Un an après son incendie, le restaurant "Léo à table" reprend sa place dans le quartier des Hauts de Rouen, et son service dès le lundi 16 septembre 2024 midi. Véritable balise dans ce quartier défavorisé, l'établissement va poursuivre également sa mission d'insertion des personnes éloignées de l'emploi.
"Léo à table est le lieu inclusif des Hauts de Rouen, un lieu de convivialité, et un outil d'insertion professionnel", c'est en ces mots que l'association Archimaide76 décrit son restaurant, qui emploie et intègre du personnel issu du secteur.
Depuis 2017, l'établissement anime ce quartier défavorisé de la ville, où viennent déjeuner chaque midi les salariés ou les étudiants des alentours. À l’origine de ce projet, l'idée était donc d'offrir un lieu de restauration aux travailleurs du plateau, et prouver que ce quartier pouvait être animé et agréable à vivre. Pari réussi, jusqu'à l'incendie.
Renaître de ses cendres
Une belle dynamique sociale et fraternelle, rompue la nuit du 29 au 30 juin 2023 quand le seul restaurant du quartier fut incendié par des jeunes au cours des émeutes urbaines de l'été. "C'était un carnage. Ils n'ont rien volé, mais tout était cassé...on ne s'attendait pas du tout à ce qu'ils s'en prennent à un lieu comme ça, qui est un soutien pour de nombreuses personnes", se souvient Angélique Hue, la chef de salle et responsable technique du restaurant.
Pendant l'arrêt du restaurant d'insertion, "Léo à table" a poursuivi son activité autrement, notamment grâce à un food truck. Les clients achetaient leurs plats préparés dans le camion, et pouvaient se mettre à l'abri pour déjeuner dans une salle mise à leurs dispositions par l'association.
La clientèle, solidaire, ne les a jamais laissés tomber. Une cagnotte en ligne a même permis de récolter 10 000 euros. Mais les travaux, évalués à 230 000 euros, ont été financés à 70% par les assurances, également par les subventions des collectivités, ainsi que par des fonds propres à l'entreprise.
Après 14 mois de travaux, ce restaurant solidaire peut enfin reprendre le cours de son existence.
Voir cette publication sur Instagram
"Il faut que la reprise soit belle et bonne"
Angélique Hue est cheffe de salle au restaurant "Léo à table". C'est elle ce lundi matin qui a la tâche d'écrire le menu du jour sur le tableau noir. Buffet d'entrées, deux plats et trois desserts au choix, à partir de 14,90 euros. "Un peu stressée quand même ! Il faut que la rentrée soit belle et bonne. On a une nouvelle équipe, une nouvelle caisse, tout change !" sourit Angélique un peu fébrile.
Erwan, salarié en insertion professionnelle depuis 15 jours, assure quant à lui la mise en place de ce premier service."Mettre les couverts et les sets sur les tables pour les clients, prendre les carafes d'eau au bar, passer l'aspirateur, enlever les poussières, plein de choses" décrit le jeune homme, qui s'apprête à servir ses premiers clients.
En cuisine, Jeannette Morel est la chef de cette brigade de huit personnes. Tous n'étaient pas formés à la restauration, et Jeannette doit veiller à les épauler. "Mon rôle, c'est de les accompagner, de les motiver, et leur montrer qu'ici ou ailleurs, ils sont toujours utiles quelque part, et qu'ils sont capables de faire des choses".
Douze personnes ont ainsi repris les rênes du restaurant, parmi lesquels quelques encadrants, et des salariés éloignés de l'emploi qui ont trouvé ici une place de choix.
Il va falloir être efficace aujourd'hui, d'autant que 70 personnes sont attendues pour ce premier service de reprise. "On a principalement des professionnels qui viennent manger ici, mais on a souvent des nouvelles têtes. On voit bien que c'est un lieu où les gens aiment venir manger, et surtout les partenaires des structures que nous avons sur le quartier", explique le directeur de Léo à table, Grégory Lamare.
Un restaurant inclusif et des projets
On affiche vraiment le fait qu'on est un restaurant d'insertion, parce que l'œuvre sociale est fondamentale dans notre identité, mais un client qui paie pour un service a besoin d'avoir un bon service...on est un restaurant et on fait de la qualité
Grégory Lamare, directeur de Léo à table
Depuis 2017, "Léo à table" a aidé une cinquantaine de personnes en réinsertion. "On garde toujours le lien avec nos anciens salariés. On a des encadrants qui ont un aspect un peu "maternel", donc il y a du lien qui se crée, les salariés reviennent souvent nous voir, nous expliquent où ils en sont, nous demandent des conseils", poursuit le directeur du restaurant.
Archimaide76, l'association et groupement d'économie solidaire qui gère ce restaurant d'insertion, a d'autres idées en tête.
Les offres de Léo, c'est aussi un distributeur automatique de repas, installé route de Lyons-la-Forêt sur le site de Repainville, un service de buffet, traiteur et livraison, ou un espace de coworking après le déjeuner. Léo à table, Léo cowork, Léo part en ville, et Léo à la ferme...Léo a retrouvé sa vitalité !