VIDEO. Cultiver la betterave sans néonicotinoïdes, quelles solutions pour les producteurs ?

La campagne de betterave sans néonicotinoïdes vient de commencer en Alsace. Cet insecticide tueur d'abeilles, utilisé par les betteraviers pour protéger leurs semences des pucerons, est interdit depuis janvier 2023. Les agriculteurs sont obligés d'envisager d'autres solutions.

Les betteraviers devront se passer de néonicotinoïdes dans leurs semis pour la saison 2023, débutée dès les premiers jours d'avril en Alsace. Après les dérogations accordées aux producteurs de betterave par le ministère de l'Agriculture, en 2021 et 2022, les néonicotinoïdes, interdits théoriquement depuis 2018, sont désormais bel et bien bannis pour l'enrobage des graines.

Le gouvernement français a annoncé en janvier qu'il n'accorderait plus de nouvelles dérogations suite à la décision de la cour de justice européenne. L'insecticide qui affecte le système nerveux des insectes, dont celui des pollinisateurs, comme les abeilles, n'est plus le bienvenu dans nos contrées. 

Pour Gérard Lorber, producteur et président de la coopérative sucrière d'Erstein, c'est un retour à la situation d'il y a trois ans. En 2020, les agriculteurs avaient dû se passer de cet insecticide qui permet de protéger la betterave de la jaunisse, transmise par les pucerons. "On a vu ce que ça a donné. C'était une catastrophe, les pucerons sont arrivés très tôt".

Éviter une nouvelle catastrophe

Résultat : des rendements diminués de moitié. Pour cette année, les modèles prédisent l'arrivée des pucerons. L'hiver a été plutôt clément, un avantage pour cet insecte. Mais pour l'instant, rien ne dit que la pression exercée par les pucerons sur les cultures de betterave auront le même impact. Face à cette incertitude et pour se prémunir d'une éventuelle catastrophe, la plupart des agriculteurs auront recours à un insecticide classique à pulvériser sur la surface des feuilles.

Une solution qui laisse dubitatif Gérard Lorber : "Il s'agit d'un traitement chimique avec une efficacité qui n’est pas du niveau, et de loin, de ce qu’était l’enrobage aux néonicotinoïdes, efficace, lui, à 100%. L’alternative en foliaire dépend du développement de la feuille, plus elle est petite, moins elle est efficace".

Dubitatif, mais pas inquiet. Gérard Lorber ne se fait pas trop de soucis quant à l'avenir de la filière sucrière en Alsace. Des solutions crédibles se profilent, selon lui, à l'horizon 2024, 2025. Des variétés de plantes génétiquement résistantes à la jaunisse, par exemple.

Les recherches avancent

À l'INRAE de Colmar, les chercheurs planchent sur la question, notamment sur le comportement alimentaire de l'insecte. Dans les laboratoires du centre, des pucerons reliés à des électrodes permettent d'identifier les variétés de betterave qu'ils apprécient, lesquelles ils détestent. "On imagine que des pucerons qui s’alimentent mal auront moins de chances de transmettre le virus aux plantes. Ce seront les variétés qui seront particulièrement intéressantes pour les sélectionneurs", explique Quentin Chesnais, chercheur à l'INRAE.

Les recherches avancent, pour autant l'optimisme affiché par le président de la coopérative sucrière semble prématuré. Depuis 2019, les connaissances sur la maladie transmise par les pucerons à la plante s'enrichissent, mais sans aboutir à des résultats fermes pour l'instant. "De nombreuses solutions sont testées. Certaines donnent des résultats prometteurs. L'objectif, maintenant, est de combiner ces différentes méthodes pour arriver à une solution acceptable, mais c'est très difficile de donner une échéance", fait remarquer Véronique Brault, directrice de recherche à INRAE. 

Dans le cadre du plan national de recherche et d’innovation lancé en 2021, 23 projets ont été développés. Parmi eux : le bio contrôle (une plante de service attire les pucerons en dehors des cultures de betterave) ou des composés qui masquent l’odeur de la betterave. En tout cas, le sujet semble avoir été pris au sérieux. Plusieurs millions d'euros ont été investis dans différents centres de recherche, l'enjeu étant de maintenir une filière sucrière en France. 

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