43 km quotidiens pour aller au travail : en Suisse, les frontaliers francs-comtois, de plus en plus nombreux, viennent de plus en plus loin

Le temps de trajet domicile-travail des travailleurs frontaliers de Bourgogne-Franche-Comté est plus élevé que celui des frontaliers des autres régions, selon une étude de l'Insee parue le 28 novembre 2024. En cause : des emplois en Suisse loin de la frontière.

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Ce sont eux qui font de plus en plus de route. Les travailleurs frontaliers de Bourgogne-Franche-Comté parcourent en 2021 (date du recensement de l'étude de l'Insee) en moyenne 43 km pour se rendre sur leur lieu de travail.

"C'est 8 km de plus que ceux de Grand Est et 15 km de plus que ceux d'Auvergne-Rhône-Alpes", précise une étude de l'Insee publiée en novembre 2024. Entre 2010 et 2021, le trajet moyen s'est ainsi allongé de 4 km et la proportion des trajets de plus de 50 km est passée de 24 % à 31 %.

Début 2024, l’Office fédéral de la statistique suisse dénombre 47 900 , actifs en Suisse et résidant en Bourgogne-Franche-Comté. En 2021, ils représentent 3 % de la population active de la région. Ces frontaliers sont aussi nombreux que ceux résidant en Grand Est, mais trois fois moins qu’en Auvergne-Rhône-Alpes

Pourquoi un temps de trajet si long ?

Les frontaliers de la région ne trouvent que peu d'emplois près de la frontière. Ces derniers sont généralement peu nombreux et d'importance limitée. "Les salaires sont peu élevés au niveau de la frontière", assure Michel Rivière, président de l'Amicale des frontaliers.

"Ainsi, les frontaliers de Bourgogne-Franche-Comté doivent parcourir en moyenne 22 km de trajet en Suisse pour rejoindre leur travail, soit deux fois plus que les frontaliers d’Auvergne-Rhône-Alpes et Grand Est", souligne l'étude de l'Insee. Ces derniers ont en effet la possibilité de travailler à Genève ou Bâle et habiter plus près, "dans leurs couronnes périurbaines situées en France".

Selon l'étude, "cet éloignement aux pôles d’emploi suisses peut expliquer que peu de frontaliers de nationalité suisse résident en Bourgogne-Franche-Comté". Ils seraient plus nombreux en Auvergne-Rhône-Alpes près de Genève et dans le Grand-Est aux abords de Bâle.

Pontarlier, ville championne des frontaliers

La distance domicile-travail moyenne des frontaliers résidant dans la zone de Pontarlier a ainsi augmenté de 8 % entre 2010 et 2021. 

Près de la moitié des frontaliers de la zone d’emploi de Pontarlier travaille dans le canton de Neuchâtel (12 000 individus) et plus du tiers dans celui de Vaud (8 700). D’autres, de plus en plus nombreux, occupent des emplois dans des pôles helvètes plus éloignés.

"Les frontaliers : de plus en plus loin de leur travail", étude de l'Insee, 28 novembre 2024

Plus largement, les frontaliers de Bourgogne-Franche-Comté résident de manière disparate le long des 230 km de frontière avec la Suisse, dans des territoires souvent montagneux. Pour la plupart, ils habitent dans la zone d'emploi de Pontarlier où le nombre de frontaliers subit une forte croissance (+6 900 entre 2010 et 2021).

Les autres sont établis à Saint-Claude, Montbéliard et Belfort où les effectifs augmentent aussi de manière importante, "jusqu'à + 76 %". Les frontaliers originaires de Montbéliard et Belfort sont ceux effectuant les trajets les plus longs après le passage de la frontière suisse. La raison : le canton helvète du Jura est desservi par une autoroute rendant possible le parcours rapide de longues distances.

Des points de passage peu nombreux

Cette forte croissance du nombre de travailleurs frontaliers augmente la saturation aux points de passage, peu nombreux, à cause de la géographie montagneuse. "Le flux de frontaliers passant par la commune frontalière de Villers-le-Lac, dans la zone d’emploi de Pontarlier, atteindrait quotidiennement 8 300 individus en 2021, contre 6 100 en 2010", précise l'étude.

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Pour le col de Jougne, situé plus au sud, ils seraient 7 600 en 2021 contre 4 500 avant. Sur la même période, leur nombre aurait plus que doublé au point de passage de Delle, au nord.

Une empreinte carbone plus importante

Les territoires, pour la plupart montagneux près de la frontière entre la Bourgogne-Franche-Comté et la Suisse, ne favorisent pas l'usage des transports collectifs : "97 % des frontaliers de la région utilisent la voiture pour se rendre en Suisse". Les frontaliers d'Auvergne-Rhône-Alpes utilisent majoritairement la voiture, mais son usage est en baisse grâce à l'utilisation des transports collectifs et des modes doux.

Parce qu’ils parcourent, en voiture, de plus longues distances, les frontaliers de Bourgogne-Franche-Comté émettraient chaque année plus de 2,1 tonnes en équivalent CO2 , davantage que ceux d’Auvergne-Rhône-Alpes, 1,1 tonne.

"Les frontaliers : de plus en plus loin de leur travail", étude de l'Insee, 28 novembre 2024

Afin de réduire les émissions de CO2, "le développement du télétravail pourrait constituer un levier", avance l'étude. Mais celui-ci aurait un faible impact puisque les frontaliers de Bourgogne-Franche-Comté travaillent surtout comme ouvriers dans l'industrie et que cette activité ne peut se faire à distance. Le covoiturage serait aussi un moyen de réduire l'empreinte carbone de ces déplacements. 

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