Déjà victime de dépôts sauvages de pneus, un éleveur alsacien a subi trois incendies en trois semaines. Le dernier en date, dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 octobre, a entraîné une coupure d'électricité pour 700 foyers alentour.
En trois semaines, c'est la troisième fois que Johan Steib voit un de ses silos d'ensilage partir en fumée. Cet agriculteur d'Horbourg-Wihr (Haut-Rhin) est dépité. "On m'a allumé trois tas différents, je vais devoir jeter 20 à 30% du volume, je ne suis plus sûr d'avoir assez de fourrage pour passer l'hiver."
Ces tas auxquels fait référence l'éleveur, ce sont des silos d'ensilage. Composés d'herbe, de maïs et de sorgho hachés finement, ils sont recouverts par des bâches. Afin de les maintenir et de chasser l'oxygène pour permettre la fermentation, les agriculteurs disposent des pneus au-dessus des bâches.
Voyant les tas, des particuliers indélicats, qui y voient l'occasion de se débarrasser de leurs vieux pneus à moindre coût, font de même. "Sur les dix dernières années, j'ai vu le volume de pneus multiplié par trois. Parfois, les gens me demandent mais pour les trois silos, j'ai largement assez pour couvrir. C'est déjà arrivé qu'il y ait 200 ou 300 pneus en plus en une seule journée."
C'est donc l'un de ces silos qui a brûlé cette nuit. Selon le maire d'Horbourg-Wihr, Thierry Stoebner, le panache de fumée était visible à des kilomètres. "Des centaines de pneus qui brûlent, ça fait une fumée phénoménale" témoigne l'élu. Pour venir à bout du sinistre, une petite quinzaine de pompiers ont été dépêchés sur place peu après minuit dans la nuit de ce dimanche 27 au lundi 28 octobre.
700 foyers privés d'électricité
L'incendie se situant en dessous d'une ligne à haute tension, l'intervention a entraîné une coupure d'électricité pour 700 foyers. Ce lundi matin, "tout a été rétabli" à la connaissance de Thierry Stoebner. "Car vous savez, si des gens étaient encore sans électricité ce matin, ils auraient tout de suite appelé la mairie. On est à portée d'engueulade", plaisante-t-il.
Ce qui l'amuse moins, ce sont les causes du sinistre. Pour lui, l'incendie "est automatiquement criminel" car des pneus, "ça ne s'allume pas avec une allumette, il faut des litres d'essence". Quant aux dépôts sauvages de pneus chez l'agriculteur, le maire ne pense pas qu'il s'agisse de particuliers. Selon lui, il pourrait s'agir de pseudo-professionnels qui proposent leurs services à moindre coût, avec des commandes de pneus en ligne par exemple.
Johan Steib a porté plainte et la gendarmerie mène l'enquête. "Ce qu'il leur faudrait c'est une piste pour démarrer. Si quelqu'un vient avec un bidon d'essence dans sa voiture, il ne passe pas forcément devant une caméra."