Le lycée des métiers Charles de Gaulle de Pulversheim (Haut-Rhin) va fermer pour des raisons de performances énergétiques et d'économie, a annoncé Jean Rottner, président de la région Grand Est. Un taux de remplissage très faible est également invoqué.
Le bruit courait déjà depuis quelques semaines, le lycée Charles de Gaulle à Pulversheim, c'est confirmé, va fermer, probablement à l'horizon 2025. Le président de la région Grand Est, Jean Rottner, l'a annoncé ce mercredi 19 octobre. "Nous sommes dans une optique de fermeture de ce lycée, j'en ai informé le recteur. Il n'a jamais été rénové depuis de nombreuses années et comprend un effectif relativement limité. Notre réflexion est d'arriver à une fermeture", souligne-t-il.
Avec 333 élèves scolarisés au lycée, alors qu'ils étaient 700 avant 2008, le taux de remplissage de l'établissement, estimé à 42%, est jugé insuffisant pour la région. Jean Rottner invoque également des surcoûts. L'établissement reviendrait deux fois plus cher qu'un autre lycée : 1370 euros par élève sur trois ans alors que les lycées voisins seraient autour de 670 euros.
Jean Rottner dit travailler dans le Grand Est avec des maires et le rectorat sur d'autres fermetures pour des raisons de performances énergétiques et d'économies. "Parce qu'on a une baisse de la démographie, parce qu'il y a une logique énergétique et d'efficacité des deniers publics, c'est normal. Il faut accompagner ces fermetures pour que nos jeunes n'en pâtissent pas, par exemple par le développement d'un poumon économique localement".
Une fermeture qui ne passe pas
Sur place, au lycée, les enseignants se disent surpris par cette décision. Le constat avancé par Jean Rottner est contesté. Sur l'état des bâtiments, notamment. Des travaux de rénovation sont en cours explique Christophe Torannelli, professeur en électrotechnique et maire de Pulversheim. "Le plus ancien des bâtiments a été rénové pour un montant d'un million d'euros et d'autres sont programmés".
Sur le taux de remplissage, les chiffres donnés par Jean Rottner seraient faux. "A la rentrée 2022, il est à 92%", affirme le professeur.
Et surtout, la fermeture du lycée est jugée comme un gâchis poursuit Christophe Torannelli, pour qui une fermeture impliquerait la perte de filières reconnues pour leur qualité : "Nous avons des formations spécifiques comme en chaudronnerie, en électrotechnique et dans les métiers de la sécurité, les élèves qui sortent du lycée ont tous dans les six mois qui suivent l'obtention de leur diplôme du travail ou se lancent dans des études en BTS ou en apprentissage, parfois transfrontalier".
La Collectivité européenne d'Alsace (CEA) par la voix de son président, Frédéric Bierry, n'a pas tardé à réagir. Celui-ci fait savoir dans un communiqué "qu'il est inconcevable de fermer des lycées ou lycées professionnels, véritables creusets pour la main-d’œuvre qualifiée des entreprises locales et filières d’excellence qui permettent à nos jeunes de trouver facilement un emploi".
Frédéric Bierry juge peu recevable, par ailleurs, le fait de fermer un établissement parce qu'il serait énergivore au lieu d'investir dans sa réhabilitation. Dans le Grand Est, une dizaine d'autres lycées serait concernée par ces mesures de fermeture sur les 350 que gère la région. Leur liste n'a pas encore été communiquée.