Soixante-quatorze cas de coronavirus ont été confirmés dans le Haut-Rhin et dix dans le Bas-Rhin jeudi 5 mars. Un foyer épidémique a été identifié le 3 mars à Mulhouse. Une contamination intervenue lors d'un rassemblement religieux organisé par l'église de la Porte Ouverte Chrétienne.
Le chiffre augmente jour après jour. Soixante-quatorze cas cas de coronavirus ont été confirmés dans le Haut-Rhin et dix dans le Bas-Rhin jeudi 5 mars par l’agence régionale de santé (ARS) Grand Est. A ce jour, 84 cas ont donc été identifiés en Alsace.
Un foyer lors d'un rassemblement évangéliste
Dans le département haut-rhinois, un foyer épidémique - ou cluster, regroupement d’au moins deux cas en même temps, au même endroit - a été identifié mardi 3 mars. C'est le cinquième recensé en France. La contamination de plusieurs personnes, parmi les 74 cas du département, est intervenue lors d'un rassemblement religieux organisé entre le 17 et le 24 février par l'église de la Porte Ouverte Chrétienne, dans le quartier de Bourtzwiller à Mulhouse. Environ 2.000 évangélistes, venus des deux départements alsaciens et peut-être d'un peu partout en France, voire d'autres pays, ont participé à cette "semaine de jeûne". La préfecture avait indiqué mardi qu"aucune personne résidant à Bourtzwiller n’a été testée positive".Nous n'avons aucun moyen de savoir qui était réellement présent
-Laurent Touvet, préfet du Haut-Rhin
"2.000 personnes étaient là, sans inscription, donc nous n'avons aucun moyen de savoir qui était réellement présent. Vraisemblablement beaucoup du Haut-Rhin, mais peut-être également venues de plus loin", précise Laurent Touvet, préfet du Haut-Rhin.
C'est une situation évolutive, on peut s'attendre à de nouveaux cas de maladie dans les heures qui viennent
- Christophe Lannelongue, directeur de l'ARS Grand Est
Mulhouse, épicentre de la propagation
Le foyer épidémique identifié à Bourtzwiller, le quartier mulhousien où s’est déroulé l’un des plus grands rassemblements évangéliques de France, est désormais considéré par les autorités comme l’un des épicentres à l’origine de la propagation du coronavirus.Ce jeudi 5 mars, des cas confirmés de la maladie ont ainsi été diagnostiqués un peu partout en France hexagonale et dans les régions d’outre-mer. Tous ont un rapport direct avec Mulhouse. En Guyane, cinq personnes, ont ainsi contracté le virus. Même chose à Paris, où un agent de la RATP travaillant sur la ligne 6 a également été infecté dans le Haut-Rhin.
Touchés aussi le Val-de-Loire et la Corse, les deux seules régions métropolitaines jusque-là épargnées par le Covid-19, où un et trois cas de coronavirus ont respectivement été confirmés parmi des retraités de retour d’Alsace. Idem dans la Manche (trois cas), à Briançon (trois cas), Agen (deux cas). Les personnes ont été prises en charge.
Pour rappel, près de 2.000 croyants avaient assisté au rassemblement mulhousien : "Il y a beaucoup de partage, c’est un contexte propice à la contamination, a réagi Nathalie, la chargée de communication de l’église mulhousienne. Quand on prie ensemble, on peut se tenir par la main", ajoute-t-elle.
Selon la préfecture, compte tenu du nombre important de participants, il est très difficile d’établir une traçabilité claire, d’autant qu’aucune inscription préalable n’était requise et qu’aucune mesure de prévention n’avait encore été prise à la date de l’évènement.
"Appeler le 15"
Jérôme Salomon, directeur de la direction générale de la santé (DGS) avait recommandé dès le 3 mars à celles et ceux qui ressentent des symptômes d'appeler le 15. "Il est important de le signaler pour que les personnes qui y ont participé se surveillent, et si il y a des symptômes, qu'ils se signalent". Une recommandation renouvelée ce mercredi par l'ARS. "Aujourd'hui, nous sommes dans une situation où il va apparaître d'autres cas", prévient Christophe Lannelongue, directeur de l'ARS Grand Est.
"Nous invitons les participants à la semaine de carême de l'église quelque soit l'état de santé, à limiter leurs contacts sociaux, à suivre leur état de santé. Nous invitons les autres personnes, qui n'ont pas participé à cette semaine de carême, à être là aussi attentives à leur état de santé. Et en cas de symptômes de signes respiratoire, de contacter le 15".
Michèle Lutz, maire de Mulhouse, a elle aussi réagi. Elle appelle les habitants "à ne pas se rendre aux urgences directement et ne pas submerger le standard du SAMU".
Je suis allée encourager les équipes soignantes du centre hospitalier de Mulhouse avec @JeanROTTNER.
