Une trentaine de manifestants, dont plusieurs sans-abris, ont manifesté devant le centre commercial de la Porte Jeune de Mulhouse à l’initiative du Mouvement National des Chômeurs et des Précaires (CNCP), pour demander l’ouverture pérenne des hébergements d’urgence.
D’habitude ils ont tendance à se cacher et même à nier leur situation, cette fois des sans-abris ont accepté de venir aux côtés d'associations pour manifester et revendiquer le droit au logement pour tous. Le Mouvement National des Chômeurs et des Précaires (CNCP), à l'initiative de la manifestation Porte Jeune à Mulhouse, demande l'ouverture des hébergements d'urgence quel que soit le temps qu'il fait. Et pas seulement quand il fait moins 4 degrés dehors. Une délégation s'est rendue à la mairie de Mulhouse pour rencontrer des élus et réclamer la transformation de l'ancien conservatoire de musique, aujourd'hui désaffecté, en centre d'hébergement permanent. Ils se sont quittés sur un constat d'échec.
Victor, 20 ans, à la rue depuis 4 ans, "La police, les gens te jugent au premier regard"
"Ça fait 4 ans que j’ai de mauvais ressentis avec mes parents et du coup j’ai préféré partir. Et depuis je suis à la rue parce que je trouve pas de travail et parce que j’ai décidé de vivre un peu autrement plutôt que de travailler tous les jours. Y’a des jours où ça fait chaud au cœur de voir des gens aussi généreux et y’a des fois où c’est une catastrophe. La police, les gens qui te jugent au premier regard alors que tu leur dis juste "bonjour"... il y a plus de solidarité. Je pense que si les gens se bougent pas et font entendre leur voix dans la rue, ça n’avancera jamais."
Romane, 17 ans, vit dans la rue depuis moins d'un an, "j’expérimente un peu la vie"
"Je fais la manche, y’a plein de gens qui viennent m’aider, ça fait un an que je suis à la rue, c’est tout nouveau. J’ai eu des problèmes avec mes parents, ça se passait pas bien avec ma mère et du coup elle m’a viré une première fois, elle voulait que je revienne mais j’ai préféré partir parce que ça se passait vraiment pas bien, je pensais que c’était la meilleure alternative de partir."
"Je viens de Bretagne, j’ai suivi Victor, que j’ai rencontré à la ZAD de notre dame des Landes, j’ai fait mon petit bout de chemin, au début je savais pas où aller, j’ai rencontré quelques personnes, j’expérimente un peu la vie…
Mais c’est compliqué avec la police parce que en voyant mes papiers ils appellent ma mère. Les gens sont choqués en voyant des jeunes dans la rue mais il y en a plein."
Duncan, 21 ans, squatte à droite à gauche, "Y’a des jours où je galère vraiment"
"Je viens de Nice. Avec mes parents j’étais assez jeune, encore à l’école, ils se sont séparés, je suis resté avec mon père, il a déménagé en Suisse pour le boulot. Arrivé à 18 ans il m’a mis dehors puis je me suis dit : quitte à être à la rue autant voyager et apprendre. Je voyage, je vagabonde, j’apprends des trucs, je rencontre des gens puis je continue sur cette voie-là. J’en ai beaucoup appris depuis 2 ans, je regrette pas tout ce qui m’est arrivé."
"Y’a des jours où je galère vraiment mais quand ça se passe bien, franchement, je suis heureux, je fais ce que je veux, quand je veux où je veux. Y’a des jours quand j’ai pas le choix je galère, j’ai faim, j’ai froid, ça arrive… Là je squatte un bâtiment en ville, tout ce qui est accueil de nuit j’aime pas trop, je suis mieux dehors."