Mulhouse : pistes cyclables provisoires, voilà le bilan après quatre mois d'expérimentation

Donner plus de place au vélo, c’est l’engagement de la ville de Mulhouse pris dans la foulée du déconfinement. Treize kilomètres de pistes cyclables provisoires ont été aménagés, en concertation avec des associations et les usagers invités à donner leur avis jusqu'au 30 septembre.

Favoriser les déplacements doux, comme le vélo, c'est la volonté affichée par Mulhouse depuis le déconfinement. A la fin du mois de mai, les Mulhousiens, et les cyclistes en particulier, ont vu quasiment du jour au lendemain des rues entières se faire relooker en jaune. Les pistes cyclables de déconfinement, signalées par des panneaux et des marquages jaunes au sol, ont surpris les usagers, tant au volant de leur voiture qu'au guidon de leur vélo. Treize kilomètres de ces voies réservées au vélo ont ainsi été aménagés dans la ville, sur des axes censés drainer un maximum de cyclistes.

Expérimentation, concertation

Mais l'aménagement de pistes cyclables n'est pas une science exacte, c'est pour cela que du mois de mai jusqu'à la fin septembre la Ville s'est engagée dans une phase expérimentale. "Après le 30 septembre nous allons travailler toutes les propositions en concertation avec des associations comme le CADRes", fait remarquer Claudine Boni Da Silva, adjointe aux mobilités. En attendant, les usagers sont invités à faire connaître leurs critiques et leurs propositions sur une plateforme du site internet de la municipalité. 

L'adjointe aux mobilités se félicite des nombreux retours recueillis sur la plateforme. Ils auraient permis à la Ville de rectifier le tir sur certains tronçons en les améliorant ou en les supprimant. Comme, par exemple, le point noir de la porte de Bâle où les cyclistes croisaient les piétons sur les trottoirs: "Les aménagements provisoires ont permis ici de rendre la piste sur site propre, ce qui a remporté un vif succès", assure Claudine Boni Da Silva. L'aménagement a donc vocation, ici, à être pérennisée. A l'inverse, sur d'autres tronçons les retours ont été négatifs. C'est le cas, notamment, pour le boulevard de la Marne, une rue très passante - plus de 3.000 véhicules jour - rendue entièrement à la circulation automobile afin d'éviter la formation de bouchons dans les rues parallèles.
 

En tout, trois kilomètres de pistes provisoires ont été supprimés. Pour la chargée des mobilités de Mulhouse, l'expérience reste malgré tout une réussite: "Sur les treize km aménagés seuls trois ont été démontés de façon prématurée parce qu’ils ne remplissaient pas l’ensemble des critères pour mettre à la fois en sécurité le cycliste sans perturber fortement la circulation automobile."

Les cyclistes ne sont pas convaincus

Côté cyclistes, passée l'euphorie des premiers jours où le vélo semblait avoir trouvé une pleine liberté, les avis sont nuancés. "A plusieurs reprises on se retrouve à devoir couper le chemin des voitures ou alors à devoir à être sur des emplacements pas forcément pratiques. Pour les vélos comme pour les voitures ce n’est pas spécialement bien réalisé", fait remarquer ce cycliste avenue du président Kennedy où les voitures sont censées devoir rester derrière les vélos. En tout cas, c'est sûr, le vélo "c'est l'avenir", affirme cette autre cycliste qui avoue ne pas se sentir toujours en sécurité sur certains aménagements provisoires mais qui en attend beaucoup. 

Changer les habitudes

Trouver un compromis entre vélos et voitures, c'est ménager la chèvre et le chou pour Marc Arnold, le président de l'association CADRes. Pour lui, il faut aller plus loin dans la volonté de réduire le trafic automobile: "On ne pourra faire des aménagements cyclables de qualité que seulement si on prend de la place sur les voitures".

C'est ce langage de vérité qu'il faut tenir, affirme le militant de la bicyclette en ville, sachant que 50% des déplacements en voiture font moins de 3 kilomètres en milieu urbain, "la voiture est mal utilisée trop souvent, il faut une communication très claire pour que les gens comprennent qu’il faut changer les habitudes". C'est justement pour ces raisons que Marc Arnold a établi des concertations régulières avec l'équipe municipale et qu'il a rencontré la nouvelle adjointe aux mobilités, Claudine Boni Da Silva.

Et après ?

Après l'échéance du 30 septembre, la ville ne va pas pour autant cesser son travail de concertation, affirme l'adjointe aux mobilités: "On travaille sur d'autres scénarios qui seront proposés aux habitants au premier trimestre 2021". L'objectif est d'atteindre les quinze kilomètres de pistes cyclables à Mulhouse à l'horizon 2026.
 
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