Le retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis fait ressurgir de mauvais souvenirs dans la filière viticole française, victime des droits de douane imposés par le républicain lors de son premier mandat. Cette inquiétude concerne plusieurs régions, dont l'Alsace.
Les États-Unis, l'un des partenaires majeurs des viticulteurs alsaciens exportateurs, retrouvent au pouvoir un visage bien connu. Celui de Donald Trump, qui prendra ses fonctions début janvier 2025, quatre ans après sa défaite contre Joe Biden. De quoi inquiéter toute une profession qui avait subi l'instauration de droits de douane sur le vin entre 2019 et 2021.
À quel prix les vins français seront-ils vendus aux USA dans quelques mois ? La question se pose de nouveau depuis que le milliardaire républicain a été élu le mardi 6 novembre. Le même qui, en octobre 2019, avait décidé d'imposer une taxe de 25 % sur les vins français tranquilles, avant que Joe Biden ne relève ces droits de douane en 2021.
Revivre cet épisode est dans toutes les têtes des viticulteurs français qui exportent de l'autre côté de l'Atlantique. "Il y a une inquiétude oui. Une préoccupation, c'est encore tôt pour le dire", tempère Foulques Aulagnon, export marketing manager au CIVA, le comité interprofessionnel des vins d'Alsace. "On attend la nouvelle version de l'administration Trump. Mais on ne serait pas étonnés d'une nouvelle taxe."
Pas le même contexte qu'en 2019
Foulques Aulagnon compte déjà sur l'Organisation mondiale du commerce comme garde-fou à de nouveaux droits de douane qui surgirait de nulle part. Car pour rappel, ceux de 2019 avaient été imposés dans le cadre du conflit Boeing-Airbus. Les vins tranquilles issus de pays où Airbus étaient implantés avaient alors été taxés.
Une mesure qui avait eu des répercussions sévères du côté des viticulteurs alsaciens qui exportent vers les États-Unis. "En 2019, la croissance de nos exportations était d'environ 30 %, puis on est passé à 6 % dès le quatrième trimestre, juste avant l'arrivée du Covid", se souvient Foulques Aulagnon.
"On s'en rappelle encore", appuie un acteur majeur du secteur. Les exportateurs de vins avaient alors dû rogner sur leurs marges ou négocier avec les sociétés importatrices sur place. "Cette nouvelle élection nous impacte, d'autant que les États-Unis sont un marché plutôt porteur, bien que l'inflation existe là-bas et que le vin n'est pas un produit de première nécessité."
La crainte de dépasser les seuils psychologiques
Si l'Allemagne représente le premier marché étranger pour les vins d'Alsace en volume, les États-Unis sont le deuxième pays en valeur. En d'autres termes, ce sont surtout de belles bouteilles qui atterrissent dans le pays de l'oncle Sam : grands crus, pinot noir, crémant d'Alsace de grande valeur... Des bouteilles plus chères à l'achat, sur lesquelles la hausse de quelques dollars sur le prix d'achat va moins modifier le comportement des consommateurs. Mais faire franchir aux bouteilles les paliers de 20 ou 30 dollars, les "seuils psychologiques", risque d'avoir de nombreuses conséquences.
C'est pourquoi revoir Donald Trump et sa politique protectionniste à la Maison Blanche inquiète. Suite à sa réélection, la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France a réagi dans un communiqué, encourageant la nouvelle administration Trump "à engager rapidement un dialogue transatlantique constructif et fructueux". Signe que cette nouvelle élection fait frémir toute une économie.