Malgré des difficultés financières, la société mulhousienne Manurhin, producteur français de machines de munitions internationalement reconnu, gagne encore des contrats. La pérennité de la société se joue dans les semaines à venir, une situation qui inquiète les 175 salariés du site mulhousien. 

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La situation de l'entreprise mulhousienne Manurhin, le fabricant français de machines de munitions, célèbre pour ses revolvers qui équipaient autrefois les forces de l'ordre, est pour le moins contradictoire. Placée sous le régime de sauvegarde judiciaire depuis juin 2017 à la suite de déboires financiers, la société engrange par ailleurs les contrats jusqu'à se retrouver aujourd'hui à la tête d'un carnet de commandes plein à craquer. Mais ces contrats, l'entreprise ne peut les honorer, faute de liquidités.



Les ennuis commencent en 2016 après des années de redressement au cours desquels le fleuron français de l'industrie de défense, quasi centenaire, est remis sur pied. Le chiffre d'affaire cette année-là est divisé par deux par rapport à 2015 tandis que les pertes s'accumulent, jusqu'à atteindre 16,5 millions d'euros. Un gâchis pour Rémy Thannberger, le président du directoire, qui voit des années d'efforts anéanties. En 5 ans les effectifs sont passés du simple au double, atteignant 170 salariés. Ca, c'était le temps où l'Etat actionnaire était aux côtés de l'entreprise. Depuis son retrait en 2013 la trésorerie ne permet de fonctionner qu'au ralenti: deux tiers des effectifs ne travaillent que 3 jours par semaine depuis septembre 2016. Paradoxalement, en même temps, le carnet de commandes est en pleine progression.  



Comment expliquer cette contre-performance ?
La marque Manurhin est reconnue par la qualité de ses produits dans le monde entier. L'entreprise a installé plus de 13.000 machines dans plus de 60 pays. La technologie "made in France" de Manurhin représente un savoir-faire unique plébiscité par ses clients. Mais Manurhin n'a pas les moyens de financer sa production, 100% à l'export, faute de trouver de l'argent auprès des banques. La direction sans le dire explicitement, attribue ce blocage à l'actionnaire slovaque Delta Defence, actionnaire à 34%. Dans ce secteur stratégique et hautement sensible, cet actionnaire étranger effraierait-il les pouvoirs publics ? C'est du moins ce qui se murmure dans les couloirs de l'entreprise.

Du côté des salariés c'est l'inquiétude. Les difficultés de trésorerie laissent planer un doute sur les paies du mois de mars mais la grande question qui compte avant tout est celle de l'avenir de l'entreprise. Alors, pour des questions d'intérêt partagé le personnel garde sa confiance dans la direction: il faut sauver le soldat Manurhin. Dernièrement, lors du salon de Nuremberg, Rémy Thannberger a discuté avec plusieurs industriels du secteur de la défense intéressés pour entrer dans son capital. L'entreprise vient de signer une nouvelle commande d'un montant de 11 millions d'euros auprès d'un groupe belge, pré-payée par le client. Voila pour les signes positifs qui relancent les espoirs d'arriver à une solution avant la date butoir du 7 juin 2018. 

Vers un dépôt de bilan ?
Si aucune solution n'est trouvée d'ici là pour renflouer la trésorerie de l'entreprise, Manurhin pourrait passer sous pavillon étranger. Ou pire encore pourrait déposer le bilan comme l'a préconisé un représentant de l'Etat lors d'une rencontre avec le comité d'entreprise en février dernier. 

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