Les laboratoires de recherche de l'Université de Reims Champagne-Ardenne et les professionnels du champagne mènent depuis cinq ans des projets de recherche. Grâce à l'intelligence artificielle, ils comptent pouvoir bénéficier d'aides à la décision, par exemple sur la qualité ou la quantité des récoltes ou encore sur la détection de maladies.
Tout commence dans des serres, où des scientifiques ont planté des pieds de vigne pour étudier leur comportement. "Nous travaillons sur plante entière, mais également sur les modes d'infection du champignon. Donc nous allons travailler sur des feuilles isolées pour pouvoir travailler à proprement parler sur le champignon en lui-même", décrit Bart Lamiroy, professeur des universités et directeur du CReSTIC (Centre de recherche en sciences et technologies de l'information et de la communication).
Ces maladies provoquées permettent de mieux comprendre leur développement. "On va pouvoir ensuite prendre des photos à différentes distances pour ensuite permettre à mes collègues qui travaillent sur l'intelligence artificielle de pouvoir modéliser les symptômes en fonction de l'âge et de la durée de contamination par le champignon", ajoute le chercheur.
C'est à partir de toutes les informations recueillies que les chercheurs en numérique vont pouvoir travailler. "On sait déjà a priori quel type d'algorithmes va fonctionner sur quel type de données. Sur des images, ce n'est pas pareil que sur des vidéos, des documents écrits, de l'audio ou des capteurs de température", précise Cédric Jacquart, professeur des universités et directeur du laboratoire RIBP (Résistance induite et bioprotection des plantes). "Ensuite, à partir de notre expertise des algorithmes, on va choisir ceux qui nous paraissent les plus intéressants pour faire des expériences, éventuellement les adapter, pour ensuite résoudre le problème."
"Très important de tester en vrai"
Depuis cinq ans, le champagne Pommery est engagé aux côtés de l'université dans ses projets de recherche sur l'intelligence artificielle appliquée à la vigne. À terme, les professionnels espèrent bénéficier d'aides précieuses. "Le principe de nos projets est de faire l'acquisition de données de masse, même des données qui n'ont pas forcément beaucoup de choses à voir entre elles, indique Clément Pierlot, chef de cave. Mais le fait d'avoir une acquisition de données forte, qui passe dans des réseaux de neurones, peut permettre parfois de tirer des conclusions que l'humain n'aurait pas forcément vu. L'idée est d'essayer, à travers ce robot qui fait de l'acquisition de données, de faire de la détection de maladies précoce dans les vignes."
Dans les vignes du domaine, une dizaine de capteurs ont été placés sur des pieds et des caméras sont embarquées dans les robots tracteurs. "On peut toujours rester dans un laboratoire pour faire une expérience. Mais ici, on a la réalité avec la luminosité ou les conditions climatiques qui changent, pointe Luiz Angelo Steffenel, professeur des universités et directeur du laboratoire LICIIS (Laboratoire d'informatique en calcul intensif et image pour la simulation). Par exemple, pour les maladies, on a des pressions différentes selon les cépages ou le moment de l'année. Donc c'est très important de tester en vrai pour vraiment s'assurer qu'on a des modèles d'intelligence artificielle qui sont vraiment généralisables."
Ces applications peuvent être utilisées en toute autonomie par les viticulteurs. Elles sont évolutives et s'enrichiront des dernières observations collectées.