— Michèle Lutz (@michelelutzh) March 4, 2020
Un seul mot d’ordre aujourd’hui, ne pas se rendre aux urgences directement et ne pas submerger le standard du SAMU. Pour toute information, contacter le 0 800 130 000. pic.twitter.com/ZoNBBjCax1
Les capacités d'accueil à l'hôpital vont augmenter
Le directeur de l'ARS a également fait le point sur les "lignes d'action". "Nous allons faire en sorte que les personnes qui sont confinées à domicile, puissent être suivies depuis le système de santé à domicile. Les capacités d'accueil dans les hôpitaux (Mulhouse- Colmar - Strasbourg) vont augmenter, dans les services d'infectiologie mais aussi dans les autres services, notamment en réanimation et en soins intensifs. Mais pour le moment, "la capacité de prise en charge est très loin d'être saturée". Concernant les EPHAD du Haut-Rhin, un "suivi particulier" sera réalisé dans les jours à venir.L'église de la Porte Ouverte Chrétienne fermée jusqu'au 17 mars
L'église de la Porte Ouverte Chrétienne a été fondée en 1966 par Suzanne et Jean Peterschmitt à Mulhouse. En 1989, elle s'est dotée d'un nouveau local dans le quartier de Bourtzwiller au nord de la cité du Bollwerk. Après l'identification du cluster, elle restera fermée au moins jusqu'au 17 mars. La plupart des 27 salariés travaille désormais à domicile.Une enfant testée positive à Fessenheim
Une fillette âgée de deux ans a été testée positive mardi soir à Fessenheim (Haut-Rhin). C'est aussi le cas pour d'autres membres de sa famille, qui n'est par originaire de la commune. Mais comme l'enfant était gardée dans la crèche Pirouette, le maire a décidé de fermer la structure jusqu'au 15 mars, par précaution. Les 42 enfants qui l'ont cotoyé ces deux dernières semaines sont en quatorzaine, comme les 13 membres du personnel.
Dix cas, dont un préoccupant, dans deux familles à Hésingue et Bernwiller
L’apparition d’un foyer épidémique a été confirmée le 3 mars, a annoncé la préfecture du Haut-Rhin. Les dix personnes testées positives au coronavirus sont membres de deux familles résidant à Hésingue et Bernwiller ont été prises en charge par les hôpitaux universitaires de Strasbourg, dont Jonathan Peterschmitt, médecin généraliste de la commune, qui est le fils du pasteur de la paroisse de la Porte Ouverte Chrétienne, Samuel Peterschmitt. Après une journée d'isolement au Nouvel Hôpital civil de Strasbourg, le trentenaire a rejoint son domicile mardi soir où il est en confinement avec sa femme et ses trois enfants. L'ARS précise ce mercredi que l'un des cas est jugé "préoccupant."Lui n'a jamais eu de fièvre. Rien ne laissait présager qu'il s'agisse du coronavirus. "Malheureusement oui, les symptômes ne sont pas forcément explicites, et on peut passer à côté" explique-t-il. "Par chance, je n'ai pas rencontré de patients depuis mon infection. Et mes enfants ne sont pas allés à l'école".
Ecoles fermées et rassemblements interdits
Des mesures de précaution ont été prises : fermeture des écoles où les enfants sont scolarisés (école « Emmanuel » à Saint-Louis et école communale de Bernwiller) ainsi que l’école « Oberlin » à Bourtzwiller, tenue par la communauté évangélique". Les rassemblements publics à Bernwiller et à Hésingue, lieux de résidence de ces deux familles, sont également interdits précise la préfecture. Les investigations sanitaires pour évaluer les personnes ayant été en contact avec les malades se poursuivent également.Certaines communes haut-rhinoises ont également décidé d’appliquer le principe de précaution en fermant leurs écoles. Pas de classe ni de périscolaire jusqu’au lundi 9 mars à Andolsheim et Algolsheim, où une enseignante, dont le père a été hospitalisé en raison du coronavirus, présente certains signes pouvant impliquer une contamination. A Jebsheim, village où réside la fonctionnaire, l’établissement sera fermé jusqu’à lundi inclus.
Toujours dans le secteur de Colmar, l’école Muntzenheim n’accueillera pas d’enfant ce vendredi 6 mars, des parents d’élèves ayant contracté le coronavirus lors du rassemblement de Bourtzwiller.
A côté de Mulhouse cette fois, l’école maternelle Entremont n’a pas ouvert ses portes aujourd’hui et restera vide jusqu’à lundi matin. Il s’agit là encore de ne pas prendre de risque, puisqu’une personne de l’équipe éducative montre des signes qui pourraient faire penser à la maladie.
Les municipalités de Zaessingue et Wahlbach dans le Sundgau garderont elles aussi leurs écoles fermées jusqu’à lundi. A Rantzwiller et Koetzingue, la même mesure a été prise: un enfant scolarisé au sein de l’établissement intercommunal a contracté le virus après un week-end en Italie. Ses parents sont également contaminés.
Enfin, l’école et le périscolaire de Rustenhart, fermé depuis ce jeudi 5 mars, ne rouvriront pas avant lundi matin.