d'une passion. Quand on m'a offert ma première carte de pêche, j'avais dix ans. C'était une amie de mes parents, elle m'a payé la carte pour que j'aille pêcher sur la rivière. Ça a changé ma vie dans le sens où, mes parents, c’était la première fois qu’ils me laissaient aller avec des copains au bord de la rivière. On n'y connaissait rien du tout, mais on passait de bons moments au bord de l'eau et à force d'y aller...

C'est vrai que nous, on n'a pas croisé beaucoup de garde-pêche dans notre enfance, il y en avait très peu dans la vallée de Munster. Plus tard, quand on m'a proposé d'être garde-pêche, j'ai tout de suite dit oui. J'ai fait les deux jours de formation à la fédération, j'ai trouvé ça hyper intéressant. C'était peut-être un peu court deux jours de formation, mais c’était chouette, c'était super enrichissant et depuis voilà, ça fait six ans maintenant que je suis au bord de l'eau et que j'interviens auprès des gens.

Dans la vallée, il y avait très peu de gardes et pas de jeunes. J'ai eu l'opportunité de le faire. Je ne pouvais pas râler sur ce qui n'est pas bien et ne pas le faire. Et puis désormais, il y a d'autres personnes qui nous rejoignent, l'association devient jeune et dynamique. C'est ce qui me plaît."

Quel est votre rôle en tant que garde-pêche ?

"On a plus une mission d'éducation, de transmission, mais aussi de partage. Quand on intervient auprès des pêcheurs bien sûr, on est là pour le contrôle, pour voir si la carte de pêche est présente, si le pêcheur respecte le règlement de la rivière. Mais on est là aussi pour transmettre des choses, partager nos connaissances sur le parcours. On a beaucoup de pêcheurs qui viennent de loin et leur expliquer quelques choses sur la biodiversité de notre rivière, comment elle fonctionne, comment elle vit, ça peut les aider à mieux pratiquer leur passion. Après, il y a aussi les plus jeunes qui viennent et ne savent pas vraiment comment pêcher, comment appréhender la rivière qui est quand même complexe avec des courants différents, des postes bien marqués." 

"Notre mission, c'est d'être une sentinelle et d'être sensible aux pollutions. On est tous bénévoles. On donne de notre temps pour veiller sur la rivière et être sensible à tout ce qui s'y passe pour la protéger au mieux.

On met en place des règles, des recommandations. Par exemple, on n'utilise plus d'hameçon triple, on n'utilise plus d'hameçon avec ardillon. Donc l'idée, c'est d'avoir le moins d'impact possible sur le poisson et de permettre aux pêcheurs de relâcher les poissons et de pratiquer la pêche en no kill. On a aussi organisé des journées de nettoyage, il y en avait une samedi dernier : une quarantaine de pêcheurs étaient au bord de l'eau pour entretenir les berges et ramasser les déchets qui sont charriés par le lit de la rivière. En fait, on met en place des actions pour que la rivière se porte bien."

Les pêcheurs ont-ils conscience qu'ils ne pourront peut-être pas toujours sortir des poissons ?

"Je crois que nous sommes nombreux à nous rendre compte que notre pratique a un impact, et a essayé de le minimiser pour pouvoir la pérenniser. Je trouve que ça a du sens et je suis content que ça évolue. On va sur de nouvelles pratiques plus respectueuses du poisson et de l’environnement dans lequel on se trouve. Ne pas marcher dans la rivière en début de saison, essayer de ramasser un peu les déchets, être sensible aux pollutions, aux changements de l’écosystème. On remarque parfois sur des parties de rivière la présence d’algues vertes, je trouve ça important de les signaler pour pouvoir comprendre ce qui a mené à ça et comment nous, en tant que garde-pêche ou pêcheur, on peut remédier à ces choses qui peuvent devenir problématiques et avoir un impact sur l’écosystème.

Les pêcheurs sont conscients de beaucoup de choses. Ce sont eux qui nous remontent ce qu'ils voient. Ils nous contactent soit par téléphone, soit via la page de l'association et ensuite, on se rend sur place et on fait le nécessaire pour transmettre à l'OSB (l'Office français pour la biodiversité) ou à la gendarmerie si besoin."

"Cela fait 20 ans que je pratique ma passion dans cet endroit. On a des truites de souche absolument exceptionnelles et l'idée, c'est de pouvoir permettre aux générations futures de pouvoir continuer à vivre ce truc extraordinaire qu'on a là.

Je pense qu'il y a une éthique de la pêche et ça, c'est important dans le sens où les pêcheurs d'aujourd'hui ont changé. On ne vient plus pêcher pour remplir un congélateur aujourd'hui. On vient pour pêcher, pour pratiquer sa passion dans un environnement, on n'est pas là pour faire ses six truites par jour. D'ailleurs, on est passé à quatre. Le but, c'est de ne pas prélever systématiquement tous les poissons qu'on pêche, mais de pratiquer sa passion et d'être en extérieur dans un environnement privilégié."

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