Figure marquante de l’art moderne américain du XXe siècle, Georgia O’Keeffe est une artiste peintre méconnue en Europe. La fondation Beyeler de Bâle lui rend hommage, en exposant jusqu'au 22 mai un large éventail de ses œuvres, de ses tableaux de fleurs à ses paysages abstraits.
"On prend rarement le temps de regarder attentivement les fleurs. J’ai choisi de les peindre assez grandes, afin que chacun puisse voir ce que je vois." Cette citation de 1926 est devenue le fil conducteur de la vie et de la carrière de Georgia O’Keeffe, artiste peintre emblématique de l’art américain du XXe siècle.
Georgia O’Keeffe (1887-1886) est née et a grandi dans les grandes plaines américaines du Midwest. C’est sans doute de là que lui vient son attrait pour la nature et les grands espaces. Animée d’une vocation précoce, elle se lance très tôt dans des études d’art à Chicago, puis à New York.
À partir de 1918, Georgia O’Keeffe fréquente la galerie new-yorkaise d’avant-garde 291, la première aux États-Unis à exposer Picasso, Cézanne et Matisse. Co-fondé par le photographe et promoteur de l’art moderne Alfred Stieglitz, ce lieu sera déterminant pour Georgia O’Keeffe.
Des fleurs aux formes sensuelles
L'artiste peintre reste pourtant à l’écart des grands courants artistiques du XXe siècle. Elle trouve sa propre voie créatrice dans un art indépendant, à mi-chemin entre figuration et abstraction. La série des fleurs peintes dans les années 1920 la rend célèbre et ces toiles sont parmi ses œuvres les plus connues.
Des fleurs aux couleurs vives, sensuelles, cadrées en très gros plan. "Si vous vous éloignez, vous voyez que c'est un iris. Mais plus vous vous approchez -et plus elle s'approchait avec sa peinture- plus ça devient abstrait et plus on touche à l'essence de ce qu'elle voulait montrer", souligne Theodora Vischer, commissaire de l'exposition.
La tentation de l’abstraction
La frontière entre le figuratif et l'abstrait traversera toute l'œuvre de Georgia O'Keeffe. Comme lorsqu'elle découvre, en 1929, le Nouveau-Mexique, le choc de sa vie, avec ses grands espaces et sa lumière du sud américain. "Elle utilise les deux, comme deux possibilités pour exprimer ce qu'elle regarde, et ce qu'elle voit. Parfois elle se concentre sur le figuratif, et à la même époque, elle a une peinture presque abstraite", indique Theodora Vischer.
Des gratte-ciels de New York aux ossements de bovins qu'elle rapporte de ses promenades dans les déserts indiens, la peinture de Georgia O'Keeffe se réinvente au cours des décennies.
L’œuvre tardive de Geogia O’Keeffe est représentée dans la dernière salle de l’exposition. Dans les années 1950 elle est inspirée notamment par les nuages qu'elle peut contempler en avion. Elle peint aussi le patio de sa maison, simplifié à l’extrême, dans une série d’une vingtaine de toiles dont l’abstraction annonce le minimalisme américain.
Célèbre aux Etats-Unis, où elle est considérée comme une représentante majeure de l’art moderne du XXe siècle, Georgia O’Keeffe est restée longtemps ignorée sur le vieux continent. L’exposition que lui consacre la fondation Beyeler à Bâle, jusqu’au 22 mai, est l’occasion de découvrir cette artiste dans toute sa diversité.