Les conseillers régionaux du Grand Est ont validé, lors d'un vote le 23 mars 2023, la fermeture du lycée professionnel Charles de Gaulle à Pulversheim (Haut-Rhin). Malgré les tractages du personnel éducatif auprès des élus, 340 élèves quitteront l'établissement à la rentrée 2024.
C'est une dure nouvelle pour tout le personnel de l'établissement. Le lycée professionnel Charles de Gaulle à Pulversheim (Haut-Rhin) fermera définitivement ses portes dès septembre 2024. 94 élus du conseil régional du Grand Est, soit la majorité, ont entériné, lors d'un vote ce jeudi 23 mars, cette décision qui faisait polémique depuis plusieurs semaines.
Six autres lycées de la région sont concernés par ce vent de fermetures. Plusieurs syndicats des différents établissements ont manifesté devant le Conseil régional en amont de la séance plénière qui a débuté à 14h. "Ils ont voté une sorte de 'package' avec toutes les fermetures de lycées, sans prendre en compte chaque cas particulier", dénonce Lionel Schweitzer, professeur à Pulversheim.
Neuf employés de l'établissement d'enseignement supérieur avaient fait trois heures de route jusqu'à Metz pour suivre au plus près l'évènement qu'ils redoutaient. "Nous avons tracté devant l'entrée du Conseil régional pour tenter de faire basculer la balance", affirme Fabien Naegelin, professeur en métier de la sécurité au sein du lycée Charles de Gaulle. Sur le tract, il est demandé aux conseillers régionaux de réfléchir à leur décision : "Allez-vous décider de fermer un établissement qui fonctionne sans étudier d'autres possibilités [...] ?".
Des équipes éducatives désemparées
Malgré le soutien de bons nombres d'élus d'opposition, les élus de la majorité Les Républicains du Grand Est n'ont pas changé d'avis. "Nous avons été reçus par trois élus de la majorité régionale en amont du vote. Mais après deux heures de réunion, aucun d'entre eux n'a changé d'avis", constate Fabien Naegelin.
Les professeurs sur place assurent ne pas avoir pu assister à la délibération du vote. "Nous avons donc suivi les résultats sur notre smartphone dans la voiture, explique le professeur en métier de la sécurité, et puis nous avons appris que c'était définitivement adopté".
L'équipe éducative, sous le choc, mais peu surprise, n'arrive toujours pas à imaginer comment va se dérouler la répartition de tous les élèves dans les quatre lycées de l'agglomération de Mulhouse. "C'est inadmissible. Notre lycée est un établissement attractif, et les arguments de la région pour motiver cette fermeture sont totalement faux", lance Christophe Toranelli, maire de Pulversheim et enseignant au lycée Charles de Gaulle.
Les motifs de la région contestés
La fermeture du lycée de Pulversheim a été motivée, selon le conseil régional et son président Franck Leroy, par une "baisse démographique" dans le Grand Est. D'après Christèle Willer, vice-présidente de la région en charge des lycées durables et de l'éducation, le nombre de naissances a chuté de 18 % entre 2010 et 2020. Autre argument, le coût énergétique de l'établissement. "Le lycée de Gaulle coûte 1.400 euros par élève, contre 575 pour un autre élève ailleurs dans le Grand Est", affirme-t-elle.
Le chiffre sur lequel s'appuie la région est celui du taux d'utilisation du lycée, qui est de 39 %. Toutefois, Christophe Toranelli indique que la capacité d'accueil est de l'ordre de 92 %, avec "340 lycéens présents pour une capacité de 370".
Pour le personnel éducatif, les "arguments de la région sont faux" et "la demande des artisans et des acteurs locaux du secteur est présente". Les professeurs insistent désormais pour que les élus de la majorité du conseil régional viennent visiter l'établissement haut-rhinois pour se rendre compte de la situation.