Le mardi 4 octobre, l'oncle d'une élève du lycée de Thann (Haut-Rhin) a menacé de mort un professeur qui avait donné un cours sur la laïcité. Sa nièce est accusée d'apologie du terrorisme. Pour le père, les propos de sa fille ont été mal compris.
L'oncle d'une élève du lycée de Thann (Haut-Rhin) a menacé de mort un professeur après que ce dernier a entamé une discussion sur la laïcité avec sa nièce lors d'un cours, le 4 octobre 2022. Une semaine après les faits, le père de l'élève a réagi au micro de France 3 Alsace.
Lors d'un cours de sciences économiques et sociales, un professeur a entamé une discussion au sujet de la laïcité et du port de signes ostentatoires. C'est à ce moment qu'une élève en classe de seconde évoque son incompréhension : "Elle ne comprenait pas pourquoi le voile pouvait être interdit en classe, mais pas du tout de manière agressive ou polémique", explique la procureure de Mulhouse Edwige Roux-Morizot.
Une nouvelle discussion s'est alors engagée entre la lycéenne et l'enseignant après le cours : "Ils sont revenus sur la liberté d'expression et de caricaturer. Selon le professeur, qui a été entendu, la jeune fille aurait minimisé et justifié d'une certaine manière les attentats de Charlie Hebdo."
Ça a clairement été ressenti comme des menaces de mort.
Edwige Roux-Morizot, procureure de MulhouseAu sujet des propos de l'oncle de l'élève de seconde
La mère de la lycéenne vient ensuite récupérer sa fille, accompagnée de l'oncle de la lycéenne : "Ils se sont assez rapidement tournés vers le professeur qui a été pris à partie de façon assez virulente par l'oncle. Il lui a reproché de discuter de religion lors de ses cours, et a clairement évoqué ce qui est arrivé à Samuel Paty. Il l'a dit à plusieurs reprises, et ça a clairement été ressenti par le professeur et les personnes autour de lui comme des menaces de mort", détaille la procureure.
Le père de l'élève s'exprime
"Je ne suis pas du tout d'accord avec ce qui s'est dit sur notre fille dans le journal ou la télévision, comme quoi on serait des radicaux islamiques. Vous pouvez demander à tout le monde, ce n'est pas le cas. On est une grande famille, oui. Mais ça n'a pas de rapport", explique le père devant les grilles du lycée, où il était convoqué ce jeudi 13 octobre. La procureure de Mulhouse parlait pourtant d'une famille qui avait "une pratique très intégriste de la religion, sans qu'on puisse parler de radicalisation".
L'homme revient également sur ce qu'il s'est passé au soir du mardi 4 octobre : "Le professeur a posé une question par rapport aux caricatures, mais aussi sur le Coran. Il a posé plein de questions par rapport à la religion. Ma fille n'était pas d'accord. Elle lui a dit 'Monsieur, vous n'êtes pas musulman. Lisez d'abord le Coran, et vous me posez des questions ensuite.'" D'après la procureure, le sujet des caricatures n'a pas été abordé en cours, mais bien dans un second temps, lors de la discussion qui a suivi.
C'est allé trop loin !
Le père de l'élève
"Psychologiquement, je ne suis pas bien, ajoute le père. Ce matin, je voulais aller travailler. Mais avec tout ce qu'il se passe au lycée, je suis revenu ici. Je m'inquiète pour ma fille, bien sûr. Son ordinateur et son portable ont été pris, mais ils ne trouveront rien." La procureure de Mulhouse indique que les téléphones ont été exploités "sans que cela n'apporte quelque chose de probant". Le matériel informatique doit encore être exploité "pour s'assurer qu'il n'y a pas de liens avec des sites dangereux".
L'homme demande à ce qu'une solution soit trouvée entre l'établissement et les parents, sans que la justice ne s'en mêle : "Il n'y a pas besoin de porter plainte. C'est allé trop loin !"
Entendue dans le cadre de l'enquête, la jeune fille nie l'apologie du terrorisme qu'on lui incombe. Elle doit être entendue dans le cadre d'une information judiciaire pour apologie du terrorisme, avant une possible mise en examen. Son oncle a lui été mis en examen pour menace de mort sur une personne chargée d'une mission de service public et pour être entré sans autorisation dans le lycée.