Mulhouse: des boîtes à pain installées pour éviter les dépôts sauvages et nourrir les animaux de la ferme

Mis en place début juillet grâce à une initiative citoyenne, quatre conteneurs permettent aux habitants de Mulhouse de déposer leur pain sec, évitant ainsi les dépôts sauvages. A l'autre bout de la chaîne, un agriculteur du Sundgau utilise ce trop-plein pour nourrir ses bêtes.

320 par seconde, soit dix milliards par an. C'est le nombre de baguettes fabriquées en France chaque année. Le pain, symbole par excellence de l'art de vivre à la française, termine tantôt sa course dans nos estomacs, tantôt... dans la rue. 

A Mulhouse, pour lutter contre les dépôts sauvages, une poignée d'habitants appartenant au conseil participatif Manufactures, a fait germer une petite graine dans la tête de la municipalité: installer des conteneurs à pain pour recycler ce dernier en permettant aux habitants de se défaire de leur trop-plein.

Ils ont coûté en tout 6.480 euros à la ville, presque une bouchée de pain pour la deuxième municipalité alsacienne en termes de population. Vous pouvez les retrouver au square Aigle-Cerf, au square des Malgré-Nous, rue Schwilgué et rue Théo Fischer, comme indiqué sur cette carte: 

En jetant du pain en ville, les gens veulent donner à manger aux animaux, sauf que cela attire surtout des nuisibles comme les rats

David Malas, à l'origine du projet des boîtes à pain

"Jeter du pain sec dans l'espace public, ce n'est un geste malveillant, estime David Malas, citoyen engagé dans le projet. Les gens veulent donner à manger aux animaux des villes, sauf que cela attire surtout des nuisibles comme les rats." 

Ces boîtes à pain, comme elles sont déjà surnommées, ont été mises en place le 3 juillet dernier, après trois ans d'une réflexion freinée par la crise sanitaire. Un mois et demi plus tard, les voilà déjà victimes de leur succès. A vrai dire, les choses vont même un peu vite.

Pleines tous les jours... un succès fulgurant

"Les conteneurs sont pleins en trois jours à peine, confie le Mulhousien. Il suffit de déposer le pain sur un bac à roulettes, sans aucun emballage, et le tour est joué. Deux agents de la ville collectent ensuite la marchandise", ajoute-t-il, heureux mais conscient qu'il va falloir se poser la question des débouchés.

Seul un agriculteur, niché à Heimersdorf dans le Sundgau, se fait pour l'heure livrer en pain sec. "De notre point de vue de citoyen, on ne s'imaginait pas, au départ, que les gens allaient adhérer aussi massivement, concède David Malas. Désormais, la ville doit nous accompagner pour trouver d'autres éleveurs potentiellement intéressés."

A l'autre bout de la chaîne, Christian Schnebelen, l'exploitant, est convaincu par le bien-fondé du projet. "J'aurais pu me trouver limiter si je me contentais de nourrir mes poules et mes lapins, mais j'incorpore aussi le pain sec pour fabriquer la ration des vaches, en plus du foin, de l'ensilage d'herbe et de maïs, de la farine d'orge, de la mélasse et des sels minéraux", détaille-t-il, alors que la méthode a déjà fait ses preuves en Bretagne

Du pain sec incorporé à la ration des vaches

  • Une fois cuit, l'amidon, le principal glucide présent dans la farine, ne présente plus de risque pour le ruminant qui peut en consommer sans répercussion sur ses articulations. "C'est un aliment digeste pour les bêtes et leurs intestins. Chaque vache peut manger jusqu'à 1,5 kilo de pain sec par jour. J'ai 70 vaches, je pourrais donc en utiliser100 kilos quotidiennement", ajoute Christian Schnebelen, sensible également à l'aspect environnemental de la démarche. 

Il insiste toutefois sur l'importance du tri. "Il faut du pain sec qui reste frais, pas du pain qui a commencé à moisir". Pour le moment, la qualité de l'aliment ne fait pas l'objet d'un contrôle préalable avant d'arriver à la ferme.

Autre écueil des boîtes à pain, certains professionnels, des boulangers notamment, ont été surpris en train de se débarrasser de leurs invendus. "Le service s'adresse uniquement aux particuliers", précise David Malas, qui lance un appel aux agriculteurs alsaciens intéressés par la valorisation d'un produit emblématique de la culture française.

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