La fédération départementale des chasseurs du Haut-Rhin a lancé une pétition en décembre 2024 en faveur de la faune sauvage, elle a recueilli déjà 23 000 signatures. Leur constat est le même que celui du militant pour la sauvegarde de la faune sauvage, Jean-Paul Burget : d'année en année, les grands animaux sont moins nombreux dans les forêts alsaciennes. Explications.
Les chasseurs ont lancé une pétition en décembre 2024 pour ne plus tuer les grands animaux sauvages. L'annonce peut sembler étonnante. Et pourtant. Les chasseurs, comme les photographes animaliers et les promeneurs constatent d'année en année une diminution de la faune sauvage en forêt, notamment dans le poumon vert de l'Alsace qu'est le massif des Vosges.
Jean-Paul Buret est venu, au côté des chasseurs, ce jeudi 9 janvier pour défendre la faune sauvage, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à Meyenheim. "Je me mets avec les chasseurs pour maintenir la biodiversité parce qu'il est inadmissible de détruire la faune dans le département du Haut-Rhin", explique d'emblée le militant. "À l’heure actuelle, on ne fait plus de la régulation. On détruit la faune sous la pression de l'État français, c’est-à-dire des fonctionnaires de l'État français dû à la pression des syndicalistes agricoles et de l'agroforesterie."
Gilles Kaszuk, président de la Fédération des chasseurs du Haut-Rhin remet lui en cause les quotas de tirs obligatoires. Chaque année, la préfecture du Haut-Rhin établit un nombre d'animaux sauvages à tuer pour les chasseurs, en fonction des espèces et du nombre de leur population à réguler.
Mais Gilles Kaszuk est formel, ces demandes sont de plus en plus exagérées. "Nous sommes début janvier, au chiffre fatidique de 2000 [cerfs tués], il va en manquer 800, c'est à peu près certain. Tout simplement, ils ne sont pas là, ils ne sont plus là ! Et donc nous imposer d'en tirer 2000, c'est complètement impossible et en plus ça menace la survie de la population des cerfs dans nos régions."
Nous sommes début janvier, au chiffre fatidique de 2000 [cerfs tués], il va en manquer 800, c'est à peu près certain. Tout simplement, ils ne sont pas là, ils ne sont plus là !
Gilles Kaszukprésident de la Fédération des chasseurs du Haut-Rhin
Les plans de chasse définis par la préfecture du Haut-Rhin imposent de tuer chaque année un nombre minimum d'individus pour chaque espèce dans le département. Avant le 1er février 2025, ce sont donc 2000 cerfs, 350 chamois, 165 daims et 10 000 chevreuils qui doivent être abattus au minimum dans tout le Haut-Rhin.
Des minima exagérés et impossibles à tenir
"Ces plans de chasse ont toujours existé", explique Caroline Rolly-Schmitt, directrice de la Fédération des chasseurs du Haut-Rhin. "Mais depuis 2020, la pression s'est accentuée sur les chasseurs. Avant, on pouvait en parler à la préfecture et il y avait rarement de suites si le nombre minimal n'était pas atteint. Mais depuis quelques années, c'est beaucoup plus contraignant. Chaque association de chasseurs a un nombre précis d'animaux à prélever, avec des PV systématiquement adressés en cas de manquement", déplore-t-elle. Pour chaque espèce, c'est 1500 euros par chasseur. Un chiffre multiplié par cinq pour une association de chasseurs.
En cas de non-réalisation des chiffres de la préfecture, celle-ci envoie des louvetiers : des équipes chargées de détruire avec des méthodes beaucoup plus radicales les animaux. La préfecture menace de faire appel à eux cette année, après le 1er février. "Ils tirent les cervidés depuis des voitures, à la thermique. C'est une véritable destruction."
Selon les chasseurs du Haut-Rhin, la pression vient des agriculteurs, qui veulent chaque année reporter les animaux non tués une année sur l'année suivante. "Nous considérons que nous avons atteint un point de non-retour. Comme il y a 30 ans avec la petite faune (lièvres, faisans et perdrix), cette fois-ci c'est le grand gibier qui est menacé. Et nous ne voulons pas cautionner cela. Nous ne voulons pas être les fossoyeurs de la biodiversité", assène Caroline Rolly-Schmitt.
Comme il y a 30 ans avec la petite faune (lièvres, faisans et perdrix), cette fois-ci c'est le grand gibier qui est menacé. Et nous ne voulons pas cautionner cela. Nous ne voulons pas être les fossoyeurs de la biodiversité.
Caroline Rolly-Schmitt, Fédération des chasseurs du Haut-Rhin
"Il est plus simple de dire que les cerfs ou les daims sont responsables. Au lieu de remettre en cause tout le système", dit Carlone Rolly-Schmitt. "On ne peut pas décimer le gibier, il n'est pas la variable d'ajustement aux problèmes climatiques. Il y a parfois des cervidés qui viennent dans les cultures, qui broutent des prairies, mais ce sont des cas peu nombreux, on le voit sur les chiffres d'indemnisation. Mais les agriculteurs font de chaque cas une généralité. Pour que les chasseurs, qui paient un droit de chasser, disent qu'il faut arrêter, c'est qu'il y a un problème."
Les chasseurs craignent un appauvrissement génétique des cervidés des Vosges, une trop grande consanguinité des animaux, qui seraient alors moins résistants aux maladies. Gilles Kaszuk précise : "trop tirer c'est mettre la population en mode survie voire même complètement aboutir à une éradication totale du cerf à moyen terme".
Jean-Paul Buret ne mâche pas ses mots non plus : "Contrairement à ce qu'on pourrait penser la menace qui pèse sur cette grande faune sauvage dans le Haut-Rhin, elle n'est pas du fait des chasseurs. Elle est due à la pression syndicale agricole, à la pression des fonctionnaires qui devrait aller plus sur le terrain et voir qu'est-ce qui se passe. Il faut savoir que 80 % de la faune en Alsace a été anéantie. Il faut savoir que dans le département, il y a plus de hamsters, la guitare de Pierre a disparu, le busard cendré a disparu, il reste deux couples de courlis. Voilà, il ne reste plus rien."