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REPLAY. Trois ans après le Covid, où en est l'hôpital de Mulhouse ?

"Il manque encore des effectifs soignants, médicaux qui ont conduit à faire fermer des lits."

En mars 2020, à Mulhouse, le parking de l’hôpital Émile-Muller s’est transformé en hôpital militaire de campagne. En ce début d'année 2023, tout ça n’est qu’un mauvais souvenir. Mais la paix est-elle vraiment revenue à l’hôpital ?

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Mulhouse est devenu en mars 2020 l’un des foyers majeurs de l’épidémie de Covid-19 en France. L’ampleur était telle qu’il a fallu agir vite. Alors le plan blanc a été déclenché. Et les militaires ont installé un service de réanimation d’une trentaine de lits sur le parking de l’hôpital Émile-Muller. Au plus fort de la crise, 500 lits étaient dédiés aux patients Covid. Désormais, le Covid n’est plus le gros du problème à l’hôpital, mais les soignants sont à bout de souffle. C'est l’un des thèmes abordés dans notre magazine Enquêtes de région, "3 ans après le Covid".

Comment va l'hôpital de Mulhouse ?

Après trois années éprouvantes, l’heure est au bilan. Didier Debieuvre est le chef du service de pneumologie et président de la Commission Médicale du GHRMSA. Pour lui, "Mulhouse s’en est sorti, mais pas sans mal. Il manque encore des effectifs soignants, médicaux qui ont conduit à faire fermer des lits." En effet, 80 lits sont fermés.192 postes sont vacants et il manque 50 médecins.

Malgré tout, l’hôpital a bénéficié d’une enveloppe de 48 millions d’euros grâce au Ségur de la santé et aux fonds européens. Cet argent a permis d’ouvrir une unité infectiologie pour des patients atteints de Covid grave ou d’infections complexes. Mais l’argent ne fait pas tout. Il règne comme un sentiment de lassitude chez les soignants.  Même si "on a un service qui s’est reconstruit, avec une dynamique positive, qui a réussi à recruter, on a un système de santé qui est lui en grande difficulté," explique Marc Nozot, chef du service des urgences de Mulhouse et président Samu Urgences France. Ce "système de santé occasionne des pressions très régulières sur le service qui rendent de plus en plus compliqué l’exercice de la médecine d’urgence," regrette Marc Nozot.

Des démissions en série

Ces pressions entraînent "une ambiance très morose dans la tête des personnels depuis ce qu’ils ont vécu depuis trois ans et qui ne voient pas de perspective de sortie," complète Marc Nozot. L’une des échappatoires, c’est la démission. En janvier 2023, il y a eu 353 départs sur 5 344 agents dont 48 démissions, 5 licenciements et 38 disponibilités.

Depuis quelques mois, une intersyndicale s’est constituée au sein du groupe hospitalier pour dénoncer les choix stratégiques de la direction. Voilà huit mois que CFDT, CGT, FO et UNSA sont absents des réunions de médiations, car ils dénoncent une situation inédite. "Moi, je n’ai jamais connu une crise comme ça, avec autant de personnes qui souhaitent partir,"  affirme sans broncher Jean-Marc Kelai, représentant syndical CFDT. Il explique, effaré, que "chaque jour, des agents [leur] demandent les modalités, comment ils peuvent faire pour partir de l’hôpital."

Ces personnes souhaitent partir, mais pour faire autre chose. Elles sont carrément écœurées de leur métier.

Jean-Marc Kelai, représentant syndical CFDT

Ce qui l’effraie, c’est que "ces personnes souhaitent partir, mais pour faire autre chose. Elles sont carrément écœurées de leur métier." Ce manque de personnel est visible comme l’indique Christine : "j’ai été effarée par le nombre de fermetures de services. À chaque étage, vous avez un service fermé." Les soignants qui démissionnent savent où aller. Les opportunités avec de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail ne manquent pas. Mulhouse compte deux cliniques privées et est situé à côté de la Suisse.

Des moyens mis en œuvre pour le bien-être des soignants

Pour retenir son personnel, l’hôpital de Mulhouse a mis en place des primes. Les volontaires peuvent travailler trois jours par semaine s’ils réalisent des journées de douze heures. Pour Solange Jaegy, infirmière dans un service de gastro-entérologie, "le fait de passer en douze heures, ça fait venir les jeunes dans le service et on est presque en effectif complet." Mais malheureusement, les règles ne sont pas toujours respectées. Des infirmières qui étaient passées au travail à douze heures cumulaient plus que les trois jours nécessaires. Une pression difficile à supporter qui pèse sur les soignants.

Afin d’aller mieux, le personnel au bout du rouleau se rend à l’Unité Ressources et Soutien au sein même de l’hôpital. Cette infirmière anesthésiste y vient plusieurs fois par an pour de l’ostéopathie, de la réflexologie plantaire ou de la psychologie. Elle affirme que "s’il n’y avait pas l’unité ressources, [les soignants] seraient en arrêt maladie." Ainsi, "ça va mieux, [nous nous sentons] plus forts pour revenir le lendemain." Ce centre est né au début de la pandémie grâce à des thérapeutes libéraux qui voulaient apporter leur aide. Aujourd’hui, ce centre est financé par des fonds privés et recrute 25 intervenants. Ce ne sont pas moins de 90 soignants qui bénéficient chaque semaine de ces services. Un lieu unique devenu nécessaire.

De l’espoir pour le futur ?

Le GHR Mulhouse Sud Alsace cherche à recruter. Et pour ça, il faut former toujours plus. À l’Institut de Formation aux Métiers de la Santé Mulhouse (IFMS), 80 nouvelles places ont été ouvertes depuis deux ans. Et pour la prochaine rentrée, l’IFMS va proposer 120 places supplémentaires.  Les nouvelles recrues sont motivées. "On fait le plein au niveau de nos quotas d’entrée en institut de formation," déclare Caroline Belot, DRH. "Il fallait vraiment y aller. Il y avait réellement besoin. C’était le moment et il ne fallait pas baisser les bras. C’est quand il y a des problèmes qu’il faut y aller," affirme Shauna Kempf, une étudiante déterminée.

Tout se met en place pour que l’hôpital fonctionne mieux à l’avenir et pour que le parcours de soin des patients soit simplifié. Face à la question "et si demain il y avait une épidémie aussi grave, le GHRMSA serait-il prêt à faire face ?" Marc Nozot répond fermement qu’il n’y a "pas de doute, tout le monde serait sur le pont et ferait face à la situation." Mais avant de penser au pire, il y a d’autres priorités comme la prise en charge d’une population vieillissante aux besoins particuliers. Car en 2030, 37% des Haut-Rhinois auront plus de 75 ans.

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