La capacité d'accueil du chenil de la SPA de Mulhouse (Haut-Rhin) est saturée suite aux abandons de chiens qui se multiplient. Au refuge, la situation est jugée catastrophique, au point de ne plus pouvoir accepter toute nouvelle arrivée de chiens. La présidente de l'association lance un cri d'alarme.
Régulièrement, les refuges de la SPA, débordés, alertent sur les abandons trop fréquents d'animaux. Mais à Mulhouse, en ce début de mois de janvier, "c'est du jamais vu", déplore la présidente de l'association, Sabine Schwertz. Depuis plusieurs semaines, l'accroissement du nombre de chiens recueillis au chenil connaît une explosion. Une situation jugée catastrophique. "On n'en a jamais eu autant. Habituellement, on tourne autour de 60 chiens, là ils sont 91. Nous ne pouvons plus les mettre nulle part chez nous".
Pour les 19 salariés du refuge, gérer une telle population de canidés devient compliqué. Une jeune recrue a même été embauchée pour cause d'accroissement d'activité. "On est obligé de freiner les arrivées, dans certains box, il y a cinq chiens. Le personnel ne compte plus ses heures. Il faut nettoyer le chenil, donner les soins, les faire sortir plusieurs fois dans la journée", explique Sabine Schwertz.
Chenil saturé
Alors la décision a été prise de ne plus accepter de chiens. Au moins provisoirement. "Aux gens qui appellent, on répond qu'on ne prend plus les abandons. Nous notons leurs coordonnées et on leur conseille de rappeler d'ici 4 à 5 semaines, le temps de désengorger le chenil, de trouver des adoptants".
Pour autant, la situation sera-t-elle résolue d'ici là ? Adopter un chien est un acte qui engage les futurs propriétaires. Pour éviter les retours, il faut mettre en place un comportement adéquat. "Rox a été adopté cinq fois. Les derniers adoptants l'ont ramené parce qu'il aurait, non pas mordu, mais pincé". Et puis il y a les chiens délicats à placer, comme les Americans staff ou autres molosses, "certains sont difficiles, cela ne facilite pas l'adoption".
Alerter, sensibiliser les gens, ne suffit plus, déplore Sabine Schwertz. L'animal est encore trop souvent considéré comme un objet ou, pire, comme un jouet. "Après les périodes de fête, on prend conscience qu'il s'agit d'un être vivant. On ne peut plus prendre en charge les retours d'animaux déposés au pied du sapin". Pour différentes raisons, il y aurait une perte de responsabilité vis-à-vis des animaux et des chiens en particulier. "De plus en plus de gens abandonnent leur chien sans scrupules et n'écoutent pas les conseils qu'on leur donne", déplore la présidente de l'association.
Les maltraitances se multiplient
À l’origine des abandons, il y a souvent des difficultés financières, source de maltraitances. "Les personnes sont dépassées et n'arrivent plus à gérer la situation. L'animal est négligé, il ne sort plus. Les services d'hygiène sont alertés par les odeurs dans les appartements".
Malgré les alertes régulières lancées par les associations de protections des animaux, Sabine Schwertz rappelle que la France détient le triste record européen d'abandons d'animaux. "Les sanctions ne suivent pas, tous les refuges sont pleins à craquer".
Malgré tout, la SPA de Mulhouse ne baisse pas les bras. Le 12 janvier, dans le but d'informer le public sur la multiplication des abandons, la SPA accompagnera Cédric Sapin-Defour, auteur de Son odeur après la pluie, qui fera une dédicace à la librairie 47° Nord. Le 20 janvier, l'association monte un gala à l'auberge du zoo en partenariat avec le Rotary Club. Un défilé avec des chiens et des mannequins sera organisé pour l'occasion. Le message est clair : "Au secours, nous sommes là, aidez-nous", lance Sabine Schwetzer qui rappelle que la SPA vit de dons et de legs.