Le parolier de Bashung raconte la genèse de Figure imposée, "Avec cet album, il désarçonnait tout le monde"

Pascal Jacquemin, le parolier et guitariste d'Alain Bashung dans les années 1980, remonte sur scène en Alsace pour interpréter l'album culte Figure imposée. Il nous raconte sa rencontre avec le chanteur qui commençait une carrière fulgurante.

Dans les années 1980, Pascal Jacquemin a collaboré avec de nombreux groupes et artistes parmi lesquels Alain Bashung dont il a été le guitariste et le parolier. En 1982 il rejoint Bashung dans sa  tournée Vertige de l'amour en tant que guitariste, année où sort l'album Play Blessure coécrit avec Serge Gainsbourg. Un an plus tard, Pascal Jacquemin écrit les paroles de Figure imposée, un album resté confidentiel mais devenu culte pour les connaisseurs et fans exigeants d'Alain Bashung.

Pascal Jacquemin sera sur scène à Sausheim (Haut-Rhin) le 1er décembre, date anniversaire de la naissance d'Alain Bashung. Il interprétera l'album Figure imposée écrit 40 ans plus tôt. Il a bien voulu répondre à nos questions lors de ses répétitions avec son groupe Gram_Pass.

Quelle place a l'album Figure imposée dans la carrière d' Alain Bashung ?

Avant Figure imposée, Alain avait fait deux albums qui ont vraiment très bien marché. Celui où il y avait Gaby, l'album qui l'a fait démarrer. Ensuite, Vertige de l'amour, vendu à 1,5 millions d'exemplaires en France. C'était vraiment énorme. Ce qui le faisait un peu flipper, c'était qu'il devienne une espèce de chanteur kleenex, qui à force de faire des hits, s'il n'en faisait plus, qu'on lui dise "bon heu…".

Il avait l'idée de devenir un chanteur qui fait une carrière, un chanteur de rock et pas un chanteur de variété. A cette époque-là quand on faisait de gros cartons, c'était toujours un petit peu dangereux, il fallait manager sa carrière. Il avait besoin de changer vraiment de direction, montrer qu'il était capable, qu'il avait envie, de faire autre chose. Il l'a fait en deux albums.

Le 1er album, Play Blessure, coécrit avec Serge Gainsbourg est un album sombre. Le 2e album, Figure imposée, plus solaire, est complètement barré. Avec ça, il désarçonnait tout le monde, y compris sa maison de disque qui paniquait complètement parce que d'un seul coup, il ne vendait plus du tout un million d'albums. Ça lui ouvrait des portes vers tout à fait autre chose et des possibilités que, lui, envisageait.

C’est pour ça que c'est un album charnière et au moment où on le faisait, on le savait. On ne se faisait absolument aucune illusion sur les ventes. Par contre, c'était artistiquement vraiment intéressant à réaliser et puis je pense qu'il lui fallait un auteur nouveau. Je n'avais absolument pas de frein par rapport à lui et lui non plus par rapport à moi. C'était très libre et on a pu aller dans le dadaïsme, la dinguerie, le chaos. Je pense que c'était vraiment ce qu’il recherchait. Il fallait vraiment que le virage soit sec. C'était la panique chez ses fans qui ne comprenaient pas ce qu’il se passait mais changer de direction c’était ce qu’il voulait.

Comment définir l'état d'esprit de Figure imposée ?

C’est un album assez dingue. On a réussi à avoir de l’unité dans l'album grâce à la dinguerie. On n'avait aucun frein. Des fois, quand tu fais un album, tu te dis, il faut faire deux trois hits qui vont peut-être faire du mal à la cohérence mais tu les mets dedans parce que tu veux vendre. Là, tous les morceaux étaient des morceaux d'albums.

S'il y avait un hit, tant mieux, s'il n'y en avait pas on s'en foutait, c'était pas ça le problème. Le problème c’était plutôt de bien faire comprendre aux gens qu’on voulait aller ailleurs et qu'Alain n'était pas un chanteur de variété, en aucune manière.

Qu’est-ce qui vous a poussé à rechanter les paroles que vous avez écrites il y 40 ans ?

C'est assez étrange en fait. Peut-être que l'idée était déjà sous-jacente. En tout cas, je n'ai pas eu cette impression-là. J'ai toujours joué certains titres de l'album, comme par exemple Elégance, quels que soient les groupes que j'ai pu faire après avoir travaillé avec Alain. J'ai mis beaucoup de temps à trouver une formule pour jouer Elégance de façon assez décharnée, jusqu'à l'os, pour que ce soit vraiment efficace. Plus récemment avec Gram_pass, avec mon fils, on a réintégré le titre What’s in a bird.

L'année dernière j'ai appelé Arnaud, le batteur d'Alain. On se connaît bien parce qu'on avait un groupe ensemble dans les dans les années 80, je lui dis : voilà, j'ai envie de rejouer l'album Figure imposée, tu penses que c'est une bonne idée ou est-ce que c'est complètement incohérent ? Il m'a dit : c'est une super idée, je vais appeler Bobby, je vais appeler Yann, je suis sûr que ça va leur plaire. Et puis c'est parti comme ça.

Ça fait 40 ans que je les ai faites ces chansons et c'est super agréable de les jouer avec des musiciens comme ça, ils sont absolument géniaux, c'est des monstres, ils jouent super bien. C'est vraiment génial. J'ai l'impression d'avoir un gros V8, ça marche tout seul.

Je pense que les gens vont prendre du plaisir et avoir des émotions grâce à la musique d'Alain et mes paroles. Nous en tous les cas, on va en prendre.

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